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Aide sociale: des groupes craignent des pénalités

MONTRÉAL – Des groupes sociaux craignent l’adoption d’un nouveau programme, qui forcera les nouveaux demandeurs de prestations d’aide sociale à suivre des mesures d’employabilité. Ils dénoncent l’aspect obligatoire du programme et craignent que le refus de le suivre entraîne des pénalités pour des gens qui vivent déjà de maigres revenus.

Ce programme appelé Objectif emploi, mentionné dans le dernier budget du Québec, est passé pratiquement inaperçu. On y mentionne qu’il sera doté de crédits de 5 millions $ par année à compter de l’exercice 2016-2017, puis les années suivantes.

On y confirme toutefois qu’il sera un «passage obligé» pour les nouveaux demandeurs de prestations d’aide sociale. Il devrait par exemple apporter une aide à la recherche d’emploi ou une formation d’appoint pour le prestataire.

On ne mentionne pas de pénalités dans les cinq paragraphes qui y sont consacrés dans le budget. On souligne au contraire que la participation au programme permettra d’obtenir une aide financière majorée de près de 250 $ par mois.

Le ministre de la Solidarité sociale, Sam Hamad, responsable du dossier de l’aide sociale, doit préciser les détails de ce programme Objectif emploi au cours des prochains mois.

Interrogé à ce sujet le 14 avril dernier, lors d’une conférence de presse où il précisait les détails de six autres mesures touchant les prestataires de l’aide sociale, le ministre Hamad avait confirmé qu’il annoncerait prochainement une autre mesure concernant «l’aide pour retourner sur le marché du travail, toute la formation, l’accompagnement et tout ça». Il avait assuré que son action serait guidée par «l’équité entre les prestataires (de l’aide sociale) et les gens à faible revenu».

Les groupes intéressés demandent donc à rencontrer le ministre Hamad pour obtenir davantage de détails au sujet de ce futur programme Objectif emploi.

Entre autres, ils en ont contre l’aspect obligatoire du programme. Un programme volontaire et adapté aux différentes clientèles est un meilleur gage de succès, selon eux.

«On trouve ça très peu cohérent qu’actuellement, il y a des coupures par rapport à certaines mesures d’employabilité qui s’adressent probablement aux mêmes gens, des mesures qui sont volontaires, pour réintégrer une aide à l’emploi à travers l’aide sociale et, en plus, obligatoire», a déploré Denis Chicoine, du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation.

Johanne Cooper, du Regroupement des auberges du coeur, qui vient particulièrement en aide aux jeunes en difficulté, note d’ailleurs que certains programmes volontaires, comme Alternatives jeunesse, connaissaient un succès certain, mais ont été victimes de compressions budgétaires.

François Saillant, du Front d’action populaire en réaménagement urbain, déplore que «le gouvernement fait le choix de s’attaquer aux pauvres plutôt qu’à la pauvreté» avec de telles mesures. Il rappelle que les prestataires d’aide sociale consacrent souvent 70 pour cent, voire 88 pour cent et plus de leur chèque au versement de leur loyer. Ils n’ont donc plus guère de marge de manoeuvre financière. La prestation de base à l’aide sociale est de 616 $ par mois.

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