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L’aide publique au développement demeure gelée

OTTAWA – Le ministre fédéral des Finances Joe Oliver a annoncé, mardi, le prolongement du gel de l’aide publique canadienne au développement (APD) des pays les plus pauvres de la planète. Le budget contient toutefois une nouveauté dans le domaine, l’Initiative de financement du développement (IFD).

Cette mesure s’inscrit dans la lignée des priorités du gouvernement conservateur, qui souhaite une participation accrue du secteur privé en matière de développement international. Toutefois, les organismes de coopération internationale estime que l’IFD est très risquée et qu’elle ne saurait se substituer à l’APD, d’abord destinée à la réduction de la pauvreté.

L’IFD «viendra soutenir un développement international efficace en offrant un financement, une aide technique et des services consultatifs aux entreprises du secteur privé dans le but de faciliter et d’encourager les investissements dans les pays en développement», peut-on lire dans le budget.

Le gouvernement prévoit investir 300 millions $ au cours des cinq prochaines années dans ce programme placé sous l’égide d’Exportation et Développement Canada.

Le Canada est le dernier pays du G7 à mettre en place une telle démarche, qui lui permettra à l’avenir d’accorder du financement à certaines entreprises actives dans des pays à faible ou moyen revenu. Pour être admissibles, leurs activités devront cependant «s’accord[er] avec les priorités existantes du gouvernement en matière d’aide internationale».

Ingénieurs sans frontières Canada, qui a plaidé pour la création d’un tel programme au pays, a accueilli favorablement l’annonce du gouvernement. Son vice-président Stratégie et investissement, Boris Martin, souligne par contre que l’IFD serait plus efficace «quand elle fonctionnerait en tandem avec de l’aide publique au développement».

En 2010, le gouvernement de Stephen Harper avait décidé d’imposer un gel de cinq ans de l’aide au développement dans le but de juguler le déficit. Il devait être levé cette année, mais ce ne sera pas le cas.

Selon les plus récentes analyses de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) les dépenses canadiennes d’APD sont descendues à leur plus bas niveau depuis plus d’une décennie. En 2014, le pays y aurait consacré 0,24 pour cent de son PIB, ce qui très en deçà de l’objectif de 0,7 pour cent établi par les Nations Unies, jamais atteint par le Canada.

En comparaison, le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède ont tous dépassé ce seuil en 2014, et pas pour la première fois.

Le gouvernement Harper explique dans le budget qu’è son avis, l’investissement du secteur privé «est essentiel afin d’obtenir des résultats significatifs sur le plan du développement qui permettent de sortir les gens de la pauvreté et de les mettre sur la voie de la prospérité».

Pourtant, selon un représentant d’une agence de coopération qui ne veut pas être perçu comme critiquant le gouvernement, l’aide au développement ne pas être uniquement laissée aux bons soins des intérêts privés.

«Ils ont un rôle à jouer dans le développement, particulièrement dans les gros projets», reconnaît-il, en soulignant qu’il n’est par contre pas possible de se fier à eux pour investir dans des secteurs qui ne génèrent pas de profits, comme l’éducation et la santé.

Chez Save the Children Canada, Cicely McWilliam rappelle que des milliards de dollars seront nécessaires pour mettre un terme à l’extrême pauvreté et prévenir la mortalité infantile. Pour atteindre ces objectifs, le secteur privé, le gouvernement et la société civile devront travailler de concert «en se basant sur des principes d’efficacité et de responsabilité de l’aide, incluant pour le secteur privé».

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