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Péladeau se fait attaquer au sujet des syndicats

MONTRÉAL – Pierre Karl Péladeau s’est fait attaquer sur ses positions syndicales datant de l’époque où il était un homme d’affaires à la tête de Québecor, lors du premier débat des candidats à la chefferie du Parti québécois (PQ), tenu mercredi à Montréal.

Les cinq aspirants, Bernard Drainville, Martine Ouellet, Pierre Céré, Alexandre Cloutier et Pierre Karl Péladeau — ce dernier ayant participé par vidéoconférence de Baie-Comeau —, ont débattu devant plusieurs centaines d’étudiants de l’Université de Montréal.

Lors de ce débat qui n’a connu que peu d’échanges, l’un des candidats, le député Alexandre Cloutier, a interpellé M. Péladeau au sujet d’une lettre qu’il avait fait publier dans les journaux en 2010, dans laquelle il remettait en cause notamment les cotisations syndicales obligatoires et la formule Rand. Il souhaitait ainsi que le rapport de force soit rééquilibré, le jugeant trop favorable aux syndicats.

M. Cloutier lui a alors demandé si sa pensée «avait évolué».

Avant que M. Péladeau commence à répondre, les rires ont fusé dans la salle.

«Ces questions sont importantes et doivent susciter un débat», a souligné le député de Saint-Jérôme. L’entreprise de M. Péladeau a notamment connu deux très longs et difficiles conflits de travail, soit les lock-out imposés aux employés du «Journal de Montréal» et du «Journal de Québec», propriétés de Québecor.

«Évidemment, lorsque j’ai émis cette opinion, j’étais dans une situation bien différente», s’est défendu le candidat Péladeau, par l’entremise d’un écran de télé placé au milieu de la scène.

Il n’a par contre pas réellement répondu à la question, mentionnant toutefois que les préoccupations des gens qu’il a rencontrés lors de sa tournée dans les régions du Québec portent surtout sur la création d’entreprises.

En conférence de presse par la suite, les aspirants chefs se sont retenus de fustiger le populaire candidat Péladeau.

Seule la députée Martine Ouellet lui a reproché de ne pas avoir donné de réponses claires aux questions soumises par les étudiants. Quant à Bernard Drainvillle, il dit croire à la bonne foi de M. Péladeau sur ses positions au sujet des syndicats. Alexandre Cloutier soutient y avoir vu «un début de réponse».

Sans grande surprise, l’indépendance du Québec et les moyens pour y arriver ont été les thèmes ayant le plus soulevé les passions lors du débat. La question du calendrier référendaire a ainsi divisé les candidats.

Martine Ouellet a clairement fait valoir qu’elle tiendrait un référendum au cours d’un premier mandat. La seule femme dans la course a été ministre des Ressources naturelles sous Pauline Marois.

«Ça prend une démarche claire et structurée et il faut la documenter», a dit Mme Ouellet, qui a répété que si elle devient chef, le référendum aura lieu rapidement, quelles que soient les conditions politiques.

Quant au député Bernard Drainville, qui a été ministre des Institutions démocratiques, il veut que le PQ se positionne clairement sur la tenue d’un scrutin référendaire au cours d’un premier mandat.

«Il faut recommencer à mettre de l’avant les avantages à être un pays, a-t-il affirmé. Mais si l’appui n’est pas suffisant, il faut le dire qu’il n’y en aura pas de référendum.»

Alexandre Cloutier, ancien ministre des Affaire intergouvernementales, veut constituer un fonds spécial de préparation à la souveraineté: un dollar sur deux amassé par le PQ y serait directement déposé.

«Moi, ce que je veux, c’est mettre le monde dans le coup. Parce qu’on a besoin de trois millions pour gagner, c’est pour cela que j’ai proposé un registre d’un million de personnes. Ce million-là de personnes vont être des ambassadeurs pour réussir à aller chercher les gens qui nous manquent pour qu’en bout de course, on gagne.»

Pierre Céré suggère d’en faire un enjeu aux prochaines élections et «d’ouvrir des négociations unilatéralement avec Ottawa afin de fonder une nouvelle entente» pour obtenir plus de pouvoirs pour le Québec. Mais si cela ne fonctionne pas, le référendum sera la marche à suivre, avec une question claire et succincte: «Voulez-vous que le Québec devienne un pays?». L’homme a été un militant fort engagé, récemment porte-parole du Conseil national des chômeurs, et a tenté de se faire élire sous la bannière péquiste en 2014.

Pierre Karl Péladeau n’a pas dit s’il allait organiser ou non un référendum dans un premier mandat. Il entend cependant faire la promotion de la souveraineté dès son élection et la décliner sous toutes ses facettes. «J’ai toujours été clair et précis. J’ai fait ce choix dans ma vie de faire du Québec un pays», a-t-il dit avant de préciser que lors de la dernière campagne, il a «réalisé que les gens n’étaient pas nécessairement prêts à parler de la souveraineté».

Dans des échanges peu rythmés et fort courtois, les aspirants chefs ont aussi débattu d’éducation, de réforme des institutions démocratiques et de relations de travail.

Alexandre Cloutier est le candidat qui a eu le plus la faveur de la foule étudiante durant les échanges, la plupart de ses interventions étant accueillies par des applaudissements.

Après la joute, plusieurs étudiants interrogés étaient d’avis que M. Cloutier et Mme Ouellet étaient ceux qui avaient le mieux performé. Parce que leurs idées étaient claires, et aussi parce qu’ils se sont donné la peine d’adapter leurs discours à leur auditoire en parlant d’éducation. Quant à Pierre Karl Péladeau, quelques-uns l’ont trouvé «désintéressé».

Cet événement ne faisait pas partie de la série officielle de débats qui auront lieu une fois la course à la chefferie officiellement lancée.

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