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Bernard Landry pleure son ami

Bernard Landry
Photo: Archives Métro

Actuellement à Paris, où il assistait à l’intronisation de Dany Laferrière à l’Académie française, Bernard Landry a rendu un vibrant hommage à son bon ami et frère d’armes, Jacques Parizeau décédé lundi soir. Selon lui, le Québec vient de perdre «le meilleur économiste de son histoire contemporaine».

Bernard Landry savait que les heures de son ancien et estimé collègue, Jacques Parizeau, étaient comptées. Il lui avait d’ailleurs rendu visite récemment aux soins palliatifs de Marie-Clarac, où il était hospitalisé: «Je l’ai vu il y a quelque temps. Les signes étaient très alarmants.» Or, lorsqu’on lui a laissé un message vers 22h15 hier, soit un peu moins de deux heures avant que Lisette Lapointe annonce la mort de son mari sur Facebook, il n’était pas au courant. C’est donc Métro qui a appris la terrible nouvelle à l’ancien premier ministre. Très ému, le trémolo dans la voix, Bernard Landry nous a rappelés vers 3h30 du matin (9h30 heure de Paris).

Si M. Parizeau était un grand homme aux yeux de M. Landry, il était aussi et surtout un grand économiste. Certainement le plus doué qu’il a connu. Venant d’un ancien ministre des finances, ce n’est pas peu dire. Celui «qui a donné la crédibilité économique» à René Lévesque possédait des «compétences économiques invraisemblables», d’applaudir M. Landry, citant notamment pour preuve le doctorat de M. Parizeau à la London School of Economics. «Il est le premier Québécois et Canadien à avoir accompli ce fait d’armes.»

Fait inusité que peu de gens connaissent et qui en dit long sur les liens unissant les deux anciens chefs de gouvernement, Jaques Parizeau et Bernard Landry ont obtenu leur carte de membre du Parti québécois le même jour, à l’été 1969.

La victoire du PQ à l’élection de 1976, que les deux hommes ont vécu côte à côte, «fut une aventure extraordinaire», rappelle M. Landry.

Mais en 2015, quelque 40 années plus tard et à l’âge vénérable de 84 ans, M. Parizeau croyait-il toujours à la souveraineté? «Comme moi, il applaudissait l’engagement de Pierre Karl Péladeau. Sans être le sauveur, Pierre Karl est celui qui fait renaître l’espoir», assure-t-il. D’ailleurs, les deux amis en ont récemment discuté au téléphone et se sont entendus sur ce point.

Lorsque questionné sur la célèbre citation de Parizeau de 1995, celle qui attribuait la défaite référendaire à l’argent et au vote ethnique, Bernard Landry juge que son ami a payé bien cher pour cette bourde: «L’interprétation était grossière, certes, mais pour l’argent, il avait raison et l’histoire nous l’a prouvé. Ce référendum, on se l’est fait voler, on se l’est fait arnaquer.»

Bien que MM. Parizeau et Landry ont tous deux occupé les postes de chef du PQ, ministre des Finances et premier ministre du Québec, ce qui aurait pu les placer en compétition en quelque sorte, ils n’ont jamais eu que du respect l’un envers l’autre. «J’ai vécu une grande partie de ma vie avec lui et j’en suis très choyé», de conclure celui qui a été premier ministre de mars 2001 à avril 2003.

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