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Des organismes dénoncent la répression politique

MONTRÉAL – La Ligue des droits et libertés ainsi qu’une trentaine d’organisations étudiantes, syndicales et sociales diverses demandent aux gouvernements provincial et municipaux de rappeler à l’ordre leurs forces policières et de cesser ce qu’elles estiment être désormais une répression politique.

En conférence de presse, mercredi, ces organismes ont reproché aux autorités d’endosser et de banaliser la brutalité policière.

«Les personnes qui s’expriment actuellement par la voie des manifestations posent un acte politique tout à fait légitime qui est protégé par nos chartes des droits et libertés», a dit la coordonnatrice de la Ligue, Nicole Filion.

«Considérant la gravité de la situation, nous réclamons l’arrêt immédiat du recours aux différentes armes qui sont actuellement utilisées pour contrôler des foules, l’arrêt immédiat des arrestations de masse, ainsi que la fin de cette répression politique», a-t-elle ajouté.

Les groupes affirment que ces tactiques, assorties d’une utilisation abusive d’armes de contrôle de foule dangereuses qui ont fait plusieurs blessés, ainsi que les arrestations massives, sont autant d’atteintes directes au droit de manifester.

«Il n’y a aucune raison d’utiliser des armes de la sorte, des violences de la sorte face aux (manifestants et aux étudiants) qui ne font qu’exprimer leur droit fondamental à la liberté d’expression, a fait valoir la porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Camille Godbout. Ce sont des gens qui sont sans défense, qui ne sont dans la rue que pour défendre leurs idéaux.»

«Quand on tente de faire appliquer nos droits politiques de base, ce à quoi on fait face c’est les matraques, les coups de bouclier au visage, des balles de caoutchouc lancées au visage ou dans les jambes ou dans le dos, des souricières, des arrestations arbitraires, violentes, non justifiées, le risque de se faire blesser, les risques judiciaires et légaux qui nous empêchent de s’impliquer pour des années à venir», a renchéri Fanny Poirier, du Comité printemps 2015.

Selon les porte-parole, l’utilisation de tactiques musclées dès le début du mouvement de grève sociale des étudiants témoigne d’une volonté de tuer dans l’oeuf un mouvement social avant qu’il ne prenne de l’ampleur.

«On cherche à répondre et à résister à l’augmentation des tarifs dans les CPE et à Hydro-Québec, aux coupes dans nos écoles, dans nos cégeps, dans nos universités, dans les services publics, dans les services à la population», a fait valoir la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi.

«Il est juste normal que nous réagissions, mais cette répression politique a certainement pour objectif de nous faire peur et de faire peur aux personnes qui veulent contester», a déploré Mme Conradi.

Les organisations participantes soutiennent par ailleurs que le refus de donner un itinéraire de manifestation est en soi un geste politique qu’elles justifient par leur opposition à «un encadrement qui permet l’exercice d’un pouvoir discrétionnaire de la part de la police», a affirmé Nicole Filion.

Celle-ci a d’ailleurs reproché aux policiers, à l’instar d’autres porte-parole, d’utiliser ce pouvoir discrétionnaire pour faire du profilage de manifestants, plus spécifiquement des étudiants.

«Ce sont tout simplement des règlements qui permettent à la police d’exercer un traitement différencié selon le thème de la manifestation ou selon leur bon vouloir, a-t-elle ajouté. Les gens qui ne donnent pas d’itinéraire, c’est un geste politique pour s’opposer à un tel règlement qui encadre un droit qui est fondamental et tout à fait légitime d’occuper la rue.»

Parmi les organisations ayant donné leur appui, outre la Ligue des droits et libertés et l’ASSÉ, on note la CSN et la FTQ, plusieurs syndicats d’enseignants, des groupes écologistes et plusieurs organismes socio-communautaires.

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