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Trudeau refuse de se prononcer sur le déficit zéro

LONDON, Ont. – Justin Trudeau refuse de dire si le gouvernement conservateur devrait reporter l’atteinte du déficit zéro, compte tenu des perturbations économiques actuelles provoquées par la dégringolade des prix du pétrole.

Interrogé par les journalistes mercredi, M. Trudeau a soutenu que la baisse inattendue du taux directeur de la Banque du Canada vient prouver à nouveau que le gouvernement de Stephen Harper a emprunté la mauvaise voie en matière économique.

«Ce qu’on a vu, malheureusement, c’est que ce gouvernement n’a pas de plan et est en train d’improviser parce qu’ils ont tout misé sur le prix du pétrole», a-t-il soutenu à London, en Ontario, à l’issue de la réunion de deux jours du caucus libéral avant l’ouverture de la prochaine session parlementaire à Ottawa.

Selon M. Trudeau, le gouvernement devrait s’appliquer à relancer l’économie et à créer des emplois pour la classe moyenne, et non offrir des réductions d’impôts de 2,4 milliards $ aux familles les plus riches — par l’entremise du fractionnement des revenus. «Ce qui est important, c’est que le gouvernement puisse rassurer les gens qu’ils ont un plan pour la croissance économique et la création d’emplois», a indiqué le chef libéral.

«Je pense que les Canadiens s’attendent notamment de leur gouvernement à ce qu’il soit responsable sur le plan financier, a-t-il estimé. Et ce n’est pas particulièrement responsable de mettre tous ses oeufs dans le même panier, de miser tout son espoir dans des prix du pétrole qui demeureraient élevés.»

Certains économistes estiment que le gouvernement conservateur devrait abandonner son obsession du déficit zéro dans son prochain budget, après six années de déficits successifs, et plutôt investir dans des secteurs comme les infrastructures, pour soutenir la croissance économique, comme il l’avait fait après la crise de 2008.

Mais M. Trudeau n’est pas allé aussi loin. Il a soigneusement évité, à plusieurs reprises, de se prononcer sur le bien-fondé, pour un gouvernement, d’afficher un léger déficit jusqu’à ce que l’économie soit plus stable.

M. Trudeau a dénoncé à nouveau la décision du gouvernement conservateur de permettre aux couples avec enfants de fractionner leurs revenus afin de réduire leurs impôts — une mesure qui coûtera 2,4 milliards $ par année au trésor fédéral. Selon le chef libéral, cette annonce, qui vise les 15 pour cent de Canadiens les mieux nantis, constitue un autre exemple de «décision terriblement irresponsable sur le plan financier».

Il a d’ailleurs promis que s’il était élu, il éliminerait d’abord cette mesure fiscale plutôt que d’afficher un déficit.

Le porte-parole libéral en matière de finances, Scott Brison, a estimé en entrevue que la promesse conservatrice d’atteindre le déficit zéro dès cette année relève davantage de la politique que des sciences économiques. «Tout ce qui intéresse (les conservateurs), c’est de se présenter devant l’électorat avec un déficit zéro virtuel, pour acheter des votes», a-t-il soutenu.

Par contre, M. Brison n’a pas voulu non plus se mouiller lorsqu’on lui a demandé si un gouvernement libéral serait à l’aise avec l’idée d’afficher un déficit budgétaire. Il a plutôt indiqué que les gouvernements disposent de plusieurs moyens pour stimuler la croissance économique sans créer de déficits. Il a cité par exemple les partenariats avec les régimes de retraite dans les infrastructures — comme viennent d’ailleurs de l’annoncer le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement, dans les transports publics à Montréal.

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