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Places fantômes: Charbonneau revoit les sanctions

QUÉBEC – Québec recule devant le tollé et va desserrer l’étau sur les parents responsables des «places fantômes» en garderie subventionnée.

En point de presse vendredi, la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a annoncé son intention de «réévaluer» la sanction que prévoit infliger aux parents fautifs le projet de loi 27 déposé il y a deux jours.

«C’est quelque chose qu’il va falloir qu’on réévalue, on va revoir l’ensemble», a concédé Mme Charbonneau.

Le gouvernement Couillard a choisi de pénaliser lourdement les parents pour lutter contre les «places fantômes», ces places subventionnées et allouées mais qui ne sont pas occupées cinq jours sur cinq.

En vertu du projet de loi 27, les parents en défaut d’assiduité s’exposent à une amende de 3600 $, soit l’équivalent du coût réel de trois mois de garderie. Les garderies contrevenantes s’en tirent nettement mieux avec une amende prévue variant entre 200 $ et 1000 $. Le déséquilibre au détriment des parents embarrasse la ministre.

«Je suis sûre que les partenaires vont venir nous parler pour nous dire écoutez: ça n’a pas d’allure, il y a un montant qui est plus excessif pour l’un que pour l’autre», a-t-elle confessé.

Selon le rapport de la Commission de révision permanente des programmes, présenté dimanche dernier, Québec verse chaque année 280 millions $ en subventions pour des places allouées à des enfants qui ne sont pas présents. Ce calcul inclut, entre autres, 13 jours fériés pour lesquels les parents paient même si la garderie est fermée.

Mme Charbonneau s’est défendue de blâmer la victime dans ce dossier, c’est-à-dire de punir les parents qui, faute de flexibilité dans les services de garde, inscrivent leur enfant cinq jours sur cinq même s’ils le gardent à la maison un jour ou deux par semaine.

«On ne s’en est pas pris aux parents, on veut mettre en place une sanction pour gérer les places fantômes, a insisté la ministre. Il faut être très flexible pour nos parents parce que ce n’est pas eux qu’on vise, ce qu’on vise c’est de maximiser les places que l’on a, c’est de faire en sorte que dans les places qui sont attribuées, il y a quelqu’un à cette place.»

Si elle montre plus de compassion pour les parents, Mme Charbonneau n’abandonne pas pour autant l’idée de sanctionner les contrevenants. Le dosage sera néanmoins revu.

«La responsabilisation va rester là, n’essayez pas de me faire dire que je vais enlever la responsabilisation. Comment va-t-elle être dessinée? C’est quelque chose qu’on se devra de revoir», a-t-elle dit.

Entre-temps, les parents peuvent toujours compter sur le soutien du député péquiste Jean-François Lisée.

Le candidat à la direction du Parti québécois a avoué sans remord, lors d’une mêlée de presse, qu’il avait lui-même contribué au phénomène des places fantômes.

«Je plaide coupable parce que je suis un parent de quatre enfants, bientôt cinq, quatre enfants qui sont allés à la garderie et oui, j’avoue avoir utilisé des places fantômes», a lâché M. Lisée sur le ton de l’ironie.

Le député de Rosemont a raconté qu’il avait signé pour assurer la présence d’un enfant du lundi au vendredi, même s’il le gardait à la maison deux jours par semaine.

«Je pense qu’on est des dizaines de milliers de parents à avoir fait ça pour le bien de nos enfants, a-t-il dit. Si le gouvernement Couillard veut me mettre à l’amende, j’attends l’amende et les dizaines de milliers de parents comme moi attendons les amendes du gouvernement Couillard qui ne comprend rien à la réalité des parents et des enfants.»

Pour M. Lisée, il ne revient pas aux parents de s’adapter aux fonctionnaires et au gouvernement Couillard mais bien au système de garderie de s’adapter aux besoins des parents.

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