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Vitalité des régions: le président du Conseil du patronat se rétracte

Photo: Yves Provencher/Métro

MONTRÉAL – Les vives réactions suscitées par la nature des propositions du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, concernant les régions défavorisées de la province ont incité l’organisme à corriger le tir vendredi.

Témoignant la veille en commission parlementaire sur la Stratégie gouvernementale de développement durable 2015-2020, M. Dorval avait notamment plaidé pour une migration des familles vivant dans des municipalités dévitalisées vers des régions mieux nanties.

Le mémoire déposé par le CPQ incitait Québec à «réallouer une partie des budgets actuellement consacrés au maintien des municipalités dévitalisées vers des mesures facilitant la relocalisation des ménages qui y habitent».

«Si on ne peut pas faire de diversification, si on ne peut pas permettre à la région de pouvoir développer un autre type d’activité économique pour subvenir aux besoins des gens, il ne faut pas se fermer les yeux (…) alors que d’autres endroits ont besoin de main-d’oeuvre», avait dit M. Dorval.

Selon lui, il fallait également arrêter de «penser» qu’il était possible de «maintenir artificiellement» une région ou une municipalité qui n’était pas «viable».

D’après les données du ministère des Affaires municipales et Occupation du territoire datant de 2006, le Québec comptait 152 municipalités dévitalisées, dont la majorité se trouve sur la Côte-Nord ainsi que dans l’Est du Québec.

Ces propos avaient aussitôt soulevé l’ire, en commission parlementaire, des députés péquiste de Jonquière Sylvain Gaudreault et caquiste de Groulx Claude Surprenant, qui avaient remis en question certaines propositions avancées par M. Dorval.

D’autres députés, dont le péquiste Pascal Bérubé, des intervenants locaux, maires de petites municipalités ainsi que la Fédération québécoise des municipalités du Québec (FQM) ont depuis dénoncé le contenu du mémoire déposé par le CPQ.

Selon la FQM, les positions énoncées par l’organisme à l’endroit des régions sont «truffées de préjugés (et) de mépris envers la population».

Depuis, l’organisme patronal a envoyé un courriel à l’attention des députés de l’Assemblée national pour bonifier son mémoire et «corriger le tir» à la suite des «commentaires négatifs» visant l’intervention de M. Dorval.

«Le CPQ a reçu plusieurs commentaires négatifs à l’égard d’éléments (…) et tenait à préciser davantage sa pensée et la portée de ses recommandations dans le contexte du développement durable», souligne le courriel.

L’organisme patronal estime toutefois que l’intervention de son président-directeur général a suscité des «commentaires constructifs» puisqu’il a soulevé des «enjeux et la nécessité de pouvoir en discuter avec ouverture».

Dans la nouvelle version de son mémoire, le Conseil plaide pour la coopération entre les pouvoirs publics et les parties prenantes dans certaines municipalités dévitalisées pour la mise en place de «solutions durables».

«La dévitalisation graduelle de certaines municipalités entraîne évidemment une situation difficile pour les travailleurs et les commerçants qui continuent d’y demeurer, écrit-on. Le niveau de vie et la qualité de vie des citoyens, peu importe la localité ou la communauté, dépendent de l’activité économique générant des emplois et donc des salaires et des revenus décents.»

Le CPQ suggère également au gouvernement Couillard de «prioriser» son intervention à travers les municipalités afin de stimuler la création d’emplois à des endroits «économiquement viables» en plus de développer «l’employabilité» des personnes en âge de travailler dans ces localités.

Après avoir pris connaissance du courriel envoyé par le CPQ, M. Gaudreault a salué, sur sa page Facebook, la sortie de l’organisme patronal, indiquant qu’il venait de «voir la lumière».

De son côté, M. Dorval n’était pas disponible pour une entrevue, a-t-on indiqué au CPQ.

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