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Pipeline Énergie Est: «On ne peut pas laisser cela entre les mains du gouvernement fédéral»

Photo: Archives Métro

Une trentaine d’organisations écologistes, syndicales, agricoles, autochtones, étudiantes et citoyennes ont rappelé mardi l’importance de mandater rapidement le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au sujet du projet de pipeline Énergie Est de Transcanada. Pourtant, l’Office national de l’énergie (ONÉ) a commencé à étudier le projet. État des lieux avec Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.

Quelle est la différence entre une étude du BAPE et celle qui débute à l’ONÉ?
L’ONÉ est un organisme fédéral qui évaluera le projet avec de nouvelles règles qui vont limiter la participation du public et la durée de l’évaluation. En plus, il n’analysera pas le projet sous l’angle des changements climatiques. Pourtant ce projet de pipeline entrainerait une forte augmentation de la production de pétrole des sables bitumineux soit l’équivalent en GES de sept millions d’autos sur les routes du Canada. Et comme l’ONÉ n’a qu’un pouvoir de recommandation au fédéral, on craint que l’Office accepte le projet, mais avec des conditions plutôt que de le refuser. Peu importe la décision de l’ONÉ, le gouvernement fédéral risque d’aller de l’avant. Avec un BAPE mandaté par le gouvernement du Québec, tout le monde peut participer. Des séances devraient être organisées à plusieurs endroits, le long du tracé. On peut se faire présenter le projet de façon indépendante, poser des questions, recevoir des réponses et donner son opinion.

Pourquoi mandater le BAPE si le gouvernement fédéral a le dernier mot?
L’environnement est une compétence partagée entre le provincial et le fédéral. La protection du Saint-Laurent et de ses berges, la protection de l’eau potable, la santé des Québécois et les changements climatiques. On ne peut pas laisser cela entre les mains du gouvernement fédéral qui a clairement un biais en faveur de l’industrie des sables bitumineux. Et le Règlement québécois sur l’évaluation et l’examen des impacts sur l’environnement dit que tout projet d’oléoduc de plus de 2km doit être évalué par le gouvernement provincial. Alors on ne manque pas d’arguments. Surtout que ce pipeline traversera quasiment toute la province et menacera les sources d’eau potable de plusieurs villes. Tout ça pour à peine 110 emplois directs à long terme.

Craignez-vous que le BAPE ne soit pas mandaté?
Le BAPE va être mandaté, mais quel sera son mandat? S’il s’agit juste d’étudier le tracé du pipeline et les impacts pour les bélugas et le port de Cacouna, ce serait totalement incomplet. Il faut aussi étudier l’impact du pipeline et aussi son effet sur les changements climatiques. Et surtout, il faut démarrer rapidement, car c’est un projet très complexe et il faut se donner le temps de le regarder et de consulter la population. En Ontario, ils ont débuté en novembre 2013.

Le projet Énergie Est en chiffres

  • 4400km de longueur, dont 3000km de nouveaux tuyaux
  • 1,1 millions de barils par jour entre l’ouest et l’est du Canada
  • 22 cours d’eau traversés au Québec dont le Saint-Laurent et la rivière des Outaouais
  • 175 super pétroliers par an exporteraient ensuite le pétrole

Réaction du ministère
Le ministère de l’Environnement affirme qu’avant de mandater le BAPE, il faudra que l’étude d’impact soit complétée et jugée recevable. Le gouvernement assure que le BAPE se penchera sur l’impact du projet Énergie Est sur les changements climatiques. Le BAPE siégera à temps pour préparer la position du gouvernement du Québec devant l’ONÉ, assure le ministère.

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