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Le ministre Yves Bolduc confirme son départ

QUÉBEC – Après avoir placé le gouvernement dans l’embarras une nouvelle fois avec ses propos sur les fouilles à nu, le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, a annoncé jeudi qu’il quittait la vie politique pour retourner à la pratique médicale.

M. Bolduc, qui touchera son allocation de transition d’environ 152 000 $, a fait part de sa décision jeudi matin au premier ministre Philippe Couillard et au caucus des députés libéraux, avant la période des questions à l’Assemblée nationale.

Après sa rencontre avec ses collègues, M. Bolduc, qui est médecin omnipraticien, a rencontré les journalistes dans un corridor du parlement, aux côtés de M. Couillard.

«Ce que j’ai annoncé à tous, c’est que j’ai pris la décision personnelle de retourner en pratique médicale, a-t-il dit. C’est une décision qui m’appartient, compte tenu de tout ce qui se passe autour en termes d’événements et de nouvelles.»

Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur depuis les élections d’avril dernier, M. Bolduc renonce également à son siège de député de la circonscription de Jean-Talon à Québec, qu’il représentait depuis 2008.

«Je démissionne en tant que ministre et également en tant que député, a-t-il dit. Donc c’est un départ de la politique.»

M. Couillard, qui avait refusé au cours des derniers jours d’exprimer sa confiance à l’endroit précisément de M. Bolduc, a évoqué le fait que M. Bolduc lui avait succédé au ministère de la Santé et dans Jean-Talon, quand il a lui-même choisi de quitter la politique avant de faire un retour.

«Il y a des journées douloureuses, il y a des journées tristes en politique, c’est une journée comme ça, a-t-il dit. Ceux qui en ont fait le savent et le sauront. J’ai accepté la décision de mon ami, de mon collègue Yves, celui que j’ai amené en politique en 2008 alors que moi je quittais le ministère de la Santé.»

L’attachée de presse de M. Bolduc, Yasmine Abdelfadel, a confirmé qu’il touchera sa prime, estimée à 152 000 $ par la Ligue des contribuables du Québec.

Depuis la semaine dernière, M. Bolduc était devenu une source d’embarras pour le gouvernement à la suite de déclarations à propos des fouilles à nu dans les écoles.

Cette semaine, en plus de refuser d’exprimer sa confiance envers son ministre, M. Couillard avait laissé la porte ouverte à un remaniement ministériel.

Jeudi, M. Couillard a souligné la contribution politique de M. Bolduc, dont le départ évitera au premier ministre un remaniement qui aurait été inhabituel après moins d’un an au pouvoir.

«Je voudrais encore une fois redire mon appréciation, mon amitié, mon chagrin également à Yves, a-t-il dit. C’est pas des moments agréables pour personne et la principale personne évidemment, c’est elle qui souffre le plus dans une journée comme ça. Mais il a autour de lui une famille, des proches, une carrière médicale qui l’attend.»

M. Couillard s’est consolé du départ de M. Bolduc en insistant sur son retour à la pratique de la médecine.

«Je pense que c’est une décision qui de toute évidence est sereine, j’ai été frappé par ça ce matin, a-t-il dit. Je lui souhaite bonne chance. D’abord je sais que c’est un excellent médecin, il y a des bonnes nouvelles pour plusieurs patients.»

M. Couillard a affirmé qu’un successeur à M. Bolduc sera désigné prochainement, sans préciser d’échéancier.

«Il y aura dans les meilleurs délais un ajustement au conseil des ministres pour prendre acte de cette situation», a-t-il dit.

Les noms de la ministre de la Culture, Hélène David, et celui du ministre de l’Emploi, François Blais, ont circulé cette semaine.

En fin de journée, le cabinet de M. Couillard a diffusé un communiqué annonçant des «ajustements» vendredi matin.

Yves Bolduc, qui aura 58 ans la semaine prochaine, avait été ministre de la Santé et des Services sociaux, de 2008 à 2012, dans le précédent gouvernement libéral de Jean Charest.

À la suite de l’élection des libéraux, en avril dernier, M. Bolduc est rapidement devenu une source d’embarras pour le gouvernement.

En juin, le ministre de l’Éducation s’est retrouvé au centre d’une controverse en raison d’une prime de 215 000 $ qu’il avait reçue à titre de médecin omnipraticien, durant le bref passage des libéraux dans l’opposition.

Cet incitatif visait à stimuler la prise en charge de patients, que M. Bolduc a cependant dû abandonner, ses fonctions de médecin étant incompatibles avec celle de membre du conseil des ministres.

À la fin de l’été, M. Bolduc a suscité une nouvelle controverse en affirmant que les bibliothèques scolaires disposaient d’assez de livres.

«Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres», avait-il dit.

La semaine dernière, M. Bolduc a fait les manchettes dans plusieurs pays en affirmant qu’il était acceptable que des directions d’écoles procèdent à des fouilles à nu d’élève en cas de soupçon de possession de drogue.

«Il est permis de faire des fouilles à nu, à une seule condition, il faut que ça soit très respectueux, il y a un cadre qui doit être respecté», a-t-il déclaré le 17 février.

En Chambre, le chef péquiste intérimaire Stéphane Bédard a estimé que le départ de M. Bolduc expose l’échec du premier ministre.

«Il y a dans le remaniement annoncé par le premier ministre l’aveu d’un mauvais jugement, de l’incapacité à structurer une équipe en mesure d’être à l’écoute et surtout de répondre aux attentes des Québécoises et des Québécois», a-t-il dit.

Porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ), Jean-François Roberge, a affirmé que la décision de M. Bolduc de réclamer sa prime de transition constitue son «ultime manque de jugement».

«Il aurait dû retourner sa prime pour des patients qu’il avait abandonnés, a-t-il dit. Cette fois-ci c’est son mandat qu’il abandonne après même pas un an. Je pense que les citoyens ont suffisamment payé. Je ne crois pas qu’il soit correct pour lui de conserver sa prime.»

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a observé que la position défendue d’abord par M. Bolduc sur les fouilles à nu lui avait été glissée par le cabinet de M. Couillard.

«Finalement, sa bourde, c’est la bourde de l’équipe du premier ministre et là c’est lui qui paie», a-t-il dit.

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