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Acte «terroriste»: Mulcair se montre prudent

OTTAWA – Quoi qu’en disent le secrétaire d’État américain, John Kerry, et le gouvernement Harper, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair refuse toujours de qualifier d’acte terroriste la fusillade survenue à Ottawa il y a une semaine.

C’est sans hésitation et de façon très catégorique que M. Mulcair a répondu «non» lorsque la question lui a été posée à la sortie du caucus de son parti, mercredi.

À ses yeux, il est encore prématuré de tirer cette conclusion, et ce, même si la GRC a affirmé dimanche que l’assassin du caporal Nathan Cirillo était animé par des motifs «idéologiques» et «politiques» et qu’il s’agissait, par conséquent, d’un acte terroriste.

«On voit évidemment (que le tireur a posé) un acte criminel, on voit quelque chose qui avait pour objectif de provoquer le type de réaction que nous avons eue», a exposé le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Mais de là à parler de «terrorisme», il y a un pas important que Thomas Mulcair n’est pas prêt à franchir. Il ne croit ainsi pas avoir affaire à un cas de terrorisme au sens propre du terme.

«Vous ne m’avez jamais entendu utiliser le mot (terrorisme), parce que pour nous (les députés du NPD), ça ne correspond pas à ça», a-t-il fait remarquer.

Mais qu’en est-il de cette vidéo dans laquelle le tireur détaille ses motifs idéologiques et politiques et que la GRC dit avoir visionnée?

«Moi, je n’ai pas vu la vidéo, si vous l’avez vue, vous pouvez avoir une opinion. Moi, je ne l’ai jamais vue», a insisté le chef néo-démocrate.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a tenu ces propos en point de presse dans le hall d’honneur de l’édifice du Centre, devant la porte de la salle du caucus néo-démocrate, qui a été trouée d’une balle mercredi dernier.

Mardi, alors qu’il était en visite officielle à Ottawa, le secrétaire d’État John Kerry a déclaré sans ambages que l’attaque de la semaine dernière était un acte terroriste, abondant dans le même sens que son hôte, John Baird, et du gouvernement de ce dernier.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a confirmé mercredi qu’il logeait à la même enseigne que les conservateurs à ce chapitre, disant faire confiance à l’analyse des forces policières.

«La GRC a été claire: il s’agissait d’actes terroristes. Il s’agissait d’actes terroristes», a-t-il tranché en point de presse en début d’après-midi dans le foyer de la Chambre des communes.

Le gouvernement n’avait pas tardé à afficher ses couleurs dans la foulée de cette tragédie. Quelques heures à peine après le drame, dans son adresse à la nation télévisée, le premier ministre Stephen Harper a qualifié le tireur, Michael Zehaf Bibeau, de «terroriste».

Jusqu’à présent, plusieurs députés conservateurs semblent partager cette lecture.

«Je n’ai aucun problème à employer ce terme», a tranché la ministre des Transports, Lisa Raitt, mercredi, à l’issue de la rencontre hebdomadaire de sa formation politique.

Son collègue aux Finances, Joe Oliver, s’est montré plus nuancé, disant «penser» qu’il s’agissait d’«un acte terroriste».

Au Canada, le Code criminel définit le terrorisme comme un acte commis «au nom — exclusivement ou non — d’un but, d’un objectif ou d’une cause de nature politique, religieuse ou idéologique» en vue d’intimider la population «quant à sa sécurité (…) ou de contraindre une personne, un gouvernement ou une organisation nationale ou internationale à accomplir un acte ou à s’en abstenir».

Deux fusillades parlementaires

Aussi improbable que cela puisse paraître, le sénateur conservateur Ghislain Maltais n’en était pas à sa première fusillade dans une enceinte parlementaire, le 22 octobre dernier.

Il était député libéral lorsque, en mai 1984, le caporal Denis Lortie a fait irruption dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale du Québec.

«C’est sûr que le lendemain (d’un tel événement), on se sent un peu abasourdi, et je pense que ce qu’il faut tirer comme leçon là-dedans, c’est que le Canada est un grand pays et on ne réussira pas à le déstabiliser par des actions comme ça», a-t-il déclaré.

Il a préféré ne pas s’avancer lorsqu’on lui a demandé en quoi les actes posés par le caporal Lortie et ceux commis par Michael Zehaf Bibeau constituaient — ou pas — du terrorisme.

«Moi je ne suis pas en mesure de juger si c’est un acte terroriste ou pas parce que je ne suis pas ministre de la Sécurité publique, ni ministre de la Justice», a-t-il fait valoir.

«Mais je pense que c’est des actes qui ne doivent jamais se produire dans un pays démocratique», a poursuivi M. Maltais avant d’entrer dans la salle du caucus conservateur.

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