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ISQ: l'emploi atypique n'est pas en hausse

MONTRÉAL – Contrairement à ce qu’on entend souvent dire, l’emploi atypique n’est pas en hausse au Québec.

Le taux de ce type d’emploi, qui regroupe tous les emplois qui ne sont pas permanents et à temps plein, est plutôt stable depuis quelques années, selon une récente recherche de l’Institut de la statistique du Québec.

En fait, le taux d’emploi atypique a même suivi une tendance à la baisse depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000, puis il s’est stabilisé par la suite, selon le chercheur Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l’ISQ.

La part de l’emploi atypique est ainsi passée de 33,5 pour cent en 1997 à 32,4 pour cent en 2004, pour se stabiliser par la suite et atteindre 33,1 pour cent en 2013.

Dans les faits, au cours des 15 dernières années, au Québec, il s’est créé deux fois plus d’emplois typiques que d’emplois atypiques, au net.

L’ISQ estime aujourd’hui que 1 146 000 travailleurs âgés de 25 ans et plus occupent un emploi atypique au Québec, comparativement à 900 000 en 1997. Il s’agit donc d’une hausse de 246 000 travailleurs sur une période d’environ 15 ans. Toutefois, pendant la même période, l’emploi permanent à temps plein a crû deux fois plus vite, soit 500 000 travailleurs de plus.

Est-ce une bonne nouvelle pour le marché du travail au Québec? «C’est dur à dire. Si on fait l’équation que moins d’emplois atypiques constitue un aspect positif du marché du travail, oui c’est une bonne nouvelle, dans la mesure où il y a des industries qui ont connu une baisse et d’autres qui n’ont pas connu de variation. Donc, la situation sur ce plan-là serait quand même positive. Mais l’emploi atypique n’est pas toujours négatif», a pris soin d’ajouter M. Cloutier-Villeneuve, en entrevue.

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Le chercheur de l’ISQ a voulu savoir qui étaient ces travailleurs atypiques. Environ 31 pour cent d’entre eux sont des travailleurs indépendants seuls, 23 pour cent sont des salariés à temps partiel permanents, 22 pour cent à temps plein mais temporaires, 15 pour cent sont des travailleurs indépendants avec des employés, alors que 8,5 pour cent sont des travailleurs à temps partiel et temporaires.

Étonnamment, il n’y a pas de différence entre les taux d’emploi atypique chez les travailleurs syndiqués et non syndiqués. La composition de l’emploi atypique y est cependant différente. Dans le milieu syndiqué, on retrouve davantage d’emplois à temps plein et temporaires, alors que dans le milieu non syndiqué, on retrouve surtout des emplois à temps partiel permanents.

Pour ce qui est du sexe du travailleur, les femmes sont encore plus touchées que les hommes par le travail atypique, mais l’écart s’est rétréci depuis quelques années. Le phénomène touche aujourd’hui 35 pour cent des femmes et 31 pour cent des hommes.

La situation est très différente selon l’industrie. Parmi les industries les plus touchées par l’emploi atypique sous ses différentes formes, on retrouve la construction _ 45 pour cent, soit presque un travailleur sur deux _, les soins de santé et les services d’enseignement.

«Beaucoup d’études ont fait une lecture négative de l’emploi atypique», parlant d’emplois précaires, avec des conditions salariales inférieures et des avantages sociaux moindres. «Mais ce n’est pas tout le monde qui vit ces situations-là» et certains tirent leur épingle du jeu, a commenté M. Cloutier-Villeneuve.

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