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Le NPD force un débat sur les femmes autochtones

OTTAWA – Le député néo-démocrate québécois Romeo Saganash a livré un vibrant plaidoyer à la Chambre des communes, vendredi, sur la nécessité de tenir une enquête nationale sur les meurtres et disparitions des femmes autochtones, en se rappelant son frère, mort à l’âge de cinq ans dans un pensionnat autochtone.

Le député d’Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou et porte-parole adjoint du NPD en matière d’affaires autochtones a prié le gouvernement conservateur de tenir une telle enquête après que le NPD eut réussi à faire adopter une motion pour débattre du sujet à la Chambre des communes.

«La violence perpétrée contre les femmes autochtones est la violence faite contre l’environnement aujourd’hui et la même violence qui a été faite contre nos parents et grands-parents dans les pensionnats autochtones», a-t-il déclaré.

«Il y a des causes systémiques à la violence contre les femmes et les filles autochtones au pays, et il faut les régler. Les structures et les attitudes qui permettent à cette violence de continuer doivent par conséquent être examinées.»

L’opposition officielle a profité de la faible présence des conservateurs aux Communes après la période des questions, vendredi, pour voter en faveur d’une motion liée à des audiences concernant la tenue d’une enquête.

Durant le débat, la conservatrice Susan Truppe a défendu la performance du gouvernement dans le dossier des meurtres et disparitions des femmes autochtones. La ministre de l’Environnement et députée du Nunavut, Leona Aglukkak, l’a imitée.

«Je suis moi-même une femme autochtone qui est allée dans un pensionnat, a-t-elle dit. Je suis venue dans cette Chambre pour aider les femmes autochtones.»

Les souvenirs de M. Saganash du deuil de sa mère après la mort de son frère ont toutefois donné lieu aux moments les plus touchants dans ce débat surprise.

«Il avait cinq ans. Il n’est jamais revenu. Apparemment, il est mort durant sa première année au pensionnat», a raconté M. Saganash.

Sa mère n’a jamais su où son fils avait été enterré. Quarante ans plus tard, sa soeur a trouvé l’endroit, l’a filmé et lui a montré les images.

«Le jour où elle a vu cette vidéo, je l’ai vue pleurer comme je ne l’avais jamais vue. C’est ce qu’on appelle tourner la page. (…) C’est ce dont les familles autochtones de ce pays ont besoin. C’est ce qu’elles veulent. C’est pour cela qu’elles réclament cette enquête nationale», a déclaré M. Saganash.

Le député d’origine crie s’est mérité une ovation de ses collègues lorsqu’il a rappelé à la Chambre que les femmes autochtones sont plus à risque d’être victimes de violence que les autres Canadiennes et affirmé qu’une enquête nationale était nécessaire pour découvrir les causes profondes de ces disparitions.

«Où est le Canada qu’on a connu, monsieur le président, celui qui avait la réputation de maintenir de hauts standards pour les droits de la personne et les valeurs socio-démocratiques dans ce pays?», s’est-il interrogé.

Au sein des communautés autochtones et de l’opposition, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger la tenue d’une enquête nationale.

Un rapport de la GRC daté du mois de mai révèle que les femmes autochtones sont plus à risque de subir un décès violent que les Canadiennes non autochtones.

Le plus récent budget fédéral a octroyé 25 millions $ sur cinq ans à la question des crimes contre les femmes et les filles des Premières Nations.

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