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Arcand: le climat politique n'a pas bougé

QUÉBEC – Rien n’a changé dans le climat politique québécois depuis 1980, estime le cinéaste Denys Arcand.

C’est ce qui explique pourquoi l’auteur du film «Le confort et l’indifférence» s’est progressivement désintéressé de la politique.

Il est persuadé qu’il pourrait refaire son documentaire aujourd’hui, et que le contenu serait sensiblement le même, avec ses citations de Machiavel, autour du thème du désenchantement des nationalistes québécois.

Mardi, en point de presse, en marge de la cérémonie de remise de l’Ordre national du Québec, au cours de laquelle il a reçu la plus haute distinction, soit celle de «Grand officier», M. Arcand a estimé que le discours politique des souverainistes et des fédéralistes avait bien peu évolué depuis le référendum sur la souveraineté de mai 1980.

Si bien que la politique a cessé d’être une source d’inspiration pour le célèbre cinéaste qui a réalisé «Le confort et l’indifférence» en 1981, pour rendre compte à sa manière de la défaite des souverainistes.

«La dernière fois que j’ai travaillé sur la situation politique du Québec c’était la campagne de 1980 et j’ai pas, depuis ce temps-là, vu de changement vraiment important, fondamental, dans le discours des deux camps. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis moins intéressé à la politique, même professionnellement, comme cinéaste», a commenté le réalisateur des «Invasions barbares» et du «Déclin de l’empire américain».

L’arrivée récente de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois ne semble pas l’impressionner davantage. «J’ai l’impression que c’est à peu près pareil», a-t-il dit, à propos des discours libéraux et péquistes passés ou présents.

L’argumentaire demeure le même dans les deux camps. «C’est toujours la même chose», selon lui, le discours ne se renouvelle pas.

Comme cinéaste, il a dit qu’il ne regrettait pas de ne pas avoir misé davantage sur une carrière internationale.

Michel Tremblay

Au total, 35 personnalités ont été promues mardi à l’Ordre national du Québec, la plus prestigieuse récompense attribuée par l’État québécois.

Parmi celles-ci, figurait le nom de l’écrivain Michel Tremblay, promu lui aussi au rang de Grand officier, au cours de cette cérémonie présidée par le premier ministre Philippe Couillard, au Salon rouge de l’Assemblée nationale.

M. Tremblay s’est montré plus intéressé que son collègue cinéaste à commenter les plus récents rebondissements du camp souverainiste, tout en se disant bien sceptique quant à la suite des choses.

«Entre l’excitation et le geste, il y a toujours malheureusement une grande différence», a-t-il dit à propos de l’arrivée dans le décor de Pierre Karl Péladeau et du retour au Bloc québécois de Gilles Duceppe.

«Pour le moment c’est excitant, parce qu’il y a des choses qui se passent. Mais c’est avec le temps qu’on va savoir ce qui va se passer», a dit l’auteur dramatique et romancier.

Malgré son impressionnante feuille de route, l’auteur des «Belles-Soeurs» ne se montre par ailleurs pas du tout intéressé à devenir un jour candidat à faire partie du club des Immortels de l’Académie française, comme c’est le cas depuis peu pour Dany Laferrière.

«Il n’y a rien qui m’intéresse moins au monde que l’Académie française. C’est du vieux monde ennuyant», selon lui.

Amis de longue date, Michel Tremblay et Denys Arcand sont nés le même jour, à un an de différence, et ont grandi dans le même quartier de Montréal.

M. Arcand, qui aura bientôt 74 ans, a parlé de la cérémonie de l’Ordre national du Québec comme d’un moment «de bonheur» privilégié offert à tous les deux «pour se souvenir de nos vies laborieuses».

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