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Le Front commun va laisser la chance à la négo

QUÉBEC – En attendant les grandes manoeuvres de l’automne, le Front commun des syndicats du secteur public tend la main au gouvernement Couillard pour qu’il «négocie de bonne foi».

Les conventions collectives des quelque 530 000 employés du secteur public arrivent à échéance ce mardi et environ 2500 d’entre eux, membres du Front commun syndical, sont réunis à Québec pour une journée de «réflexion» sur la grève.

Même si un gouffre sépare les parties sur la question salariale, la grève n’a pas encore la cote auprès des syndiqués et elle demeure évitable, a tenu à souligner le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer.

«On a bien beau dire que les conventions collectives se terminent aujourd’hui (mardi), mais ce n’est pas vrai qu’on peut déclencher une demain matin», a-t-il dit aux côtés de Carolle Dubé, du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), et de Francine Lévesque, de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

«Ce n’est pas simple d’aller chercher des mandats de grève lorsqu’on représente 400 000 travailleurs, a concédé le président de la FTQ. De toute façon, l’objectif de la journée n’est pas de déclencher une grève, c’est d’amener le gouvernement à négocier de bonne foi et c’est ce que tout le monde souhaite dans la salle.»

Lors d’un vote, en matinée, les délégués ont clairement affiché leur volonté de laisser la chance à la négociation, a relaté M. Boyer.

«On a fait voter les gens ce matin. Il y a 2500 personnes qui se sont prononcées en faveur d’une négociation de bonne foi de leur convention collective et je pense que c’est ce qui nous guide avant toute chose», a-t-il dit.

Le Front commun a déposé des demandes d’augmentation salariale de l’ordre de 4,5 pour cent par année, pour une convention collective d’une durée de trois ans.

Des demandes qui semblent «venir d’une autre époque», aux yeux du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, qui évalue à 5 milliards $ par année le coût des demandes syndicales.

Plongé dans une opération d’assainissement des dépenses publiques, Québec propose plutôt un gel de salaire sur deux ans, suivi d’une augmentation annuelle de 1 pour cent pour les trois années suivantes.

Avec une croissance des dépenses limitée à 1,2 pour cent pour l’année en cours, la marge de manoeuvre du gouvernement pour satisfaire le Front commun apparaît bien mince. Mais cette marge existe néanmoins, estime M. Boyer.

«Moi, je pense que le gouvernement peut se donner des marges de manoeuvres. Il transfert des sous dans le Fonds des générations et il y a peut-être des sous à aller chercher, a-t-il évalué. J’étais optimiste avant le budget de la semaine dernière, je le suis un peu moins, mais je demeure encore optimiste. On veut donner une chance à la négociation de bonne foi.»

Dans le camp syndical, les prochains mois seront consacrés à préparer le terrain pour des moyens de pression «lourds», y compris la grève, si jamais le gouvernement libéral reste campé sur ses positions.

«Il faudra passer par le processus de médiation, faudra consulter l’ensemble de nos membres. Est-ce qu’on a un mandat de grève? Est-ce qu’on a un mandat pour d’autres moyens de pression? La grève doit s’exercer au moment où ça ira suffisamment mal aux tables de négociation», a expliqué M. Boyer.

Et dans ce cas, il faudra attendre quelques mois.

«Je vous dirais qu’avant l’automne, c’est à peu près impossible, légalement à peu près impossible. Il faut convenir des services essentiels dans la santé et dans la fonction publique, mais on sera prêt le moment venu», a-t-il dit.

Vice-présidente de la CSN, Mme Lévesque a fait savoir de son côté que la partie syndicale veillera au grain d’ici l’automne pour «jauger» l’allure des négociations et éviter un effritement du Front commun.

«On va surtout rester collés à l’évolution des tables de négociation. Notre objectif, c’est une bonne convention collective. (…) On va travailler à rester unis et solidaires entre nous, parce que ça fait partie des éléments qui sont majeurs», a-t-elle noté.

Les leaders syndicaux ont refusé, par ailleurs, de commenter le report possible à l’automne du mouvement de grève des étudiants membres de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ).

Ce changement de cap permettrait-il d’accroître le rapport de force du Front commun?

«C’est une décision qui appartient à l’ASSÉ», a déclaré laconiquement le président de la FTQ.

À l’heure du midi, mardi, les délégués ont manifesté devant l’Assemblée nationale pour démontrer au gouvernement leur détermination à obtenir un règlement satisfaisant.

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