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Complot contre Via: schizophrénie et toxicomanie?

TORONTO – L’un des deux hommes reconnus coupables de complot pour faire dérailler un train de Via Rail a été expulsé du tribunal, mardi, lorsqu’il a dénoncé la thèse de schizophrénie soutenue devant lui pendant l’audience pour la détermination de la peine.

Dans son évaluation psychiatrique de l’inculpé exigée par le tribunal, la docteure Lisa Ramshaw a soutenu que les pensées délirantes de Chiheb Esseghaier s’étaient développées au fil du temps, et même tout au cours du procès. La psychiatre a ainsi estimé qu’Esseghaier ne se voit pas comme un criminel mais plutôt comme un visiteur au tribunal, venu apporter à la cour ses lumières sur les voies véritables de l’islam.

Ces assertions n’ont pas eu l’heur de plaire à Chiheb Esseghaier, qui s’est couché au fond du banc des accusés au milieu du témoignage. Interpellé par le juge, Esseghaier a expliqué, furieux, qu’il s’était couché par terre pour ne plus entendre «les mensonges de cette femme».

Le juge Michael Code a alors estimé qu’en vertu de la loi, on ne peut considérer que l’inculpé est présent au tribunal s’il est couché et dort, et il a demandé aux agents de faire sortir Esseghaier de la salle d’audience.

C’est le juge qui avait exigé une évaluation psychiatrique, en mai dernier, lorsque Esseghaier a expliqué au tribunal qu’il avait été créé par Dieu «pour prévenir l’humanité» que si elle n’observait pas les préceptes du Coran, elle subirait «les feux de l’enfer». Esseghaier avait d’ailleurs refusé de prendre une part active à ce procès, souhaitant être jugé selon les préceptes du Coran, pas selon la loi des hommes.

Raed Jaser et Chiheb Esseghaier ont été reconnus coupables par un juré sous plusieurs chefs d’accusations, en mars dernier, pour avoir comploté dans le but de faire dérailler un train de passagers entre New York et Toronto, au profit d’un groupe terroriste. Ils risquent la prison à vie pour le seul chef de complot en vue de commettre un meurtre dans une affaire de terrorisme. Le juge à leur procès entend depuis lundi matin, au palais de justice de Toronto, des témoignages et observations avant de déterminer la peine à imposer aux deux hommes.

Jaser toxicomane?

Plus tôt mardi matin, la Couronne avait continué à miner la crédibilité du psychologue qui soutenait la veille que le deuxième inculpé dans cette affaire, Raed Jaser, n’avait pas été motivé par l’islamisme mais plutôt par la toxicomanie, un élément tout à fait inédit au procès.

Le docteur Jess Ghannam, psychologue agréé et professeur de psychiatrie à l’Université de Californie à San Francisco, soutient que Jaser, résident permanent d’origine palestinienne, s’était créé une image d’homme très pieux dans le seul but de tromper la communauté musulmane afin de pouvoir continuer à consommer de la drogue.

À la demande de la défense, le professeur Ghannam a mené des entrevues avec les parents, le frère, l’épouse et la belle-soeur de Jaser, âgé de 37 ans. Le psychologue a conclu qu’il ne présentait pas d’«idéologie islamiste cohérente» et qu’il n’avait aucune intention de blesser qui que ce soit.

Mardi, le procureur de la Couronne, Croft Michaelson, a mis en doute l’objectivité du psychologue Ghannam dans cette affaire, l’accusant de triturer les faits pour qu’ils finissent par accréditer sa thèse. «Avant même de terminer votre rapport, vous aviez déjà conclu que Jaser était un toxicomane», a soutenu Me Michaelson.

La Couronne a aussi accusé le professeur Ghannam d’avoir ignoré des tests diagnostiques qui démontraient que Jaser ne présentait pas beaucoup de détresse psychologique pour un toxicomane. Le psychologue a répondu que ces tests ne constituent qu’un des outils de son évaluation.

Il n’a jamais été question de cette toxicomanie lors du procès. L’avocat de Jaser a plaidé que son client faisait mine d’être intéressé au complot terroriste dans le seul but de soutirer de l’argent à ses deux complices — Esseghaier et un agent d’infiltration de la police fédérale américaine (FBI).

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