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Justin Trudeau dévoile son enfance dans son livre

Photo: The Canadian Press

OTTAWA – Le chef libéral Justin Trudeau témoigne d’une enfance difficile, marquée par la maladie de sa mère, dans son autobiographie qui paraîtra lundi.

Dans «Terrain d’entente», M. Trudeau raconte qu’il était un enfant insécure, traumatisé par la séparation médiatisée de ses parents et la maladie mentale de sa mère. Il se décrit aussi comme un étudiant indifférent qui a lutté pour trouver sa propre voie dans l’ombre de son père, l’ancien premier ministre Pierre Elliot Trudeau.

La publication de l’autobiographie, dont les profits seront remis à la Croix-Rouge, à un an des élections fédérales n’est pas un hasard. Elle dévoile des détails d’une franchise étonnante sur les expériences de vie importantes qui ont formé l’homme, maintenant âgé de 42 ans, qui aspire à diriger le Canada.

Aîné de trois fils, Justin Trudeau garde de bons souvenirs de son enfance privilégiée au 24, Sussex. Mais il se souvient aussi de moments douloureux au moment de la séparation de ses parents lorsqu’il avait huit ans: lorsqu’il se réfugiait dans ses bandes dessinées «Archie» pour oublier les disputes de ses parents, le déménagement de sa mère, les manchettes des journaux sur la séparation et la nouvelle vie de sa mère, Margaret.

Au-delà de l’image véhiculée d’une union imparfaite entre un homme distant et une femme exubérante, la séparation de ses parents résultait aussi de la bipolarité de sa mère. La vie publique lui était difficile, voire intolérable, et a joué un grand rôle dans cette séparation.

La vérité, écrit M. Trudeau, c’est que sa mère était très malade et que le tabou de la maladie mentale était encore présent dans ce temps, même parmi sa famille et ses amis.

Ce tabou persiste, croit-il, et est délibérément utilisé par ses adversaires politiques lorsqu’ils affirment qu’il est davantage le fils de sa mère que de son père.

Avec candeur, il raconte que la santé de sa mère s’est détériorée après son départ, jusqu’à un point où il a senti qu’il devait s’occuper d’elle, et non elle de lui. Il se souvient, par exemple, d’un jour où sa mère l’a fait sortir de classe pour lui dire, en pleurs, que son petit ami l’avait laissée. Il a tenté de la consoler en lui disant que tout irait bien. Il avait 11 ans.

Après la retraite politique de son père en 1984, les Trudeau ont déménagé à Montréal où Justin a fréquenté le collège Jean-de-Brébeuf, où son père, un homme discipliné et quasi «monastique» avait excellé.

Des élèves lui apprenaient les ragots sur ses parents. Un jour, un étudiant lui a remis une photo célèbre de sa mère qui avait paru dans un magazine pour adultes — probablement cette photo sur laquelle la pose de Margaret laisse voir qu’elle ne porte pas de sous-vêtements. Il n’avait jamais vu la photo avant, mais il n’en a rien laissé paraître, pour ne pas devenir la cible de toute l’école secondaire.

À Brébeuf, dit-il, il a appris à ne pas réagir émotivement, comme s’y attendent les gens qui l’attaquent personnellement — une capacité qui allait lui servir souvent dans sa carrière.

Une carrière, justement, qu’il tente d’orienter positivement. Pour cela, il remercie sa femme, Sophie Grégoire, qui le garde résolument sur cette voie et lui signale rapidement s’il s’approche un tant soit peu d’un style politique négatif. Elle l’a déjà averti clairement qu’elle ne laisserait pas les petites querelles et frictions politiques empoisonner sa personnalité.

Leur mariage n’est pas parfait, mais sa femme reste sa meilleure amie. «Nous sommes honnêtes l’un envers l’autre, même quand ça fait mal», écrit-il.

Alors que le chef libéral fait tourner les têtes aujourd’hui, il raconte qu’il était terrifié par les filles, à l’école secondaire. Il en est venu à adopter un style pour se distinguer, il portait des bretelles vert fluo avec des jeans et des cravates à motif de flamants roses. Il a toutefois développé un problème sévère d’acné qui a miné ses efforts pour se désinhiber.

Justin Trudeau admet avoir été un étudiant moyen, à la grande déception de son père. Lorsqu’il a «presque délibérément» échoué un cours nécessaire pour passer directement du cégep à la faculté de droit de l’Université McGill, il a alors réalisé qu’il tentait inconsciemment de passer un message: qu’il n’était pas comme son père, qu’il ne serait jamais l’étudiant que son père avait été.

Il a plutôt obtenu deux diplômes universitaires, en littérature et en enseignement. Il est déménagé en Colombie-Britannique, où il a été portier, instructeur de planche à neige et enseignant.

Il s’est tenu à distance de la politique durant des années, pour ne pas gâcher les efforts qu’il avait faits pour se distinguer en évitant une carrière qui lui garantirait d’être comparé à son père toute sa vie. Mais durant la course à la chefferie de 2006, durant laquelle il a appuyé le candidat Gerard Kennedy, Justin Trudeau s’est découvert une habileté pour un certain aspect du métier, celui de l’image: accueillir, encourager, se faire photographier — l’aspect même que son père avait évité toute sa vie et dans lequel son grand-père maternel, James Sinclair, avait excellé.

C’est ce qui l’a convaincu de faire le grand saut en politique. Il n’était pas le fils de son père, mais le petit-fils de Jimmy Sinclair.

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