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Pipeline Énergie Est: à la rencontre des communautés touchées par le projet

«C’est très répandu ici, ça rapporte beaucoup d’argent et crée beaucoup d’emplois. Ça peut représenter un conflit d’intérêts, dépendamment de ce qui vous concerne le plus… Est-ce que c’est l’agriculture ou est-ce la nécessité d’extraire le plus de pétrole possible de la terre? Je n’ai pas de solution, mais je vois beaucoup de problèmes par contre. » - Zoe Gould, éleveuse à Consort, Alb. Photo: Robert van Waarden

Le projet de pipeline entre l’Alberta et le Nouveau-Brunswick déchaîne les passions et pas uniquement au Québec. Pour en évaluer l’impact, le photographe environnementaliste Robert van Waarden a parcouru le tracé du projet l’été dernier à la rencontre des communautés concernées. Le résultat intitulé Le long du pipeline fera l’objet d’une exposition présentée à partir du 28 février à la Maison du développement durable. Entretien.

Quel est le degré d’acceptation du projet?
Pendant deux mois et demi, j’ai parcouru le Canada et interviewé environ 75 personnes. Même si ce n’est pas scientifique, la majorité (environ 50 à 55%) était opposée au projet. Environ 25% à 30% n’avait pas d’opinion marquée. Et environ 20% des personnes rencontrées étaient en faveur du projet, principalement en Alberta et en Saskatchewan, où l’industrie pétrolière est bien implantée. Mais même là, tout le monde convenait qu’il faut trouver une solution de rechange aux hydrocarbures. Le constat est le même dans les différentes communautés des Premières Nations où je me suis rendu. [Selon un sondage Léger réalisé en décembre au près de 1396 canadiens, le soutien à l’industrie pétrolière et gazière ne dépasse pas 30,3% au pays)

Quels sont les arguments avancés par les différentes parties?
Ceux qui sont en faveur soulignent l’impact économique. Dans certaines communautés isolées où l’agriculture et la foresterie sont en déclin, chaque job compte et les revenus fonciers offerts provoquent une certaine forme d’aveuglement, car ils restent incomparables par rapport aux risques encourus. D’autres avancent que le transport de pétrole par pipeline est plus sécuritaire que le transport par train. Mais ce qu’on élude c’est que les projets d’expansion de l’industrie des sables bitumineux incluent le rail ET les pipelines. L’ajout de nouveaux tracés de pipelines ne supprimera pas le transport par rail. Les opposants soulignent que les 4600 km de pipelines traverseront des centaines de cours d’eau qui servent de source d’approvisionnement pour plusieurs municipalités. Ils se demandent aussi pourquoi ils devraient assumer les risques alors que les entreprises qui encaisseront les bénéfices sont pour beaucoup des entreprises étrangères qui exporteront le pétrole.

Y a-t-il des éléments du projet dont on n’a pas assez parlés
Sur une importante partie du tracé, il s’agit d’inverser le flux d’un gazoduc et d’y faire circuler du pétrole dilué au lieu de gaz naturel. Dans le nord-ouest de l’Ontario et au Manitoba, il y a déjà eu 3 explosions ces 20 dernières années. Quand c’est du gaz naturel et que c’est dans une région éloignée, c’est moins dommageable, mais imaginez un peu avec du pétrole. Mentionnons aussi que, pour faire circuler ce pétrole dans le pipeline, il faudra le diluer avec d’importantes quantités de produits chimiques qu’il faudra importer par train d’est en ouest, à travers le Canada. Un déversement de quelques litres dans une rivière serait excessivement dommageable. Le dernier aspect à ne pas négliger serait l’impact sur les changements climatiques. Pour respecter l’objectif de limiter la hausse des températures à +2°C d’ici 2100, le Canada devrait laisser 85% des sables bitumineux dans le sol. C’est avec cet idée en tête qu’il faut juger de la pertinence ou non de construire de nouveaux pipelines.

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Ce qu’en dit TransCanada.

L’entreprise albertains qui soutient le projet Énergie Est indique de son côté avoir réalisé près d’une centaine de rencontres d’information le long du tracé «On rencontre les citoyens et les élus locaux pour répondre à leurs questions et démystifier le projet. Ça permet d’adresser les mythes et de répondre aux préoccupations. l ly a un appui assez impressionnant», affirme de son côté Jonathan Abecassis, un des portes parole de l’entreprise.

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