Soutenez

Certaines fuites de pipelines seraient peu détectables

Photo: Métro

Une fuite dans le pipeline Énergie Est, projeté par TransCanada au Québec, pourrait laissait échapper jusqu’à 16 400 barils de pétrole par jour sans que la télémétrie ne la détecte, selon une étude rendue publique mardi.

L’étude indépendante commandée par la MRC de D’Autray, située à 94 km de Montréal, se base notamment sur divers documents déposés par TransCanada au fil de ses différents projets. «Une fuite de 1,5% du débit pourrait ne pas être détectée par les instruments», indique le rapport, qui précise que cela représente 16 400 barils par jour. Il faudrait alors que le pétrole remonte à la surface pour que la fuite devienne visible.

Selon Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada, «ça n’est pas anodin comme risque. Il faut que les gens soient conscients des menaces induites par de tels projets par rapport aux faibles bénéfices». Il rappelle que, lors du déversement de la rivière Kalamazoo, au Michigan, en 2010, 60% des personnes vivant à proximité du pipeline d’Enbridge ont souffert de troubles respiratoires, gastro-intestinaux et d’autres symptômes neurologiques.

Selon les documents, les probabilités de déversement sur le territoire de la MRC de D’Autray sont d’un déversement tous les 59 ans. Mais Greenpeace souligne que le projet Keystone de TransCanada a enregistré 12 déversements à sa première année d’exploitation en 2011, soit 16 fois plus que les statistiques envisagées par l’entreprise.

Face à ces inquiétudes, Greenpeace demande de nouveau au gouvernement du Québec de mettre ses culottes. «L’entreprise rit au nez du ministère de l’Environnement du Québec. Le ministère doit exiger qu’elle dépose immédiatement son avis de projet. C’est indispensable pour que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) puisse évaluer adéquatement le projet», a ajouté M. Bonin.

Le Ministère de l’environnement affirme de son côté par courriel «ne pas avoir d’inquiétudes face aux échéanciers des différentes procédures de consultation».

Les conclusions du BAPE doivent permettre d’étayer la position du gouvernement du Québec au cours des audiences de l’Office national de l’énergie (ONE), qui doit avaliser ou non le projet. «Tel qu’indiqué dans la lettre datée du 18 novembre dernier, le gouvernement a établi sept conditions que l’entreprise devra respecter. L’une d’entre elles est de s’assujettir à une évaluation environnementale sur l’ensemble de la portion québécoise du projet, comprenant une évaluation des émissions de gaz à effet de serre.Si le projet ne respecte pas les normes et les lois du Québec, le gouvernement a clairement indiqué qu’il n’aura pas lieu», ajoute Geneviève Lebel, porte-parole du ministère.

M. Bonin rappelle que ceux qui voudront intervenir devant l’ONE auront à peine quatre semaines pour remplir une panoplie de documents et que l’ONE risque de refuser de les entendre. C’est pourquoi Québec doit mener sa propre évaluation. «Mais tant que TransCanada n’aura pas déposé son avis de projet et son étude d’impact à Québec, on ne connaîtra pas le trajet exact du pipeline. Et dans quatre semaines, ceux qui seront finalement touchés par le projet de pipeline ne pourront plus déposer de demande d’intervention devant l’ONE. C’est un non sens», conclut M. Bonin.

Le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, n’a pas pu avoir accès à l’étude qui ne sera rendue publique que prochainement. Mais ce qu’il a lu dans les médias sur ce sujet lui fait dire qu’il s’agit du pire scénario. «Ce scénario n’arrivera pas, car il y a des milliers de points de contrôle qui mesureront le débit et la pression tout le long de l’oléoduc. Le tout est relié à un centre de contrôle opérationnel 24 heures sur 24 capable de répondre dans un délai de dix minutes».

M. Boyce précise que les déversements recensés sur le projet Keystone ne dépassent pas quelques barils et se concentrent dans les stations de pompage qui disposent de bassins de captation. Quant aux dépôts de documents menant à des études environnementales par le BAPE, M. Boyce reste discret. «Normalement pour ce genre de projet, on s’en tient aux processus fédéral de l’ONÉ. Là il y a un deuxième processus demandé par le gouvernement du Québec. On est en discussions pour voir comment on le fait, c’est complexe», dit.il

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.