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Climat: Al Gore confiant dans l'entreprise privée

TORONTO – L’ancien vice-président américain Al Gore et l’ancien président mexicain Felipe Calderon ont martelé, jeudi, que la lutte contre les changements climatiques stimulera l’économie mondiale, quoiqu’en disent certains opposants qui craignent que l’abandon des énergies fossiles menace les marchés.

Au deuxième et dernier jour du Sommet des Amériques sur le climat, à Toronto, organisé par le gouvernement de l’Ontario, les deux anciens leaders ont tenté de contredire la notion selon laquelle il faut absolument choisir entre économie et environnement.

«On voit dans certains États fédérés ou provinces une réduction des émissions (de gaz carbonique) en même temps qu’une croissance de l’économie, comme en Colombie-Britannique, en Californie, au Québec ou en Ontario», a indiqué M. Gore à la centaine de délégués invités personnellement à entendre son allocution.

Felipe Calderon, aujourd’hui président de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, a renchéri en rappelant que la Suède, par exemple, avait connu une croissance économique de plus de 50 pour cent tout en réduisant de près de 25 pour cent ses émissions de gaz carbonique par rapport à 1990.

«Pour la première fois en 40 ans, le PIB à l’échelle mondiale a augmenté de près de trois pour cent alors que les émissions n’ont pas augmenté — autrement dit, nous avons commencé à « décarboniser » la croissance économique», s’est réjoui M. Calderon, en citant des chiffres de son organisme international.

Selon l’ancien président mexicain, les sociétés doivent modifier radicalement leurs façons de faire, notamment en délaissant les énergies fossiles, en stoppant la déforestation, en bâtissant de meilleures cités et en modernisant les infrastructures pour les rendre plus écologiques.

Énergie renouvelable moins chère

Plus tôt jeudi, dans une allocution au ton résolument optimiste, M. Gore avait soutenu que les entreprises seront en fait sur la ligne de front dans la lutte contre les changements climatiques. L’ex-numéro deux du navire-amiral du capitalisme mondial a ainsi rappelé que plus les coûts de l’énergie sont bas, plus les entreprises dégagent des profits d’exploitation qui servent à financer leurs activités. Or, les prix de l’énergie renouvelable baissent beaucoup plus rapidement que prévu, parce que ce secteur est en pleine croissance, s’est réjoui M. Gore.

Le conférencier émérite avait divisé son allocution en trois chapitres, comme autant de questions fondamentales: «Devons-nous changer?», «Pouvons-nous changer?» et «Allons-nous changer?».

À la première question, il a rappelé que «99 pour cent de la Californie est frappée par la sécheresse, tout comme les Antilles, et que l’ouest du Canada et des États-Unis est aux prises avec de très nombreux incendies de forêt».

«N’est-il pas frappant de constater que soir après soir, pendant le téléjournal, on se croirait dans le livre de l’Apocalypse?», a-t-il lancé.

M. Gore a quand même admis que le passage à une économie plus verte exigera beaucoup d’efforts. Mais ces initiatives créeront aussi «des emplois, beaucoup d’emplois», a-t-il estimé.

À l’issue de la conférence de Toronto, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, son homologue de l’Ontario, Kathleen Wynne, et 20 autres leaders d’États infranationaux ont signé un engagement commun en faveur de la tarification du carbone, de la transparence et du respect des ententes sur les réductions de gaz à effet de serre. Terre-Neuve-et-Labrador, le Manitoba, la Californie et le Vermont ont aussi adhéré à cette Déclaration sur les actions en changements climatiques, tout comme plusieurs régions du Mexique et du Brésil.

«De plus en plus de juridictions expriment leur volonté de fixer un prix sur le carbone, notamment par l’adhésion à des mécanismes déjà existants», a indiqué M. Couillard, une allusion sans doute à la bourse du carbone mise en place par le Québec et la Californie. «En route vers la Conférence de Paris en décembre prochain, le Sommet de Toronto nous permet de bénéficier d’une conjoncture extrêmement favorable à l’essor de tels projets.»

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques doit conclure à Paris un accord global sur le climat pour la période post-2020, lorsque les accords de Kyoto de 1997 prendront fin.

Le premier ministre Couillard avait par ailleurs signé, mercredi, un protocole d’entente pour se joindre à la Californie, l’Ontario et d’autres États fédérés dans un plan qui engage les parties sur des cibles «très ambitieuses», a-t-il dit: maintenir le réchauffement climatique à deux degrés Celsius ou moins d’ici 2050.

La cible de réduction des émissions de GES pour le Québec est de 20 pour cent sous le niveau de 1990, d’ici 2020. Sa nouvelle cible pour la période post-2020 sera fixée à la suite d’une commission parlementaire prévue cet automne.

Les leaders du Québec, de l’Ontario et de la Californie avaient aussi pressé mercredi leur gouvernement fédéral respectif à collaborer avec eux dans la lutte contre le réchauffement de la planète. La ministre fédérale de l’Environnement, Leona Aglukkaq, n’a pas participé au Sommet de Toronto.

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