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Ottawa: de nouveaux pouvoirs pour les autorités

OTTAWA – Au lendemain de la fusillade qui a bouleversé la capitale fédérale, le premier ministre Stephen Harper a réitéré que le dépôt d’un projet de loi visant à renforcer les pouvoirs du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) était imminent.

Les pouvoirs de «surveillance, de détention et d’arrestation» de l’agence «ont besoin d’être vraiment renforcés» et «le travail — qui est déjà commencé — (en ce sens) sera accéléré», a assuré M. Harper en Chambre jeudi matin.

Le gouvernement s’apprête à déposer incessamment un projet de loi pour «clarifier» ces pouvoirs afin de permettre aux Canadiens de «dormir tranquille la nuit», a spécifié un peu plus tard le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney.

«Ce dont on a besoin, c’est de donner des outils nécessaires à nos agences d’application de la loi pour que les accusations se transforment en sentences», a-t-il déclaré lors de la période des questions.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a confirmé jeudi que le tireur qui a fait irruption mercredi matin dans l’édifice du Centre après avoir assassiné un soldat s’était «radicalisé» et qu’il souhaitait se rendre en Syrie pour combattre aux côtés des djihadistes.

Il n’était cependant pas dans la mire des autorités, a précisé le commissaire de la police fédérale, Bob Paulson, en conférence de presse.

Rappelant qu’il existe déjà des dispositions législatives pour intervenir auprès des individus qui pourraient représenter une menace à la sécurité nationale, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a souligné qu’il y aurait des «questions difficiles à se poser» sur leur efficacité au cours des prochains jours.

Il faudra se pencher là-dessus «avant d’aller trop loin en ajoutant des pouvoirs additionnels», a-t-il prévenu.

De son côté, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de sécurité publique, Randall Garrison, attend de voir ce que le ministre Blaney mettra sur la table et dit espérer qu’il ne s’agira pas, en quelque sorte, d’une coquille vide.

Car le gouvernement a pris l’habitude «de dire qu’on va se fier sur les lois au lieu d’offrir (aux autorités) les outils dont elles ont besoin» — non pas des outils législatifs, mais bien «des ressources pour véritablement s’attaquer au phénomène» auquel le pays est confronté, a-t-il dit.

Le «héros» de la colline

La Chambre des communes a repris ses activités en suivant le calendrier normal des travaux, au lendemain de la tragédie, et c’est sous une salve d’applaudissements que les députés ont accueilli leur sergent d’armes Kevin Vickers, celui qui a neutralisé le tireur qui a fait irruption dans l’édifice.

L’heure n’était pas à la partisanerie, et les banquettes habituellement clairsemées des séances matinales étaient presque remplies. Les députés se sont tous levés d’un bond lorsque M. Vickers a fait son apparition en Chambre avec son emblématique masse dorée.

Le sergent d’armes est demeuré sobre, mais a semblé ému pendant la longue et bruyante ovation que lui ont réservée les élus, qui a d’ailleurs été suivie de plusieurs autres salves d’applaudissements au fur et à mesure que les chefs de parti lui rendaient hommage.

Après que les députés eurent entonné en choeur le «O Canada» et observé une minute de silence en hommage au caporal Nathan Cirillo, ce soldat qui est tombé sous les balles du tireur fou au Monument commémoratif de guerre du Canada, le premier ministre Stephen Harper a pris la parole.

Il a exprimé la gratitude du gouvernement envers les policiers et les services de sécurité et pour rappeler que le Canada ne serait pas intimidé par l’attentat.

«Nous ne serons pas intimidés. Nous serons vigilants, mais nous ne nous sauverons pas sous la peur. Nous serons prudents, mais nous ne céderons pas à la panique. Nous voici, dans nos sièges, dans notre Chambre en plein coeur de la démocratie canadienne et le travail continue», a-t-il ajouté.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, s’est levé à plusieurs reprises pour applaudir les déclarations de M. Harper, qui a improvisé son discours par moments, et il a essentiellement abondé dans le même sens que lui sur cette question.

«Le geste lâche d’hier (mercredi) visait à ébranler cette formidable ville d’Ottawa et le pays entier, mais il a seulement renforcé notre détermination», a-t-il lancé.

De son côté, le chef libéral Justin Trudeau a fait valoir qu’il était «approprié que nous soyons immédiatement venus ensemble ici, dans cet endroit, pour faire savoir au monde que les valeurs canadiennes sont solides, que nos institutions sont résilientes et que notre population est unie».

Les discours des trois principaux chefs de parti se sont conclus avec le même spectacle inusité. Tour à tour, après leur allocution, ils ont traversé la Chambre des communes pour se faire l’accolade et se serrer la main avant de se diriger vers Kevin Vickers pour le remercier chaleureusement.

Le nouveau héros s’est dit «très touché» par l’attention qu’on lui a accordée dans la foulée des événements de mercredi matin, mais il a tenu à partager les honneurs avec les membres de son équipe.

«Je bénéficie du soutien d’une équipe de sécurité remarquable qui est déterminée à assurer la sécurité des députés, des employés et des visiteurs sur la colline», a-t-il déclaré par voie de communiqué.

«Hier, lors de circonstances extraordinaires, le personnel de sécurité a fait preuve de professionnalisme et de courage. Je suis reconnaissant et fier de faire partie de cette équipe», a ajouté M. Vickers dans la même déclaration.

Hommages au caporal Cirillo

En début de journée, le premier ministre Harper et son épouse Laureen sont allés déposer une gerbe de fleurs au Monument commémoratif de guerre du Canada, là où le caporal Nathan Cirillo, un réserviste de Hamilton, a été tué, mercredi matin.

Les deux autres chefs ont également fait un arrêt à cet endroit, qui est situé à un jet de pierre de l’édifice du Centre.

Lorsque M. Harper est arrivé sur les lieux, les policiers sont intervenus pour arrêter un homme. Plus tard, les policiers ont précisé qu’il avait tenté de pénétrer sur une scène de crime, en référence à l’endroit où le militaire a été tué.

Un livre du souvenir a été mis à la disposition des résidants d’Ottawa qui souhaitent rendre hommage au caporal Cirillo.

Il sera possible de signer le livre dès 11 h, jeudi, à la Place-Jean-Pigott de l’hôtel de ville, et ce, jusqu’à nouvel ordre, a annoncé la municipalité d’Ottawa.

De plus, l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada dédiera son concert de jeudi soir au Usher Hall d’Édimbourg à la mémoire du caporal Cirillo. Au début du concert, les membres de l’auditoire seront invités à observer une minute de silence en guise de respect pour le jeune soldat et père de famille tué.

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