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Éloge du journalisme d’enquête

Photo: Yves Provencher/Métro

«On n’est pas des héros», assurent Alain Gravel et Marie-Maude Denis dès la première question de Métro au sujet du nouveau livre intitulé «Dans les coulisses d’Enquête».

Les deux journalistes de Radio-Canada sont pourtant les personnages principaux de ce récit captivant, en librairie dès mercredi, qui se lit comme un roman policier. C’est leur travail des six dernières années pour démasquer les acteurs de la corruption et de la collusion au Québec qui y est relaté par les auteurs Pierre Cayouette et Marc-André Sabourin.

«Ça permet de voir comment une enquête journalistique se construit pas à pas, petit scoop après petit scoop», souligne M. Gravel.

Le livre fait l’éloge du journalisme d’enquête, qui était peu pratiqué il y a six ans à peine, avant la création de l’émission. «Avec Enquête, on a assisté à la naissance du journalisme d’enquête de façon structurée et sur une longue durée», estime M. Gravel.

Pour Pierre Cayouette, il était important de faire le récit d’un «grand moment dans l’histoire du journalisme québécois». «Il y a peu d’exemples d’enquêtes qui ont donné à ce point des résultats et qui ont changé le cours des choses. Sans leur travail, il n’y aurait pas eu la commission Charbonneau», a louangé M. Cayouette.

Collusion dans le milieu de la construction, dépenses exorbitantes à la Fédération des travailleurs du Québec, utilisation de prête-noms dans le financement de partis politiques: ce ne sont là que quelques-unes des révélations qui ont, selon M. Gravel, stimulées les enquêtes policières. «On a ensuite vu des maires et des hommes d’affaires importants sortir de chez eux menottes au poing», s’est exclamé le journaliste.

«Il n’y a pas moyen de faire du journalisme d’enquête sérieux sans y mettre les moyens.» -La journaliste Marie-Maude Denis

 

Selon Marie-Maude Denis, les révélations de son émission ont eu un effet d’entraînement sur les autres médias, qui ont presque tous renforcés leurs effectifs d’enquête et dévoilé eux aussi des histoires d’intérêt public.

Malgré ce succès, le premier directeur – information télévision aux Services français de Radio-Canada, Jean Pelletier, affirme que le journalisme d’enquête demeure fragile. Pour que les faits présentés aux citoyens soient avérés et que l’émission garde sa crédibilité, toute l’information recueillie doit être vérifiée et contre-vérifiée de façon rigoureuse. Cela implique beaucoup de ressources. Cela implique d’accorder beaucoup de temps aux journalistes pour creuser des pistes qui peuvent s’avérer être des cul-de-sac.

Avec ce type de travail, il est aussi nécessaire de pouvoir se défendre devant les tribunaux face à des poursuites, qui sont les nouvelles armes d’intimidation.

Mais les temps sont durs. Enquête a par exemple subi la compression de quatre postes en avril dernier.

Pour toutes ces raisons, Mme Denis croit que d’autres médias ne peuvent tout simplement pas se permettre de faire le même type d’enquêtes.

«Combien de fois on va se battre devant les tribunaux pour faire lever un interdit de publication ou un mandat de perquisition? se demande Mme Denis. Chaque fois que Radio-Canada investit des ressources pour défendre la liberté de presse, elle rend un service à tous les Canadiens.»

ACTU - livre_Enquête

 

Dans les coulisses d’Enquête
Les éditions Québec Amérique
En librairie dès mercredi

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