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Homme injustement condamné: le cauchemar est fini

TORONTO – Un homme qui a été injustement condamné pour meurtre prémédité il y a plus de 10 ans a fait ses premiers pas tant attendus comme homme libre, vendredi à Toronto, la Couronne ayant décidé d’abandonner les procédures.

La décision est tombée un an après que la Cour suprême du Canada eut décidé à l’unanimité que Leighton Hay devait avoir un autre procès, après avoir examiné de nouvelles preuves de cheveux.

Alors que M. Hay et des membres de sa famille écoutaient avec attention, le juge de la Cour supérieure John McMahon s’est excusé du temps qui s’est écoulé avant que le système judiciaire fasse finalement les choses correctement.

M. Hay, qui souffre d’une maladie mentale et qui a passé la plus grande partie de son incarcération dans les ailes psychiatriques de deux pénitenciers, n’a pas parlé en quittant la cour, mais ses partisans ne se sont pas retenus.

Il est sorti de prison et il est libre, a dit Win Wahrer, de l’Association pour la défense des personnes injustement condamnées, quelques minutes après la brève audience.

Son souhait est de rentrer à la maison, a-t-il ajouté.

Dans une entrevue, son avocat James Lockyer a indiqué ne pas être certain que son client comprenne toutes les implications de ce qui venait tout juste de se passer.

«Leighton a vécu un cauchemar toutes ces années, a-t-il dit. C’était une erreur judiciaire de très haut niveau».

Parce qu’il était un adolescent avec des problèmes de santé mentale et qu’il fait partie d’une minorité visible, il était vulnérable et la police a sauté aux conclusions, a dit l’avocat. «Il était juste un autre Noir.»

M. Hay a été arrêté après que deux hommes eurent fait irruption dans une discothèque de Toronto qui était l’hôte d’un gala de bienfaisance en juillet 2002. Ils ont abattu un homme respecté dans la communauté, Colin Moore, en raison d’une dispute sur les frais d’entrée.

L’identité de l’un des deux tireurs, Gary Eunick, n’a jamais fait l’objet de doutes et il a été condamné à la prison à vie.

La Couronne a allégué que M. Hay, qui avait alors 19 ans, était le complice décrit comme un homme portant des «dreadlocks». Le problème était que les cheveux du jeune homme étaient quasiment rasés lorsque la police l’a arrêté.

À son procès en 2004, les procureurs ont allégué qu’il avait couru jusque chez lui et avait rasé sa tête pour se débarrasser de ses «dreadlocks» après le meurtre.

La preuve soutenant la théorie de la Couronne consistait en un rasoir trouvé sur sa table de nuit et des cheveux jetés dans un journal dans la poubelle de la salle de bain.

Le seul témoin qui a pointé vers sa photo dans une série de photographies d’identification d’accusés potentiels a affirmé qu’il ressemblait plus au tueur que les 11 autres. Le témoin s’est fait monter une deuxième sélection de photographies trois semaines plus tard et n’a pas choisi M. Hay, qui a de son côté toujours nié avoir fait quoi que ce soit de mal.

Malgré cela, le jury l’a condamné.

L’Association pour les personnes injustement condamnées s’est impliquée après que la Cour d’appel de l’Ontario eut rejeté son appel.

À la demande de l’Association, des experts judiciaires ont examiné les cheveux ayant servi à condamner le jeune homme, puis déterminé qu’ils ne provenaient pas de sa tête, mais de sa barbe. Cette conclusion contredisait la théorie de la Couronne selon laquelle il avait coupé ses «dreadlocks» pour altérer son apparence.

En novembre 2013, la Cour suprême du Canada a examiné cette nouvelle preuve de cheveux. Elle a conclu que cette information aurait pu faire une différence majeure au procès de Leighton Hay et a cassé le verdict de culpabilité.

La Couronne a fait savoir vendredi qu’elle ne poursuivrait pas les procédures.

Le père de Leighton dit avoir apprécié les excuses du juge et affirme qu’il a toujours cru que justice serait éventuellement rendue.

«Il a perdu 12 ans, a souligné Lascelles Hay. J’espère qu’il y aura maintenant de belles choses pour lui».

La santé mentale de Leighton Hay s’est dégradée pendant qu’il était emprisonné, mais Me Lockyer a dit qu’il était «prudemment optimiste» sur le fait que le jeune homme pourrait s’en sortir en tant qu’homme libre vivant avec sa famille.

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