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Trabelsi devant la Commission de l'immigration

Sidhartha Banerjee - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Le beau-frère milliardaire de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali joue ses dernières cartes pour avoir le droit de rester au Canada, bien qu’il mène sa lutte dans l’ombre.

Belhassen Trabelsi s’est installé au Canada en janvier 2011 après avoir fui la Tunisie au moment où le régime de Ben Ali s’effondrait, mais il s’est fait discret depuis et ne s’est pas présenté à son audience, lundi, auprès de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.

L’an dernier, le gouvernement du Canada a révoqué son statut de résident permanent peu après son arrivée au pays car il n’en respectait pas les conditions. Les avocats de Belhassen Trabelsi faisaient appel de cette décision, lundi.

La décision de la commission sera rendue à une date indéterminée.

M. Trabelsi a fait savoir lundi, par l’intermédiaire de ses avocats, qu’il craignait pour sa sécurité et celle de sa famille. Il a embauché ses propres gardes du corps et a dit craindre d’être suivi par la foule de Tunisiens établis à Montréal qui espéraient le voir en chair et en os à l’audience de lundi.

Peu avant la chute du régime de son beau-frère, M. Trabelsi avait fui la Tunisie en compagnie de sa femme et de ses enfants à bord d’un jet privé, tandis que d’autres membres du clan Ben Ali trouvaient refuge en Arabie saoudite.

La famille a été accusée de fonctionner comme un clan mafieux, extorquant de l’argent des propriétaires de commerces et exigeant une part dans les grandes et petites entreprises, répartissant le butin entre ses membres.

Certains médias avaient qualifié M. Trabelsi de chef de clan, qui supervisait les manoeuvres frauduleuses.

L’homme contrôlait, ou possédait, un large éventail de propriétés allant des compagnies aériennes aux hôtels en passant par des médias et des banques. Une fuite d’un câble diplomatique — daté de 2008 et rédigé par des diplomates américains —, renvoyait à M. Trabelsi comme le membre le plus connu de la famille.

M. Trabelsi mène depuis une vie discrète à Montréal avec sa famille.

La Cour fédérale a refusé, la semaine dernière, de tenir une audience privée pour traiter son cas. Cette décision explique l’absence du Tunisien lundi, a fait valoir son avocate, Stéphanie Valois.

D’entrée de jeu, les avocats de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ont dit croire que l’absence du demandeur disqualifiait son droit et celui de sa famille de présenter un appel. Cependant, cette prétention a été rejetée et la commission a ordonné que la requête soit entendue.

Pour conserver un statut de résident permanent, une personne doit demeurer au Canada au moins deux ans sur cinq. Ceux qui résident à l’extérieur du pays peuvent aussi préserver leur statut s’ils répondent à un certain nombre de critères — incluant le fait d’accompagner un citoyen canadien à l’étranger, ou en travaillant à temps plein pour le compte d’une entreprise canadienne ou d’un gouvernement provincial.

Les avocats de M. Trabelsi ont reconnu que leur client ne respectait pas ces exigences, attirant toutefois l’attention de la commission sur les preuves — déjà inscrites au dossier — faisant état de craintes pour sa sécurité.

Quinze mois après son arrivée au Canada, il s’est dit rongé par le mal du pays et prêt à retourner en Tunisie, quel que soit le prix à payer, tout en sachant qu’il est considéré par plusieurs Tunisiens comme un criminel qui a pillé le pays. Dans une lettre adressée aux Tunisiens, il a présenté ses excuses et leur a demandé pardon.

Le gouvernement intérimaire de Tunisie a déjà émis un mandat d’arrêt international contre Belhassen Trabelsi. En septembre, il a été condamné par contumace à 15 ans de prison et à une amende de 500 000 $ pour corruption, échanges illégaux de métaux précieux et transferts illégaux de devises étrangères.

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