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Le procès Duffy s'invite dans le monde politique

OTTAWA – Un ministre conservateur a invité Mike Duffy à venir parler à ses partisans dans sa circonscription en Colombie-Britannique, mais l’association conservatrice locale n’a payé qu’en partie ce voyage, a-t-on appris mercredi au procès du sénateur suspendu.

Le juge Charles Vaillancourt a entendu un premier témoin siégeant à la Chambre des communes. L’actuel whip du gouvernement, John Duncan, a raconté qu’il avait invité Mike Duffy dans sa circonscription en juin 2009. M. Duncan était alors ministre des Affaires indiennes.

Le témoin a déclaré que M. Duffy s’est rapidement acquis, auprès du caucus conservateur, la forte réputation d’un homme pouvant aider à réunir des fonds et à stimuler les troupes locales.

Le whip a indiqué que l’association de comté avait payé les deux nuitées de Mike Duffy dans un hôtel local et quelques-uns de ses repas. Le président de l’association ayant offert à M. Duffy de payer son vol entre Vancouver et Comox, l’association a reçu une facture du bureau du sénateur, mais le trésorier a refusé de l’acquitter.

Les réclamations de M. Duffy indiquent qu’il a envoyé une facture de 2173 $ au Sénat pour le trajet entre Ottawa et Comox, quelques repas et la location d’une automobile. Le voyage de retour entre Comox et Vancouver avait été payé par un hôte inconnu, probablement l’Institut Fraser où il avait prononcé un discours quelques jours auparavant.

Selon l’agenda du sénateur, M. Duffy aurait aussi rencontré des vétérans au sujet des régimes de pension et des maires locaux. M. Duncan a dit ne pas être au courant de ces rencontres et s’est dit surpris qu’on ne l’ait pas renseigné à ce sujet.

La Couronne tente de prouver que ce voyage de M. Duffy était nettement personnel ou qu’il avait des objectifs partisans.

La défense, de son côté, veut démontrer que les activités partisanes sont inhérentes aux fonctions d’un sénateur.

«Si je comprends correctement, il est venu participer à une activité de votre association à l’autre bout du continent à votre invitation», a demandé l’avocat de Mike Duffy, Donald Byrne.

«Oui», a répondu M. Duncan.

Par ailleurs, deux témoins de la Couronne n’ont pas directement corroboré que le voyage de Mike Duffy à Peterborough — facturé au Sénat — n’était qu’un «séjour de magasinage» pour l’achat d’un chien. Une ancienne éleveuse, Barbara Thompson, a affirmé ne pas avoir été présente à l’exposition canine lors de ce voyage litigieux.

Témoignage de Levant

En début de journée mercredi, l’animateur et commentateur au franc-parler Ezra Levant a témoigné par téléphone au procès de Mike Duffy.

M. Levant, qui a été une tête d’affiche de la chaîne de télévision de Québecor au Canada anglais, Sun TV, a témoigné au sujet de deux contrats de 2100 $ chacun conclus avec le sénateur Duffy, en 2010 et 2011, pour la rédaction de discours.

Le chroniqueur de droite a soutenu qu’il connaît M. Duffy, un ancien courriériste parlementaire à Ottawa, depuis 25 ans, mais il ne va pas jusqu’à le qualifier d’ami.

Le procès du sénateur conservateur suspendu entend à nouveau des témoignages depuis mardi, après des heures de studieuses plaidoiries des avocats concernant la valeur à accorder au rapport d’un comité sénatorial essentiellement basé sur l’évaluation, par le cabinet Ernst & Young, des pratiques administratives à la chambre haute.

La défense souhaite que le juge l’admette en preuve comme un fait établi, alors que la Couronne soutient qu’il ne s’agit que d’un simple avis d’experts. Le juge Charles Vaillancourt, de la Cour de l’Ontario, se prononcera là-dessus en juin.

M. Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d’accusation de fraude, d’abus de confiance et de corruption. La plupart de ces chefs sont liés aux dépenses de fonction du sénateur et à des contrats qu’il a octroyés.

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