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Le cynisme ne décourage pas les nouveaux venus

Joan Bryden - La Presse Canadienne

OTTAWA – Combien de personnes seraient prêtes à se battre bec et ongles pour pratiquer une profession qui leur garantit presque une réputation d’individualiste menteur et tricheur, voire d’escroc?

Beaucoup, semble-t-il.

Des centaines de Canadiens se battent pour avoir l’occasion de faire le saut dans ce que la majorité de leurs concitoyens considèrent comme une fosse à ordures: la politique.

Plusieurs abandonnent des carrières prestigieuses pour représenter un parti politique dans une des 338 circonscriptions à travers le pays en vue des élections fédérales de 2015. Certains ont mené de longues batailles pour que leur nom apparaisse sur la liste des candidats, alors que des centaines d’autres sont toujours dans le processus de nomination.

Et il s’agit de la partie facile. Une fois nommés, ils passeront les dix prochains mois à essuyer les attaques de leurs rivaux politiques et à faire du porte-à-porte dans leur circonscription pour défendre leur choix de parti et la profession politique face à des électeurs cyniques.

Ont-ils besoin d’un examen psychologique?

C’est une question qui fait sourire Jane Philpott, une médecin de famille qui représente le Parti libéral du Canada dans la circonscription de Markham-Stouffville, dans la région de Toronto.

Des sondages démontrent que «les médecins de famille sont toujours parmi les professionnels les plus respectés» au Canada, note-t-elle. «Le fait de partir de ça pour devenir politicienne, la profession la moins respectée, peut sembler fou pour certaines personnes.»

Un récent sondage de la firme The Gandalf Group pour le compte de l’Université Ryerson a démontré que seulement 13 pour cent des Canadiens croient que les politiciens se comportent de manière éthique, tout juste devant les lobbyistes. À l’inverse, 78 pour cent des personnes sondées font confiance aux médecins.

Le sondage en ligne, auquel ont pris part 1039 personnes, dresse un portrait assez sinistre de la manière dont les politiciens sont perçus au Canada: des individualistes qui font de la politique pour servir leurs intérêts personnels, qui utilisent l’argent des contribuables pour aider leurs amis et qui mentent régulièrement en brisant des promesses et en remettant des comptes de dépenses truqués.

Près de 30 pour cent des sondés croient que les politiciens acceptent fréquemment des pots-de-vin. Et 63 pour cent affirment que la politique corrompt les personnes honnêtes.

Loin de dissuader les gens de se présenter aux élections, le cynisme envers la politique semble être un élément de motivation pour quelques nouveaux venus questionnés récemment par La Presse Canadienne.

«Honnêtement, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de faire de la politique», a indiqué Rachel Bendayan, une avocate de 34 ans qui fait campagne pour le Parti libéral dans la circonscription montréalaise d’Outremont, où elle a la lourde tâche de déloger le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair.

«J’aimerais pouvoir changer cette perception. Je crois que nous avons besoin de rebâtir la confiance envers nos représentants à tous les niveaux du gouvernement. Je crois que nous avons besoin de redonner un peu de respect, d’estime et d’importance à l’appareil public.»

Le sondage a été mené du 17 au 22 octobre. L’ordre professionnel de l’industrie du sondage, l’Association de la recherche et de l’intelligence marketing, a cependant indiqué qu’un sondage en ligne ne pouvait avoir de marge d’erreur puisqu’il ne s’agit pas d’un échantillon aléatoire, ce qui fait en sorte qu’il n’est pas nécessairement représentatif de la population générale.

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