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Énergie Est: un rapport critique TransCanada

MONTRÉAL – Des groupes écologistes reprochent à TransCanada d’exagérer la capacité de son oléoduc Énergie Est à réduire la dépendance des provinces de l’Est — dont le Québec — à l’endroit des importations pétrolières d’outre-mer.

Dans un rapport dévoilé mercredi, Greenpeace et Environmental Defense réfutent les arguments de la société albertaine et avancent que son projet de 12 milliards $ — qui sera déposé jeudi devant l’Office national de l’énergie — vise essentiellement l’exportation de pétrole raffiné.

Le document souligne que TransCanada (TSX:TRP) a vanté Énergie Est en affirmant que les raffineries de l’Est du Canada importaient 86 pour cent de leurs besoins quotidiens, principalement en provenance de l’Arabie saoudite, l’Algérie et le Nigeria.

En analysant des données de Statistique Canada, les groupes écologistes estiment que ces trois pays ne représentent que 14 pour cent des importations de brut dans l’Est du Canada pour les huit premiers mois de l’année.

De plus, le Venezuela n’a rien exporté au Canada au cours de cette période.

D’après le rapport, plus de la moitié du brut importé au Québec et au Nouveau-Brunswick — les deux seules provinces dont les raffineries sont concernées par Énergie Est — provenait des États-Unis entre janvier et août.

«La hausse de production de pétrole de schiste en provenance des États-Unis représente une nouvelle offre, accessible, peu coûteuse et attirante pour les raffineries canadiennes», est-il écrit.

Le rapport avance également que les exportations américaines vers le Canada ont atteint 400 000 barils par jour et que cette tendance devrait croître au cours des prochaines années.

De janvier à août, selon Statistique Canada, 11,4 pour cent des importations québécoises de pétrole provenaient de l’Algérie, qui figure notamment devant le Nigeria, la Norvège, l’Angola, le Mexique, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Royaume-Uni.

De son côté, le Nouveau-Brunswick importe 22 pour cent de son pétrole en provenance de l’Arabie saoudite. L’Égypte, la Norvège, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Royaume-Uni figurent également sur la liste.

«TransCanada ne veut pas dire que son oléoduc ne servira à rien pour diminuer l’importation au pays, au Québec, et qu’il ne servira qu’à l’exportation, affirme le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. Énergie Est ne sera avantageux qu’aux pétrolières.»

Le projet Énergie Est vise à acheminer quotidiennement environ un million de barils de pétrole des sables bitumineux albertains à travers un oléoduc de quelque 4600 kilomètres vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

L’entreprise estime que le Québec pourrait toucher des recettes fiscales de plus de 2 milliards $ en combinant la phase de conception et de construction ainsi que celle d’exploitation.

Le rapport des groupes écologistes souligne aussi que le projet de TransCanada a été conçu pour acheminer du brut vers seulement deux raffineries au Québec (Suncor et Valero) et une au Nouveau-Brunswick (Irving) et qu’il est peu probable que ces installations aient recours à ce pétrole.

Il souligne notamment que la raffinerie montréalaise de Suncor prévoit recevoir quotidiennement près de 130 000 barils une fois l’inversion de la Ligne 9B d’Enbridge complétée et que sa capacité actuelle est de quelque 137 000 barils par jour.

«Avec l’inversion de la Ligne 9B, il va y avoir encore plus de pétrole en provenance et l’Ouest et ce qui provient d’outre-mer risque de disparaître, explique M. Bonin. Il n’y aura presque pas de pétrole à remplacer.»

Les groupes écologistes estiment que plus de 90 pour cent du brut transporté par l’oléoduc Énergie Est sera acheminé vers des pétroliers à des fins d’exportation, ce qui ne devrait pas créer un grand nombre d’emplois permanents.

Selon le rapport, le projet Énergie Est générerait à peine 200 emplois directs à long terme au Québec.

Greenpeace et Environmental Defense redoutent aussi une augmentation des superpétroliers sur la voie maritime du Saint-Laurent et dans la Baie de Fundy, ce qui menacerait encore plus les communautés riveraines des provinces de l’est du pays.

TransCanada a répliqué en contestant par courriel les données des groupes écologistes. L’entreprise a réitéré que les provinces de l’Est du Canada demeuraient dépendantes des importations de pétrole brut d’outre-mer.

«Bien que l’approvisionnement en provenance des États-Unis soit en croissance, la plupart des importations de pétrole du Canada proviennent de pays membres du cartel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole», fait-elle valoir.

TransCanada a dans le passé vanté les conclusions d’une étude réalisée par Deloitte à l’effet qu’Énergie Est ferait grimper le produit intérieur brut canadien de 35 milliards $ sur 20 ans en plus de créer et supporter 10 000 emplois dans le secteur pétrolier de l’est du pays.

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