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Une chasse aux phoques peu fructueuse cette année

SAINT-JEAN, T.-N.-L. – La chasse commerciale aux phoques a rapporté moins de 40 000 bêtes cette année dans l’est du pays, l’une des récoltes les moins fructueuses des dernières années, selon certains groupes.

Pêches et Océans Canada rapporte que 38 479 phoques du Groenland et 1143 phoques gris ont été chassés cette année, pour l’essentiel sur les côtes du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador. Des données qui représentent moins de 10 pour cent du quota de 400 000 bêtes imposé par le fédéral.

L’an dernier, quelque 55 000 phoques du Groenland avaient été tués. En 2013, la récolte avait avoisiné les 91 000 têtes.

À Terre-Neuve, c’est un prêt d’un million $ provenant du gouvernement provincial qui a permis au seul acheteur de la province, PhocaLux International Incorporated, de procéder à l’achat d’environ 35 000 phoques.

En entrevue, le directeur général de l’entreprise, Shannon Lewis, a affirmé que la demande pour les produits du phoque et pour sa fourrure est en hausse au Canada. Il a toutefois ajouté que l’industrie est touchée par le bannissement des importations de produits du phoque en Europe, aux États-Unis, au Mexique et dans d’autres pays.

«On sait que ça va prendre du temps afin de développer certains marchés et pour faire débloquer les restrictions au commerce international. Mais je crois qu’avec les médias sociaux, les gens sont de plus en plus au courant de ce que le phoque a à leur offrir et bientôt, le marché va se redresser», a-t-il ajouté.

PhocaLux était un nouveau joueur de l’industrie cette année et déjà, l’entreprise projette d’accroître sa capacité de traitement à son installation de Fleur de Lys, à Terre-Neuve.

L’autre principal acheteur de la province, Carino Processing, avait indiqué en avril qu’il détenait encore des inventaires invendus de peaux et qu’il achèterait uniquement de la viande de phoque cette année.

Les peaux de grande qualité étaient vendues environ 33 $ cette année, a indiqué le président de l’Association canadienne des chasseurs de phoques, Eldred Woodford.

«La demande est là, nous assurent certaines entreprises de transformation. Ils ont de la demande pour les produits du phoque, mais ils n’ont pas nécessairement accès aux marchés», a-t-il spécifié.

Depuis de nombreuses années, Ottawa soutient les efforts pour accroître les ventes de produits du phoque tant au Canada que dans certains marchés étrangers comme la Chine. Le gouvernement fédéral assure que la chasse commerciale est bien encadrée et qu’elle est une source de revenus vitale pour plusieurs communautés côtières et inuites.

Rebecca Aldworth, de la section canadienne de la Société internationale pour la protection des animaux, affirme que le nombre de phoques chassés cette année est le plus faible des 20 dernières années. Des données qui soulignent, selon elle, la nécessité de bannir graduellement cette chasse commerciale qu’elle qualifie de cruelle et d’inutile.

«La chasse aux phoques est une activité unique au cours de laquelle des animaux très très jeunes et sans défense sont frappés à mort dans un environnement qui est absolument non contrôlé, le nord-ouest de l’Atlantique», a-t-elle expliqué.

Les conditions extrêmes et souvent instables dans lesquelles les chasseurs travaillent font qu’ils ne peuvent pas toujours tuer les phoques de manière «humaine», a ajouté Mme Aldworth.

Elle remet également en question la nécessité de contrôler la population grandissante de phoques. «Les phoques mangent d’importants prédateurs de poissons qui ont une grande valeur commerciale», a-t-elle spécifié. «Si l’on réduit la population de phoques, il pourrait rapidement y avoir des conséquences imprévues et néfastes sur les populations de poissons vulnérables», croit-elle.

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