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Le chef des Premières Nations appelle au vote

MONTRÉAL – Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations a appelé tous ses membres à se mobiliser et à aller voter aux élections fédérales prévues pour octobre afin d’améliorer leur sort.

Perry Bellegarde croit que les Autochtones peuvent influencer le résultat du scrutin dans au moins 51 circonscriptions.

Et selon le chef régional du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, cela inclut quelques circonscriptions au Québec.

Le chef Bellegarde a lancé son appel mardi matin lors de la réunion annuelle de l’Assemblée, qui se tient à Montréal jusqu’à jeudi.

Il croit que le moment est bon pour enfin réussir cette réconciliation tant attendue puisque les Autochtones ont capturé l’attention de la population lorsque le triste chapitre de l’histoire canadienne sur les pensionnats autochtones a été qualifié de «génocide culturel» dans le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation.

«Alors que des milliers de personnes braves ont partagé leurs expériences et raconté la vérité, les Canadiens se sont réveillés sur un chapitre de leur histoire qui doit être rappelé et jamais oublié», a dit M. Bellegarde aux leaders autochtones de partout au pays.

Les chefs des partis d’opposition, Thomas Mulcair du Nouveau Parti démocratique (NPD) et Justin Trudeau du Parti libéral y ont aussi prononcé un discours mardi.

Aucun membre du gouvernement conservateur n’assistait à l’événement.

Le discours du chef Bellegarde, récemment élu en décembre, se voulait un grand appel à l’action pour éliminer l’écart qui perdure entre les Autochtones et les Non-Autochtones.

Il est d’avis que malgré les excuses du fédéral et ses promesses pour améliorer les choses, aucun changement significatif n’a eu lieu.

Il a rappelé que les Premières Nations aspirent notamment à un réel partenariat, à un partage des ressources naturelles et souhaitent à avoir un mot à dire sur l’usage qu’est fait de leurs territoires ancestraux.

Il demande ainsi à tous les chefs d’aller chercher des appuis dans leurs communautés auprès des maires, des activistes, des entrepreneurs et des groupes religieux. Et de s’assurer que les membres de leurs bandes aient les pièces d’identité nécessaires pour aller voter.

«Je veux que nous mobilisions notre vote. Nous représentons un facteur important dans cette élections à venir», a lancé Perry Bellegarde.

Il se dit convaincu que les Canadiens veulent que leurs dirigeants politiques prennent les bonnes décisions pour mettre un terme aux dissensions avec les Premières Nations.

«Alors qu’ils pensent à leur avenir en cette année électorale, il est essentiel que nous stimulions leur imagination et que nous leur fassions prendre conscience de l’atout que des citoyens des Premières Nations forts et en bonne santé constituera pour ce pays», a-t-il fait valoir.

Il promet de son côté de tout faire pour influencer les plateformes des partis fédéraux.

Mulcair et Trudeau

Et les chefs des partis d’opposition présents n’ont pas manqué cette occasion pour tenter de faire le plein de votes: ils ont fait tomber une pluie de promesses sur les Premières Nations. Et M. Mulcair, tout comme M. Trudeau, a critiqué les politiques et l’inaction du premier ministre Stephen Harper, souvent sous les applaudissements des centaines de représentants autochtones présents.

Les deux leaders ont fait de nombreuses promesses identiques.

Comme celle de renouveler la relation entre le fédéral et les Autochtones, ce que les néo-démocrates appellent «relation de nation à nation». Les chefs promettent aussi de lancer une commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées, et de réellement améliorer la situation de l’éducation.

«Il est intolérable qu’un pays riche comme le Canada investisse moins pour les enfants autochtones que pour les autres enfants», a insisté M. Mulcair.

S’il est élu, le chef néo-démocrate a de plus promis de créer un comité du Cabinet, présidé par lui-même, dont le rôle sera d’assurer que toutes les décisions du gouvernement respectent les droits issus de traités et les obligations internationales du Canada.

«Une nouvelle ère doit débuter», a-t-il martelé.

De son côté, le Parti libéral annonce entre autres son intention, s’il devient le gouvernement, de faire une grande revue de toutes les lois imposées aux Autochtones par le gouvernement Harper.

«Et aussi, nous allons offrir du nouveau financement substantiel pour vous permettre de promouvoir, de préserver et de mettre en valeur les langues et les cultures indigènes. Pour moi, cela est essentiel», a lancé Justin Trudeau.

Les Autochtones présents ont souvent applaudi lors des promesses, mais gardaient un certain scepticisme.

«Ils font toujours beaucoup de promesses qu’ils oublient une fois qu’ils sont élus», a commenté Terry Lavallee de la Saskatchewan, après les discours des chefs fédéraux.

Il croit toutefois que pour avoir un interlocuteur valable à Ottawa, les membres des Premières Nations doivent déposer leur bulletin de vote au scrutin fédéral. Et mettre de côté leur réticence à voter «dans l’élection d’une autre nation».

«On doit voter en bloc, d’une seule voix», a-t-il fait valoir, pour que les Premières Nations aient une réelle influence, «Comme les syndicats».

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