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Pierre Karl Péladeau élu chef du Parti québécois

Photo: Jacques Boissinot/La Presse Canadienne

QUÉBEC – Le nouveau chef péquiste Pierre Karl Péladeau, élu vendredi, a lancé un appel à recréer une grande coalition de souverainistes, pour faire passer le Québec à la prochaine étape vers l’indépendance.

Dans un discours qui a suivi l’annonce de sa victoire, M. Péladeau, qui a reçu 57,6 pour cent des suffrages, a affirmé qu’il avait obtenu un mandat clair des militants qui ont exercé leur vote au cours des trois derniers jours.

«Voilà longtemps que nous avons eu une confiance aussi solide en notre option, a-t-il déclaré. Chers membres du Parti québécois, vous m’avez confié un mandat clair: faire du Québec un pays.»

M. Péladeau a insisté sur l’importance de rassembler les souverainistes afin de contrer les fédéralistes qui profitent de la division du mouvement.

«Si nous formons l’opposition aujourd’hui, si nous laissons à d’autres le soin de gouverner le pays, si le Parti libéral du Québec est au pouvoir actuellement, force est d’admettre que les tenants du fédéralisme et les partisans du statu quo profitent de nos divisions, a-t-il dit. Il est dans l’intérêt de nous tous d’y mettre fin et de placer l’intérêt supérieur du Québec avant nos ambitions personnelles.»

M. Péladeau a affirmé que la «grande coalition pour l’indépendance doit renaître».

«Ce soir nous commençons autre chose, ce soir nous commençons le grand rassemblement du Parti québécois, a-t-il dit. Ce soir nous commençons le grand rassemblement des souverainistes et des indépendantistes.»

M. Péladeau, député depuis à peine un an, a réussi à être élu chef dès le premier tour de scrutin, succédant ainsi à Pauline Marois.

Ses deux derniers adversaires en lice, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet, n’ont pas pu forcer le deuxième tour tant espéré pour contrer M. Péladeau, âgé de 53 ans, qui est demeuré favori dans la course malgré son inexpérience.

M. Cloutier, un avocat de 37 ans qui est député péquiste depuis 2007, a obtenu 29,21 pour cent des appuis, contre 13,21 pour cent pour Mme Ouellet, une ingénieure mécanique de 46 ans à l’Assemblée nationale depuis 2008.

M. Péladeau est devenu le huitième chef du Parti québécois, vendredi, au terme d’une course à la direction sur laquelle l’ombre du conglomérat Québecor, dont il est actionnaire de contrôle, n’a cessé de planer.

Lors d’un point de presse qui a suivi, M. Péladeau a répété son engagement à placer son bloc de contrôle d’actions du conglomérat Québecor dans une fiducie.

Le nouveau chef, qui n’a pas indiqué d’échéancier pour compléter cette opération, a toutefois précisé que la nature de ses actifs nécessitera des autorisations d’organismes fédéraux.

«(Étant donné que) la grande majorité des activités de Québecor se situe en télécommunications, en télédistribution et en télédiffusion et que le titulaire d’une licence est nommément désigné, puisqu’il y aura un mandataire ou un fiduciaire, nous devrons obtenir l’autorisation des autorités compétentes, que ce soit Industrie Canada ou le CRTC», a-t-il dit.

Durant sa campagne, M. Péladeau a répété son leitmotiv, soit de «faire du Québec un pays», sans toutefois s’engager à tenir un référendum sur la souveraineté dans le premier mandat d’un gouvernement péquiste.

La victoire de M. Péladeau, qui souhaitait obtenir «un mandat clair et fort», a été accueillie avec force applaudissements et acclamations par les partisans péquistes assistant à l’événement.

Le taux de participation s’élève à 72,9 pour cent. Selon plusieurs médias, le nombre de membres inscrits a été évalué à 71 000.

Paraphrasant René Lévesque dans son discours de victoire en novembre 1976, M. Péladeau a inscrit son élection dans la suite de ses convictions qui l’ont fait voter Oui au référendum de 1980.

«Jamais je n’aurais pensé être aussi fier en ce jour du 15 mai 2015, a-t-il dit. Ce jour qui fait du sentier sur lequel je m’étais engagé un chemin que je suivrai à mon tour dans le plus grand respect de mes prédécesseurs.»

Durant son allocution, devant une salle d’environ 1000 partisans, au centre des congrès de Québec, M. Péladeau a été chaudement ovationné quand il a fait une partie de son discours en anglais, à destination du reste du Canada et des observateurs internationaux.

Soupçonné de vouloir faire glisser le PQ vers la droite, M. Péladeau a situé son orientation «ni à gauche, ni à droite».

«Je veux que le Québec avec le PQ demeure à l’avant-garde et persiste dans le progressisme dans lequel il a toujours été engagé», a-t-il dit.

Mme Ouellet, qui avait mis en garde contre la tentation de modifier l’orientation de centre gauche du parti, s’est montrée satisfaite du positionnement de M. Péladeau.

«Progressisme et social-démocratie, on est pas mal dans la même ligne», a-t-elle dit.

Tant Mme Ouellet que M. Cloutier se sont ralliés à M. Péladeau.

La course qui se termine est la quatrième de l’histoire du PQ à donner lieu à un vote des membres pour le choix de leur prochain chef.

Lors de la première, en 1971, René Lévesque avait été élu avec 79 pour cent des votes. Pierre Marc Johnson a succédé à M. Lévesque, en 1985, en recevant l’appui de 59 pour cent des militants. Vingt ans plus tard, André Boisclair a été nommé chef avec 54 pour cent des suffrages.

Dès mardi, M. Péladeau aura devant lui un nouveau défi, lorsqu’il endossera ses habits de chef de l’opposition officielle, devant le premier ministre Philippe Couillard, mais également le leader du gouvernement Jean-Marc Fournier.

Cette semaine encore, M. Fournier a abordé de front la question des risques de conflits d’intérêts de M. Péladeau, en évoquant le risque que le PQ se transforme en «Parti Québecor» si le péquiste s’entête à conserver le contrôle du conglomérat du secteur des télécommunications et des médias.

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