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Tarifs: le CSF craint une baisse d'emploi féminin

Pierre Saint-Arnaud - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – La présidente du Conseil du statut de la femme (CSF) est déçue, mais pas du tout étonnée de voir que la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, n’ait pas pensé à évaluer l’impact de sa hausse du tarif des garderies sur l’emploi des femmes.

«Malheureusement, tous gouvernements confondus, l’analyse différenciée selon les sexes n’est pas une pratique courante dans les gouvernements, parce que ce n’est pas si simple à faire et ce n’est pas un réflexe qu’on a», a déclaré Julie Miville-Dechêne en entrevue avec La Presse Canadienne, lundi.

«Je n’ai pas été surprise de ça. Le fait qu’il n’y ait pas eu d’analyse différenciée selon les sexes c’est malheureusement fréquent. C’est la norme dans les gouvernements quels qu’ils soient», a-t-elle dit.

La semaine dernière, la ministre Charbonneau a avoué que cette question ne lui était pas venue à l’esprit dans la préparation de son projet de loi sur la modulation des tarifs.

Dans un avis remis au gouvernement Couillard vendredi dernier, le Conseil se dit préoccupé par la hausse de la contribution parentale proposée la semaine dernière pour financer les services de garde à contribution réduite, craignant que cette décision incite certaines mères gagnant des salaires modestes à quitter le marché du travail.

Mme Miville-Dechêne souligne que, dans 70 pour cent des couples, les femmes touchent un revenu inférieur à celui de leur conjoint. Prenant l’exemple d’une famille avec trois enfants et un revenu familial brut de 93 000 $, où l’homme gagne 72 000 $ et la femme 21 000$, elle souligne que le tarif annuel pour trois enfants atteindra alors 7140 $, soit plus du tiers du revenu de la mère.

«Les salaires familiaux en bas de 100 000 $, ça nous inquiète particulièrement parce qu’effectivement, la question qui va se poser sera: si je paie un tiers de mes revenus bruts en garderie, est-ce que ça vaut la peine de continuer à travailler ?»

Selon la présidente, lorsque ce genre de choix est fait, c’est presque invariablement la personne qui gagne le moins qui restera à la maison, avec des conséquences inquiétantes: «Qui dit rester au foyer, dit perte d’autonomie économique et c’est grave s’il y a une séparation», souligne-t-elle.

Mme Miville-Dechêne rappelle que la mise en place des services de garde à contribution réduite, en 1997, a permis l’entrée de quelque 60 000 femmes sur le marché du travail, selon des études réalisées à cet effet et, du coup, leur a permis de profiter d’avantages économiques comme l’assurance-emploi et l’accès à un régime de retraite.

Le gouvernement du Québec veut moduler les tarifs en fonction du revenu familial, jusqu’à un maximum quotidien de 20 $.

L’avis du CSF passe par ailleurs en revue des systèmes de garde dans les pays scandinaves, où il note des exemples de consensus sociaux pour à la fois diminuer les dépenses de l’État et préserver certains programmes, et sa présidente invite le gouvernement Couillard à y regarder de plus près.

«Il y a là des choses intéressantes, souligne Mme Miville-Dechêne. On ne dit pas de copier ça, mais quand même de regarder dans les pays où l’égalité hommes femmes est la plus avancée — dans les pays scandinaves — parce qu’il y a des tarifs modulés là-bas, mais il y a aussi des garderies gratuites pour les plus pauvres.»

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