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Une membre de FEMEN expulsée du parlement

OTTAWA – On entend depuis des semaines des députés s’opposer au projet de loi C-51 depuis leurs banquettes aux Communes. On a entendu lundi une militante de FEMEN Québec le faire avec grand bruit du haut des gradins.

«C-51, guerre contre la liberté!», a notamment scandé en anglais Neda Topaloski. Fidèle au modus operandi du groupe militant, elle l’a fait en exhibant ses seins, alors que les parlementaires débattaient d’une autre mesure législative.

Les gardiens de sécurité du parlement ont dû pourchasser la Montréalaise âgée de 29 ans pendant un petit moment avant de lui mettre le grappin dessus et de l’expulser de la Chambre des communes.

«J’ai essayé de rester le plus longtemps possible en m’agrippant à des trucs, mais ils ont fini par me sortir», a relaté la militante en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, peu après son coup d’éclat.

Le groupe FEMEN Québec estime que le projet de loi antiterroriste C-51 criminalise la liberté d’expression en considérant son exercice comme un acte terroriste.

«C’est un projet de loi terroriste. L’État devient terroriste avec cette mesure totalitaire de répression», a résumé Mme Topaloski, disant regretter que les caméras des Communes n’aient pas capté d’images de son geste de protestation.

«C’est vraiment malheureux qu’il n’y en ait pas eues, parce que voir une femme qui s’insurge contre le système, qui est nue alors que le reste est en habit très protocolaire, c’est comme une dynamique symbolique», a-t-elle déploré.

Les députés qui débattaient aux Communes, eux, n’ont rien manqué de l’action qui s’est déroulée à quelques pieds au-dessus de leur tête. Plusieurs ont exprimé leur stupéfaction à l’issue de l’incident.

«En Chambre, les députés, on a figé. Même le président de la Chambre a mis un certain temps avant d’indiquer qu’il interrompait le discours pour en fait laisser la personne sortir», a relaté la néo-démocrate Annick Papillon en entrevue téléphonique.

Sa collègue Rosane Doré Lefebvre, qui mène la lutte contre C-51 aux Communes et autour de la table du Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense, a jugé le geste un peu déplacé.

«L’enceinte de la Chambre des communes, ce n’est pas un endroit approprié pour manifester», a-t-elle résumé en point de presse à l’issue de la période des questions.

Neda Topaloski ne pourra y revenir de sitôt, ayant été bannie du parlement pour une période d’un an. Elle n’a été accusée d’aucune autre infraction, a indiqué la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Des câlins et des fleurs

Un autre groupe opposé à C-51 a mené une action hors de l’ordinaire — mais qui se voulait plus tendre — sur la colline du parlement, lundi.

Ils ont été quelques-uns à braver le froid qui sévissait dans la capitale fédérale après avoir fait le trajet entre Toronto et Ottawa pour offrir des câlins et des fleurs aux élus.

Des gestes destinés à aider les députés à passer par-dessus le traumatisme qu’ils ont vécu lors de l’attentat survenu au parlement, et qui mine la capacité de certains à légiférer avec suffisamment de recul, a expliqué une organisatrice.

«Ils ont vécu des événements vraiment terribles le 22 octobre dernier, et nous avons l’impression qu’ils se laissent guider par la peur en légiférant», a suggéré Veronica Campbell.

«C’est un projet de loi omnibus qui témoigne vraiment de la peur qui a été semée il y a six mois plutôt que d’un sentiment d’espoir pour l’avenir», a-t-elle poursuivi.

Ces deux actions ont donné le coup d’envoi à une semaine qui se déroulera en grande partie sous le signe du projet de loi C-51.

La mesure législative est présentement à l’étude en comité parlementaire. Cette semaine, elle doit faire l’objet de six rencontres de deux heures, de jour comme de soir, et parfois à raison de deux réunions quotidiennes.

Le gouvernement Harper n’a donné aucun signe tangible d’ouverture à des amendements, ce que les ministres qui coparrainent le projet de loi, Steven Blaney (Sécurité publique) et Peter MacKay (Justice), ont tous deux semblé réitéré lundi.

Ceux qui s’opposent au projet de loi lui reprochent de donner trop de pouvoir au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et craignent qu’il ne conduise à la répression des manifestations et de la désobéissance civile.

Jusqu’à présent, les députés qui siègent au comité ont surtout entendu des témoignages défavorables d’experts et de représentants de groupes sociaux.

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