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Hijab à la cour: requête devant le tribunal

MONTRÉAL – Deux avocats s’adressent à la cour pour obtenir un jugement déclaratoire dans le dossier de Rania El-Alloul, cette musulmane qui n’a pu plaider sa cause devant une juge de la Cour du Québec parce qu’elle avait refusé d’enlever son hijab.

Ils porteront également plainte au Conseil de la magistrature, non pas pour obtenir un blâme contre la juge, mais pour que cette question du port de vêtements religieux devant le tribunal soit clarifiée.

Les deux avocats, Mes Julius Grey et Mathieu Bouchard, ont rencontré la presse, vendredi à Montréal, pour expliquer leurs démarches, aux côtés de Mme El-Alloul et d’un représentant du Conseil national des musulmans canadiens.

Me Grey assure que le but n’est pas d’obtenir un blâme ou un dédommagement, mais bien de faire déclarer par la Cour supérieure que le port de vêtements religieux doit être permis devant le tribunal et qu’il n’appartient pas à un juge de décider si cela est convenable ou pas.

«Je n’ai pas fait une étude approfondie de la possibilité d’obtenir des dommages de quelqu’un. Tout ce que je pourrais dire, c’est que le but de cette procédure n’est pas l’obtention de dommages, pas plus que de faire démissionner la juge. Le but est d’établir un principe une fois pour toutes: que tout le monde est bienvenu devant les cours de justice», a résumé Me Grey.

«Ici, une décision d’une juge de la Cour du Québec a laissé planer un doute. Alors on veut éliminer le doute, parce qu’autrement, on penserait que ça dépend de la discrétion de chaque juge. Et on veut établir que non. Cela n’est pas discrétionnaire», a opiné Me Grey.

Les avocats porteront également plainte au Conseil de la magistrature afin qu’il clarifie les règles pour l’ensemble des juges.

«Le Conseil de la magistrature peut peut-être émettre des directives à tous les juges en disant qu’il est établi, maintenant, que vous ne pouvez pas, que ce n’est pas le choix du juge» de permettre ou non le port de vêtements religieux lors d’une audience, a résumé Me Grey. Un juge «a beaucoup de discrétion dans une salle de justice, mais pas celle-là», a opiné l’avocat spécialisé dans les questions de droits de la personne.

Lorsqu’elle s’est présentée devant la Cour du Québec, le 24 février dernier, Mme El-Alloul cherchait à récupérer sa voiture qui avait été saisie. Toutefois, sa cause n’avait pu être entendue sur le fond, puisque la juge Eliana Marengo avait déterminé que Mme El-Alloul n’était pas vêtue convenablement, comme cela doit être le cas devant un tribunal.

«Le tribunal est important. Un chapeau ou des lunettes de soleil, par exemple, ne sont pas autorisés et je ne vois pas pourquoi un foulard sur la tête devrait l’être. La même règle doit s’appliquer à tout le monde», avait affirmé en anglais la juge à Mme El-Alloul.

«Je ne vais donc pas vous entendre si vous portez un foulard sur votre tête, comme je ne permettrais pas à une personne de comparaître devant moi si elle portait un chapeau ou des lunettes de soleil ou tout autre vêtement qui n’est pas convenable lors d’une audience du tribunal», avait ajouté la juge Marengo.

Quant à savoir qui défraiera le coût des procédures judiciaires, Me Grey a jugé qu’il n’était pas opportun d’en parler lors d’une conférence de presse. Il a affirmé qu’il n’avait aucun arrangement à ce sujet.

Toutefois, le Conseil national des musulmans canadiens a fait savoir qu’il acceptait les dons pour payer ces frais. De plus, comme Mme El-Alloul a refusé la somme de 50 000 $ qui avait été amassée pour lui procurer une voiture, les organisateurs de la campagne se sont dits prêts à en utiliser une part pour rembourser les frais juridiques. Mme El-Alloul tenait à ce que la somme serve à la défense des droits de la personne.

Mme El-Alloul était présente à la conférence de presse, mais n’a pas voulu répondre aux questions des journalistes. Elle a simplement lu une déclaration en anglais.

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