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Immigration: Pierre Karl Péladeau s'excuse

Pierre Karl Péladeau
Pierre Karl Péladeau Photo: Denis Beaumont/Métro

QUÉBEC – Le candidat à la direction du Parti québécois Pierre Karl Péladeau a présenté ses excuses, jeudi, après avoir provoqué une controverse avec ses propos sur la démographie et l’immigration.

M. Péladeau a été la cible de critiques des libéraux, à Québec, mais aussi des conservateurs et des néo-démocrates, sur la scène fédérale, après avoir laissé entendre que la démographie et l’immigration pourraient nuire au projet de souveraineté.

Après s’être dans un premier temps défendu d’avoir fait une erreur, jeudi matin, M. Péladeau a finalement présenté ses excuses sur sa page Facebook, en fin de journée, dans une déclaration soigneusement rédigée.

«J’aimerais m’excuser de la malheureuse phrase sur la démographie et l’immigration que j’ai dite (mercredi), a-t-il écrit. Cette phrase était inappropriée et ne reflète pas ma pensée. Le succès de notre projet collectif dépend de notre capacité de rassembler l’ensemble des Québécois de toutes origines.»

Favori dans la course, M. Péladeau, actionnaire de contrôle du conglomérat Québecor, s’est engagé à faire preuve de «leadership sur cette question, à poser des gestes concrets pour maintenir le dialogue avec les communautés et travailler fort pour mieux expliquer le projet et les bénéfices de l’indépendance du Québec».

«Si je me suis engagé en politique, c’est pour faire du Québec un pays qui continuera d’être généreux pour l’ensemble des citoyens, quelle que soit leur origine, a-t-il déclaré. Je travaille d’ailleurs étroitement avec le député de Bourget, Maka Kotto, pour que nous engagions un dialogue constant, riche et convergent de nos expériences respectives. C’est un objectif incontournable.»

Dès jeudi matin, les propos de M. Péladeau, prononcés lors d’un débat des candidats à l’Université Laval, avaient été critiqués par le premier ministre Philippe Couillard, qui a dénoncé le nationalisme ethnique du PQ.

«Depuis la charte il y a une dérive qui est très malheureuse, il n’y a plus d’arguments financiers, il n’y a plus d’arguments économiques pour la séparation du Québec, ce qui fait qu’on essaie de s’accrocher à n’importe quoi, a-t-il dit. Ce qu’on a actuellement, c’est une déviation claire vers le nationalisme ethnique, depuis l’époque de la charte, ce qui doit faire frémir ceux qui ont fondé ce parti-là.»

Lors d’un point de presse, avant une réunion de ses députés à l’Assemblée nationale, M. Couillard a affirmé que le malaise exprimé par les autres candidats était insuffisant.

Le chef intérimaire, Stéphane Bédard, aurait dû immédiatement prendre ses distances au nom du PQ, a indiqué le premier ministre.

Alors que M. Bédard était invisible jeudi matin et que les officiers parlementaires refusaient de commenter, M. Couillard a fait un amalgame entre les propos de M. Péladeau et le PQ.

«Normalement, le parti aurait dû lui-même immédiatement condamner ces propos, le chef intérimaire, la direction du parti, a-t-il dit. Que les candidats disent ce qu’ils ont à dire c’est bien, mais ça va beaucoup plus loin que ça.»

Un attaché de presse du siège national du PQ a affirmé que le parti observait un devoir de réserve concernant les débats reliés à la course à la direction.

De son côté, jeudi, M. Péladeau s’était d’abord défendu d’avoir fait une erreur en affirmant que le temps pressait pour faire l’indépendance en raison de la démographie et de l’immigration.

«J’ai utilisé la formule 25 ans, ça veut dire que nous n’avons pas énormément de temps et c’est là aussi le sens de mon intervention, a-t-il dit. Il faut être rationnel dans la façon dont nous allons nous engager dans le processus de souveraineté.»

M. Péladeau a toutefois répété que l’immigration constitue une richesse dont le Québec bénéficie.

Avant le caucus libéral, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a fait un parallèle entre le PQ et le Front national, un parti d’extrême-droite en France.

«Les propos de M. Péladeau, c’est extraordinairement inquiétant, a-t-il dit. Le Parti québécois est en train de démontrer son vrai visage, c’est un parti sectaire. Les interventions du PQ sont des interventions divisives.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a affirmé que la déclaration de M. Péladeau est malhabile étant donné qu’une majorité de Québécois, et pas seulement les immigrants, rejettent l’indépendance actuellement dans les sondages.

«M. Péladeau semble vouloir faire porter le blâme aux immigrants pour un éventuel échec sur un appui à la souveraineté du Québec, je pense que c’est très malhabile», a-t-il dit.

La députée Françoise David, de Québec solidaire, a estimé que les propos M. Péladeau sont d’une autre époque alors que plusieurs militants et élus souverainistes, notamment au PQ, sont issus de l’immigration.

«Je pense que c’est de la pure bêtise, a-t-elle dit. Tania Kontoyanni, Maka Kotto, Amir Khadir, Andrés Fontecilla, Ruba Ghazal, tous souverainistes, tous candidats, députés, voire ministres de certains partis souverainistes, tous militants pour la souveraineté. Je pense que M. Péladeau a la mémoire très courte, premièrement, et deuxièmement il ne comprend rien à l’intégration. Il faut qu’il fasse ses classes.»

Les propos de M. Péladeau ont eu des échos jusque sur la scène fédérale, où le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a fait un parallèle entre le politicien québécois et le premier ministre conservateur Stephen Harper.

«M. Péladeau est en train d’utiliser les mêmes stratégies que Stephen Harper, a-t-il dit dans un point de presse à Vancouver. Et c’est vraiment dommage. Il est en train, comme Stephen Harper, de diviser les Canadiens les uns contre les autres, dire que le vote de certains membres de notre extraordinaire pays, certains Québécois, ont plus de droits que d’autres. Et je pense qu’il devrait rectifier le tir très rapidement.»

Du côté du cabinet de M. Harper, le directeur des relations avec les médias, Stephen Lecce, a signifié que les conservateurs prennent leurs distances des propos de M. Péladeau.

«Nous croyons que la plupart des Québécois rejettent la souveraineté, mais nous croyons qu’un nombre encore plus important d’entre eux rejettent cette forme de nationalisme, telle que mise de l’avant par M. Péladeau, a-t-il écrit dans un courriel. Ceci étant dit, nous ne ferons aucun autre commentaire sur la course au leadership.»

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