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Critiquer publiquement Lisa Raitt, un risque?

TORONTO – En constatant les tensions qui ont récemment éclaté entre les travailleurs d’Air Canada et la ministre fédérale du Travail, Jim Gallant s’est souvenu du jour où il avait publiquement critiqué Lisa Raitt.

Pour avoir osé lui dire sa façon de penser, le travailleur de Postes Canada soutient qu’il a reçu la visite de deux agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à son bureau.

Il s’en est peut-être mieux tiré que les trois employés d’Air Canada, qui ont été suspendus temporairement, la semaine dernière, après avoir conspué la ministre à l’aéroport Pearson de Toronto.

D’après Jim Gallant, ces réactions sont des exemples éloquents du climat d’intimidation qui règne au ministère fédéral du Travail et au sein du gouvernement Harper.

En revanche, les spécialistes en matière de sécurité et la GRC estiment que tout cela fait partie des procédures normales.

M. Gallant, âgé de 41 ans, qui est agent des griefs depuis 23 ans au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, assistait en octobre dernier à une partie de hockey au centre Air Canada, à Toronto, lorsqu’il a vu la ministre dans un couloir de l’amphithéâtre.

«Nous avions reçu l’ordre de rentrer au travail un peu plus tôt au courant de l’année, et j’ai saisi l’occasion pour lui témoigner mon dégoût face à l’intervention gouvernementale dans mon milieu de travail», a relaté le résidant d’Halifax.

«Elle était très préoccupée du fait que je m’immisce dans sa vie privée, et je lui ai répondu qu’elle s’était elle-même immiscée dans ma vie privée et qu’elle allait entendre parler de moi.»

Jim Gallant signale que lors de ce tête-à-tête, il a directement accusé Lisa Raitt d’avoir menti au Sénat et à la Chambre des communes en expliquant pourquoi les employés des Postes devaient être contraints à rentrer au boulot. La ministre avait plaidé que la situation économique fragile du pays justifiait l’adoption de la loi spéciale visant à forcer le retour au travail des employés de Postes Canada.

L’échange du 29 octobre a duré environ deux minutes, a-t-il précisé.

«Elle s’est éloignée de moi très rapidement. Je ne l’ai pas poursuivie, mais j’ai haussé le ton afin qu’elle puisse m’entendre.»

Ce sont les employés du centre Air Canada qui l’ont freiné dans son élan. Ils lui ont demandé de s’arrêter et ont confisqué son billet.

Environ deux mois plus tard, deux agents de la GRC ont frappé à la porte du bureau de Jim Gallant afin de discuter de l’incident.

«Je leur ai dit que je ne voulais pas discuter avec eux, explique-t-il. Je ne savais pas comment ils avaient réussi à me retracer, mais ensuite, j’ai réalisé que j’avais payé mon billet avec ma carte de crédit.»

La porte-parole de Lisa Raitt, Ashley Kelahear, affirme qu’elle ne peut discuter des questions entourant la sécurité de la ministre.

Un porte-parole de Ressources humaines et Développement des compétences Canada a confirmé que l’incident avait été signalé à la police.

D’après les policiers et des spécialistes, la visite d’agents de la GRC au bureau de Jim Gallant s’inscrit dans le cadre normal des activités policières.

Des politiciens signalent régulièrement des incidents qui ne se produisent pas directement dans le cadre de leurs fonctions, selon l’expert en sécurité Chris Mathers, un ancien policier de la GRC. Documenter ces événements est toujours prudent, plaide-t-il.

Le sergent Greg Cox, de la GRC, n’a pas voulu commenter le dossier de Jim Gallant en particulier, mais il fait valoir que l’entretien qui s’est déroulé à son bureau n’avait rien d’inhabituel. «À chaque fois que nous recevons une plainte, on cherche à obtenir la version de l’autre personne, dit-il. C’est un travail policier de base, peu importe qui est impliqué.»

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