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Le père de Magnotta témoigne pour «aider son fils»

MONTRÉAL – Le père de Luka Rocco Magnotta a livré son témoignage vendredi, révélant qu’il avait suggéré à son fils il y a plus de dix ans d’aller consulter un psychiatre parce qu’il était inquiet de son état de santé mentale.

L’homme de 50 ans, qui souffre lui-même de schizophrénie paranoïde, a soutenu que son garçon avait été un enfant «très perturbé», sans amis, isolé, et il a laissé entendre que la famille de sa mère l’avait maltraité.

Le père dit avoir référé son fils à son psychiatre dès sa jeune vingtaine, ayant repéré des traits inquiétants chez lui.

«Selon moi, il avait des problèmes qui nécessitaient de l’aide (psychologique)», a-t-il précisé.

Témoignant pour la défense, le père de Magnotta, qu’on ne peut identifier, a par ailleurs décrit son fils comme quelqu’un qui aime les animaux, et qui s’était notamment beaucoup attaché à un chien nommé «Duke», croisement d’un husky et d’un berger allemand.

Le témoin a raconté aux jurés que Magnotta est l’aîné de trois enfants, et que la famille du côté de sa mère s’était particulièrement acharnée sur lui et son frère. Selon lui, cette éducation a produit deux garçons «très perturbés» — qui le sont encore aujourd’hui.

Magnotta a reçu un enseignement à domicile jusqu’en 6e ou 7e année, sans interaction avec l’extérieur, et sa mère, très envahissante, s’est très mal acquittée de cette tâche, a estimé le père.

Lorsque Magnotta a finalement fréquenté l’école, il a subi les mauvais traitements de ses camarades, a affirmé le père, qui témoignait «pour aider son fils», a-t-il dit.

Le témoin a en outre ajouté avoir été éloigné de son fils pendant cinq à dix ans. Magnotta était à l’époque plus près de sa famille maternelle, qui détestait son père.

Il a nié que cet éloignement pourrait avoir été causé par une présumée liaison qu’aurait entretenu Magnotta avec sa femme, comme l’a suggéré le procureur de la Couronne, Luc Bouthillier.

Magnotta, âgé de 32 ans, est notamment accusé de meurtre prémédité et d’outrage à un cadavre en lien avec la mort et le démembrement de Jun Lin en mai 2012, dans son petit meublé du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal. Il a admis les gestes qui lui sont reprochés mais il a plaidé non coupable, et son avocat plaidera l’aliénation mentale.

Le père a appelé Magnotta par son prénom à la naissance, «Eric», durant tout son témoignage. Il a d’ailleurs raconté que deux autres prénoms donnés à Magnotta à sa naissance, Clinton et Kirk, faisaient référence à deux acteurs qui ont joué des durs à cuire au cinéma, Clint Eastwood et Kirk Douglas.

Magnotta a changé de nom il y a environ dix ans, une décision qui a offusqué son père.

«Je n’ai pas compris pourquoi il a fait ça», a-t-il affirmé.

La dernière fois que le témoin a vu Magnotta avant son arrestation, il lui avait dit qu’il vivait en Russie avec sa femme.

Le témoin dit avoir parlé plusieurs fois avec son fils depuis son arrestation, mais ils n’ont jamais abordé le sujet de son présumé crime.

«Je sais qu’il ne l’a pas fait. C’est ce que je sens», a-t-il déclaré.

Le témoin a confié que ses propres problèmes de santé mentale sont apparus au milieu des années 1990 lorsque le couple s’est séparé. Il a constaté par la suite l’ampleur de ses problèmes lorsqu’il a arrêté de boire. «J’entendais des voix, j’avais des idées suicidaires, j’étais en colère», a-t-il raconté.

Le quinquagénaire doit prendre 29 médicaments par jour, dont des antidépresseurs et des antipsychotiques, qui lui permettent de mener une vie normale, selon lui.

L’épais dossier médical du témoin, comptant 1700 pages, a été déposé en preuve par l’avocat de Magnotta, Luc Leclair.

Plus tôt en matinée, vendredi, la Couronne avait clos la présentation de sa preuve. Me Louis Bouthillier aura fait entendre au cours de 19 jours d’audiences 48 témoignages, dont certains enregistrés l’été dernier en France et en Allemagne, où Magnotta avait séjourné tout de suite après le meurtre.

Le procès reprendra lundi prochain.

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