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Libre-échange: incertitudes sur les négociations

Alexander Panetta - La Presse Canadienne

WASHINGTON – Le Congrès américain a fait subir une cuisante défaite au président Barack Obama, vendredi, en refusant de lui déléguer des pouvoirs accrus en lien avec les négociations du Partenariat transpacifique. Ce revers laisse ainsi planer l’incertitude auprès des autres partenaires de l’accord de libre-échange — dont le Canada.

Le président Obama avait pourtant déployé des efforts titanesques pour que les élus entérinent une disposition de la loi qui lui permettrait d’accélérer les pourparlers. Lors d’une visite rare au Congrès, M. Obama avait tenté en vain de convaincre les représentants et les sénateurs de son propre parti. Or, ses alliés démocrates lui ont plutôt tourné le dos, suscitant l’inquiétude sur les suites de l’entente.

Selon un ancien négociateur canadien de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), ce refus a pour effet de repousser à beaucoup plus loin la conclusion d’une entente commerciale.

Gordon Ritchie affirme que les négociations de l’ALENA étaient devenues beaucoup plus fructueuses lorsque le président de l’époque, Ronald Reagan, s’était vu accorder ces nouveaux pouvoirs. Dans les mois précédents, les différents intervenants se rencontraient, mais les discussions piétinaient, a-t-il souligné lors d’un entretien avec La Presse Canadienne.

Lorsque le Congrès a permis à M. Reagan de négocier toutes les clauses de l’entente — les élus allaient pouvoir voter sur le produit final — les discussions ont connu un nouvel élan. En fait, cela avait permis aux négociateurs de s’attaquer aux dispositions les plus sensibles, qui étaient liées à l’époque aux mécanismes pour résoudre les litiges entre les gouvernements et les entreprises.

Cette fois-ci, il existe encore plusieurs points d’achoppement. Les Américains voudraient notamment que le Canada assouplisse sa réglementation sur les produits laitiers — ce que M. Ritchie encourage. Selon lui, un marché plus ouvert permettrait d’accroître l’innovation dans le secteur, mais aussi de diminuer les prix de ces produits auprès des Canadiens.

Il serait toutefois surprenant que les États-Unis prennent le risque de faire cette proposition. «Personne ne songerait à négocier avec une administration en sachant que tous les groupes d’intérêts imaginables pourraient formuler les demandes les plus exigeantes à leurs porte-voix du Congrès en vue d’une sorte de deuxième négociation», a lancé M. Ritchie.

Il rappelle que dans les années 1980, lors des discussions de l’ALENA, les États-Unis avaient demandé à ce que le Canada autorise la vente de poissons du Maine au Nouveau-Brunswick. Le Canada a refusé, et c’en était fini. Or, si M. Reagan avait dû soumettre la proposition au Congrès, elle aurait pu être bloquée par un représentant du Maine.

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