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Doug Ford, comme son frère, ignore les francophones

À l’image de son frère, le candidat à la mairie de Toronto, Doug Ford semble bien peu se soucier du sort des francophones de la plus grande ville du pays.

Celui qui souhaite perpétuer la dynastie des Ford à la tête de Toronto a boudé l’exercice initié par l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto), qui voulait connaître la sensibilité des candidats à la mairie aux enjeux francophones.

Contrairement à huit autres candidats à la mairie et 35 conseillers, Doug Ford a refusé de répondre au questionnaire envoyé par l’organisation.

Sous la gouverne de Rob Ford, les francophones de la Ville reine ont vu disparaître le comité français, qui conseillait la ville sur les services qu’elle offre aux francophones. Doug Ford siègait alors au comité exécutif au côté de son frère. Les frères Ford ont aussi ignoré pendant tout leur mandat le projet de la communauté de mettre sur pied une maison de la francophonie.

La candidate à la mairie, Olivia Chow, veuve de Jack Layton, fait quant à elle figure de bonne élève. L’ACFO lui a accordé un A+, soit la meilleure note de tous ceux qui se portent candidat pour le poste de maire et qui ont participé à l’exercice. Elle a notamment promis d’engager un adjoint qui sait parler français, elle favorise la traduction de davantage de documents municipaux en français et souhaite même que Toronto participe au financement de la maison de la francophonie.

John Tory, le candidat qui mène la course dans les sondages, a quant à lui ignoré les nombreux messages et appels téléphoniques de l’ACFO-Toronto. La déception est manifeste chez le chercheur de l’Université York, Alexandre Brassard, qui a mené la consultation pour l’organisation.

«C’est un candidat crédible et sérieux, mais il a refusé de répondre. Ça fait de lui une énigme, on ne sait pas où il se positionne sur les questions francophones. Ça pose aussi un dilemme. Les francophones doivent-ils appuyer Mme Chow, qui est 3e dans les sondages, mais qui est aussi la candidate la plus francophile? Ou doivent-ils donner un chèque en blanc à M. Tory?», a affirmé M. Brassard, en marge du dévoilement des résultats de cette consultation.

Il affirme que pour une communauté minoritaire, comme celle des franco-torontois, c’est un choix risqué, car les francophones ne veulent pas «se mettre à dos» le possible futur maire.

L’importance d’un allié à la mairie pour les francophones

L’ACFO-Toronto espère que le scrutin municipal du 27 octobre sera une occasion pour les francophones de la plus grande ville du pays de briller à nouveau. Alexandre Brasssard soutient qu’il est essentiel pour la communauté d’avoir un allié à la tête de la Ville reine.

«La communauté francophone de Toronto est la seule minorité hors-Québec qui connait un essort démographique. Cela s’accompagne de plusieurs défis. On a notament besoin d’aide pour intégrer les immigrants et des documents en français à l’hôtel de ville. On peut justifier les services en français par l’histoire des peuples fondateurs, mais il y a aussi une réalité sur le terrain, soit bon nombre de francophones qui ont besoin de services», a-t-il insisté.

Toronto compte 60 000 francophones et 1,2 millions de francophiles. Le chercheur affirme que plus que jamais, les franco-torontois peuvent avoir un impact sur le résultat du vote.

«C’est une lutte serrée et les francophones de Toronto détiennent 5 pour cent du vote. Cette marge pourrait faire la différence pour un candidat ou un autre. Si les francophones votaient en bloc, ils détiendraient les clés de l’hôtel de ville», tranche le chercheur de l’Université York,

L’ACFO-Toronto a décidé de ne pas endosser un candidat, ni de donner une consigne de vote aux francophones de la Ville reine. «Le français n’est évidemment pas le seul enjeu lors de la campagne municipale à Toronto, mais nous outillons les électeurs qui veulent tenir compte des enjeux francophones», a-t-elle fait savoir sur son site internet.

Le dernier sondage publié lundi soir par la firme Forum Research laisse entrevoir une course serrée dans le dernier droit de la course. Doug Ford, qui a remplacé in-extrémis son frère, obtiendrait 37 pour cent des intentions de vote des Torontois. Il est devancé par John Tory, qui se situe à 39 pour cent. Olivia Chow obtient, quant à elle, 22 pour cent des intentions de vote.

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