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Jour de la Terre: Harper et Charest critiqués

MONTRÉAL – Les oreilles des conservateurs fédéraux et des libéraux du Québec, dont les représentants brillaient par leur absence lors de la grande marche organisée pour le Jour de la Terre, ont dû bourdonner à plusieurs reprises, dimanche après-midi.

Retrait du protocole de Kyoto, exploitation des gaz de schiste, Plan Nord: politiciens de l’opposition, artistes et quidams ont dénoncé à l’unisson certaines des politiques préconisées par les deux partis au pouvoir sur les scènes fédérale et provinciale. Le rassemblement a réuni environ 250 000 personnes au centre-ville de Montréal, selon les organisateurs, qui avaient nolisé un hélicoptère afin de capter en images le déroulement de la manifestation.

Avant le départ de l’imposant cortège, le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, et la leader du Parti québécois, Pauline Marois, ont participé à la signature symbolique du protocole de Kyoto sur la place des Festivals, point de ralliement des manifestants.

«Le Canada est en train de se démarquer sur la scène mondiale par son retrait du protocole de Kyoto, le jour même où la Chine a signifié son acceptation de mesures contraignantes. Nous sommes le seul pays au monde en train de reculer sur ce dossier», a dénoncé M. Mulcair, qui était entouré de nombreux députés néo-démocrates du Québec.

Une vingtaine de députés et candidats du Parti québécois étaient aussi de la partie. Leur chef, Pauline Marois, a dit reconnaître que le gouvernement Charest avait «des bons coups» à son actif sur le plan des initiatives environnementales, mais elle a toutefois qualifié de «lamentable échec» les politiques des libéraux en ce qui a trait à l’exploitation du gaz de schiste et des ressources minières.

«Ce qu’on revendique en ce moment, aussi, c’est que les jeunes d’aujourd’hui puissent respirer l’odeur des fleurs plutôt que l’odeur des gaz de la répression. C’est beaucoup mieux pour leur santé et pour la santé de la population», a pour sa part déclaré Françoise David, présidente de Québec solidaire.

Pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), c’était le calme après la tempête, dimanche. Si les deux journées précédentes avaient été marquées par des violences et des tensions ayant mené à plus d’une centaine d’arrestations, rien de tel n’a assombri le déroulement de la manifestation de dimanche, a signalé l’une des porte-parole du SPVM, Anie Lemieux.

Unis pour l’environnement

Le temps gris et morose n’a pas eu raison de la détermination de ces dizaines de milliers de marcheurs, parmi lesquels se trouvaient des groupes sociaux et environnementaux, les étudiants qui battent le pavé depuis des semaines, mais aussi de très nombreuses familles.

Les artistes québécois ont aussi répondu présent. Ils ont été des dizaines à prendre part à l’événement.

«Je pense qu’il y a de quoi qui commence, qu’on cherche depuis plusieurs années c’est où qu’on se croise, qu’on cherche à définir la ‘québécitude’ et à trouver une affaire qui nous ferait sortir dans la rue, quelque chose autour duquel on serait ‘game’ de se rassembler. Il y en a qui disaient que ça prenait une coupe Stanley, mais aujourd’hui, on est sortis. Ça donne à espérer», s’est réjoui le conteur Fred Pellerin.

Mais le fait que les citoyens aient investi aussi massivement les rues de la métropole témoigne d’un également «ras-le-bol» généralisé, a plaidé l’auteur-compositeur-interprète Michel Rivard.

«C’est le retour de la conscience citoyenne (…) C’est le temps de dire qu’on n’en veut plus, de gouvernement qui nous ment, qui triche», a-t-il lancé.

Et ce sont les étudiants qui ont sonné la cloche de la fin de la récréation, a fait valoir M. Rivard.

«Que les étudiants l’aient commencé, c’est parfait. Maintenant, c’est au reste des citoyens à dire ‘On est capables de se lever debout’».

La marée humaine s’est déplacée dans le calme, jusqu’au pied du mont Royal, où un spectacle avait été organisé. Signe de la popularité de l’événement, la queue du peloton n’avait pas encore quitté la place des Festivals au moment où le spectacle a débuté.

«Je ne ferai pas de farces plates, je vais laisser ça à notre premier ministre», a lancé d’entrée de jeu l’animateur de l’événement, le Zapartiste Christian Vanasse, qui faisait référence aux moqueries proférées par Jean Charest vendredi.

De nombreuses personnalités — dont le chanteur Gilles Vigneault, l’environnementaliste Stephen Guilbeault et le metteur en scène Dominic Champagne, l’un des organisateurs de l’événement — se sont succédés au micro sur la grande scène qui avait été érigée face au parc Jeanne-Mance.

Les discours ont été accompagnés par des prestations musicales signées Mes Aïeux, Ariane Moffatt et Pierre Lapointe, entre autres.

Un peu plus tôt au courant de la journée, une plantation protocolaire a eu lieu sur un petit terrain vague de Montréal, en présence notamment du ministre québécois de l’Environnement, Pierre Arcand.

Le Jour de la Terre est célébré dans plusieurs pays à travers le monde. L’événement a été souligné pour la première fois aux États-Unis, le 22 avril 1970.

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