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Le sociofinancement pour décoller plus vite

TORONTO – Grâce au sociofinancement, les concepteurs de haut-parleurs sans fil sophistiqués ont amassé 1,3 million $. Il y a aussi eu près de 1,2 million $ amassés pour produire des drones spécialisés et 820 000 $ pour des vélos intelligents.

En 2014, trois petites entreprises canadiennes sont passées de la marginalité à la célébrité sur les blogues technologiques autour du monde, grâce à des campagnes de sociofinancement réussies qui ont suscité une croissance exponentielle en un temps record.

Autrefois chasse gardée des amateurs et des bricoleurs, le sociofinancement est en train de devenir une véritable stratégie de croissance pour les petites entreprises aux grandes ambitions.

«L’ancien paradigme du sociofinancement, c’était quatre gars dans leur garage qui ne pouvaient trouver de l’argent autrement», explique Steve Tam, responsable du marketing pour Indiegogo Canada.

«Maintenant, nous voyons de plus en plus d’entreprises qui ont déjà un marché ou un produit validé, et qui utilisent le sociofinancement dans le cadre de leur campagne de marketing, pour leur collecte de fonds ou pour accéder aux marchés internationaux.»

Mass Fidelity, une entreprise établie à l’est de Toronto, s’est tournée vers Indiegogo plus tôt cette année dans l’espoir d’amasser 55 000 $ pour produire son système de haut-parleurs sans fil baptisé The Core.

«Nous considérions cela un peu comme un exercice de bouche à oreille; nous étions une petite entreprise dont personne n’avait entendu parler à Toronto. C’était une possibilité pour nous de faire une présentation de vente à un auditoire beaucoup plus vaste que celui que nous aurions atteint par les moyens habituels», explique le cofondateur de la société, Neil D’Souza.

Au grand étonnement de l’équipe, une modeste campagne de sociofinancement a permis d’amasser 25 fois plus d’argent que ce que l’entreprise espérait, lui permettant de dépasser 1,3 million $.

«Cela a littéralement changé notre entreprise. Nous allons accélérer notre croissance d’une façon que nous n’aurions pas pu faire autrement. Dans 12 mois, nous serons rendus là où nous aurions été dans 36 mois sans le sociofinancement», indique M. D’Souza.

Le deuxième campagne de sociofinancement ayant connu le plus de succès au Canada cette année est celle de PlexiDrone, un appareil destiné aux photographes et aux vidéastes, qui a amassé 1,17 million $ après avoir établi un objectif initial de 115 000 $.

«Nous aurions pu dépenser 2 millions $ en relations publiques et en marketing et nous n’aurions pas eu la visibilité mondiale que nous avons maintenant», affirme Klever Freire, administrateur général de DreamQii, l’entreprise qui a créé le FlexiDrone.

M. Freire était réticent à mettre son produit en concurrence avec d’autres projets de drones sur Indiegogo et sur la plateforme rivale Kickstarter, dont certains qui étaient encore aux étapes rudimentaires de conception. Mais il était persuadé que la communauté d’Indiegogo serait sensible au fait que FlexiDrone était un produit bien conçu et prêt à être produit à grande échelle.

«Certains pourraient dire que c’est un marché saturé, mais il y a beaucoup de gens qui font de l’argent simplement en fabriquant des produits personnalisés pour une petite quantité d’utilisateurs, en ne pensant pas vraiment au portrait plus large et aux aspects de réglementation qui y sont liés», dit M. Freire.

«Nous venons du domaine du génie aérospatial, donc dès le début, nous sommes allés rencontrer Transports Canada et la Federal Aviation Administration (FAA, aux États-Unis), nous avons obtenu des certificats d’opération de vol et nous travaillons avec la FAA pour permettre aux gens d’utiliser le PlexiDrone à des fins commerciales, de même que pour les tournages et la photographie. Alors nous sommes en avance sur les autres joueurs en ce qui concerne plusieurs dimensions du projet.»

La troisième campagne canadienne la plus populaire a été celle du vélo intelligent Vanhawks Valour, qui propose une assistance à la conduite, une technologie pour détecter les angles morts et le suivi numérique des déplacements. Plus de 828 000 $ ont été amassés pour permettre la production de ce vélo nouveau genre.

Tant M. Freire que M. D’Souza s’attendent à ce que le sociofinancement devienne une tendance encore plus présente l’an prochain.

«Je vois certainement cela comme une chose qui est là pour rester; beaucoup de gens pensaient que eBay disparaîtrait avec l’arrivée des petites annonces en ligne gratuites», rappelle M. D’Souza.

M. Freire craint toutefois que le sociofinancement devienne trop gros et qu’il soit englouti sous des campagnes lancées par de grandes entreprises.

«Je crains que ça devienne une plateforme pour les grandes entreprises déjà établies qui viendront et utiliseront leur financement pour faire un meilleur marketing, de meilleures relations publiques, et ce sera facile de s’emparer de l’esprit du sociofinancement tel qu’il existe actuellement.»

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