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Grève étudiante: quand les voix dissidentes se font entendre

Si les réseaux sociaux ont facilité la mobilisation des carrés rouges, ils ont aussi permis aux étudiants contre la grève de se faire entendre. Retour sur les carrés verts, à l’ère du web 2.0.

Dès le début de la grève, le mouvement des étudiants socialement responsable (MESRQ) est apparu. Les associations étudiantes ont été les premières surprises alors qu’elles avaient voté des mandats de grève avec de fortes majorités. «Les médias sociaux ont permis à différents groupes de se créer et de se donner une légitimité et ça, ça n’existait pas en 2005», souligne Martine Desjardins, présidente de Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

Marc-Antoine Morin co-fondateur du MESRQ ne nie pas que Facebook a joué un rôle «crucial» dans le développement du mouvement dans la mesure où il ne disposait pas des moyens financiers des grandes associations étudiantes. Mais selon lui, le mouvement ne prétend pas avoir une statut semblable aux associations étudiantes. Il souhaitait d’abord faire entendre ses opinions. «On trouvait qu’il manquait un débat d’idées plus rigoureux que des slogans sur de belles pancartes», dit-il.

La FEUQ reconnaît d’ailleurs que la présence des carrés verts a du bon. «Ça nous demande beaucoup plus de travail pour faire passer le message. Ça nous pousse à nous dépasser continuellement. Et ça nous sert bien jusqu’à présent», indique Mme Desjardins.

Mais selon M. Nadeau-Dubois, le MESRQ a plutôt déplacé le débat. «On s’est embourbé dans un débat sur les assemblées générales et sur notre légitimité au lieu de parler de la hausse», explique-t-il.

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Plus que l’apparition d’un groupe d’étudiants pour la hausse sur Facebook, les associations s’étonnent surtout de l’importance que leur accordent les médias. «On a quand même 125 000 membres et une structure et de voir qu’un groupe Facebook a une telle exposition, ça donne l’impression qu’il y a un grosse opposition alors que ce n’est pas le cas», indique Mme Desjardins.

«La hausse est une mesure du gouvernement et c’est à eux de la défendre. Pendant plusieurs semaines, ils ont laissé faire le travail par le club école au lieu de défendre leur décision», ajoute Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

La ministre s’est en effet tenue loin des médias avant son apparition à l’émission Tout le monde en parle le 18 mars. Au Journal Métro, la ministre a accordé une seule entrevue, le 4 avril dernier, malgré des demandes chaque semaine. L’entrevue a duré huit minutes avec pour consigne d’éviter certains sujets.

Jean-François Trudelle, l’autre cofondateur du MESRQ, a d’ailleurs quitté le mouvement, le 13 mars, refusant de faire «le sale travail de communication» du gouvernement. «C’est sa hausse. C’est à elle [la ministre Beauchamp] de la défendre, pas aux étudiants», écrivait-il sur son blogue.

M. Trudelle s’est également dissocié du MESRQ après quelques dérives de certains membres qui s’en sont pris sur la toile aux «artistes subventionnés» du Gala des Jutra. Car si Facebook permet de faire circuler les opinions des étudiants, il en est de même pour les insultes, l’intimidation et autres dérapages. «Je suis déçu de la tournure que ça pris, c’est vraiment tribal, « les rouges contre les verts », indique M. Morin. J’espérais avoir un vrai débat de fond pour une fois. Mais on ne parle même plus de la hausse.»

Les étudiants de toutes allégeances s’entendent au moins sur le fait que si Facebook permet aux gens de se regrouper, il est encore loin d’être le meilleur lieu pour débattre sainement d’enjeux de société.

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