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Forte opposition au premier rapport Robillard

MONTREAL – Les municipalités et les agriculteurs sont à leur tour montés dans le train de la contestation contre l’austérité dimanche en rejetant en bloc les suggestions de compressions budgétaires de la Commission de révision permanente des programmes au gouvernement Couillard dévoilées dimanche matin à Québec.

Mais à l’opposée, le monde patronal se frotte les mains, y voyant, de façon générale, un pas dans la bonne direction.

Afin que le gouvernement Couillard parvienne à l’équilibre budgétaire l’an prochain, Québec a estimé qu’il faudrait des coupes de 3,2 milliards $. La Commission, dirigée par l’ex-ministre libérale Lucienne Robillard, dit avoir identifié 2,3 milliards $ de compressions pour y parvenir.

Mais son rapport préliminaire déplaît au plus haut point aux groupes d’intérêts qui seraient touchés, les agriculteurs dans un premier temps.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) a dénoncé la suggestion visant à priver les producteurs de 300 millions $ dans le programme d’assurance stabilisation.

Ces derniers seraient maintenant seuls à assumer le risque mais pour l’UPA, on ne peut comparer cette assurance de revenus à une assurance-accident. «Compte tenu des risques élevés, comme le climat, les maladies ou la volatilité des prix, et pour des raisons de développement économique et de sécurité alimentaire, tous les pays développés apportent un soutien à leur agriculture. Le secteur agricole, en raison de tous ces risques, est très complexe et cette réalité n’a pas été prise en compte par la Commission», a déploré l’UPA.

Son président a dit que les primes seraient tellement élevées qu’il serait difficile de faire assurer des agriculteurs. Marcel Groleau réagira de façon plus élaborée lundi après-midi, après avoir annoncé l’annulation d’un point de presse sur un autre sujet qui devait se dérouler en matinée.

De son côté, l’Union des municipalités du Québec estime que la Commission a choisi la «facilité» en proposant, de «façon simpliste et comptable», dit-elle, de pelleter le déficit de l’État dans la cour des villes.

La présidente de l’UMQ et mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, avertit que le monde municipal n’acceptera aucune coupe additionnelle dans l’avenir pour payer «la mauvaise gestion passée des finances publiques de l’État».

La PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Françoise Bertrand, est bien sûr d’accord avec la suggestion visant à donner aux villes des outils dans leurs négociations avec les syndicats. «L’écart de rémunération entre les employés des villes et ceux du gouvernement québécois est de 38 pour cent, une situation qui doit être corrigée.»

Toutefois, le Conseil du patronat (CPQ) met en garde le gouvernement contre cette tentation de transférer ses déficits aux municipalités. «On a aussi le risque de voir s’alourdir au passage, le fardeau fiscal des contribuables» a averti l’organisme patronal.

Les syndicats outrés

Les centrales syndicales sont encore mécontentes, elles qui mènent depuis plusieurs mois une lutte antigouvernementale dans le dossier des caisses de retraite des employés municipaux.

Le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, juge que le gouvernement, depuis son arrivée au pouvoir, en avril, faire des gestes visant à «démembrer» tout ce qui a fait du Québec une société distincte, plus juste et égalitaire.

A son avis, les électeurs «n’ont jamais voté pour ça» et le gouvernement devrait «changer de cap», notamment en ouvrant un dialogue social. «On dirait qu’on n’a plus les moyens de rien, a dit, visiblement découragé, le leader syndical. Ce n’est pas si catastrophique que ça. On pourrait prendre le temps de bien faire les choses. Oui à l’équilibre budgétaire mais rapidement, ça met en péril des programmes sociaux», a averti M. Boyer»

«Québec doit, selon le chef syndical, se ressaisir et rejeter les recommandations de la Commission qui n’a regardé que d’un côté de la lorgnette; celui des coupes à tout prix sans en évaluer les conséquences» a ajouté le président de la plus importante centrale syndicale au Québec.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a qualifié «d’idéologique» le premier rapport de Lucienne Robillard. Si le gouvernement Couillard fait siennes ces recommandations, la centrale syndicale avertit déjà que les contribuables vont y goûter. «On craint pour des hausses considérables de tarifs et de taxes ainsi qu’une ouverture vers davantage de privatisation, si le gouvernement du Québec décidait de reprendre à son compte les recommandations qui y sont formulées.»

Son président, Jacques Létourneau, a soutenu que personne n’est dupe de l’opération imaginée par le gouvernement Couillard qui, selon lui, veut démanteler l’État social québécois. «Il fait annoncer le pire par la Commission pour ensuite présenter un scénario de coupes moins dramatique, comme il vient de le faire avec la fin de l’universalité des services de garde. Il tentera de mieux paraître, mais au bout du compte, les compressions affecteront les familles et les services.»

Enfin, le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) estime que le rapport Robillard constitue un exercice comptable à courte vue. «Cela pénalisera la classe moyenne par l’ajout de tarifications de façon directe et indirecte. (…)La Commission a fait le choix facile d’augmenter les tarifs et même de refiler la facture aux municipalités. Tôt ou tard, c’est le citoyen qui paiera la note» a conclu le syndicat.

Les syndicats ont rappelé l’importance pour les gens de manifester leur opposition à l’austérité en allant manifester samedi prochain dans les rues de Montréal et Québec.

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