Soutenez

Une coalition avec les libéraux envisagée par un député du NPD

Steve Lambert et Geordon Omand - La Presse Canadienne

L’influent député néo-démocrate Nathan Cullen affirme que s’il le faut, le Nouveau Parti démocratique (NPD) est prêt à former une coalition avec le Parti libéral dans le but de réussir à évincer les conservateurs, mais Justin Trudeau a aussitôt écarté de nouveau ce scénario.

Le député de Skeena-Bulkley-Valley, en Colombie-Britannique, indiquait mercredi en entrevue que l’objectif du NPD est bien sûr de remporter une majorité aux élections fédérales d’octobre prochain, mais que sa priorité numéro un est de se débarrasser des conservateurs, au pouvoir à Ottawa depuis près de 10 ans.

Selon lui, le ras-le-bol à l’égard des conservateurs est aussi palpable chez les Canadiens qui votent libéral que chez d’autres électeurs.

De passage à Winnipeg, jeudi, Justin Trudeau a aussitôt rejeté ce scénario, comme il l’a toujours fait dans le passé. Le chef libéral ne croit pas qu’il serait dans l’intérêt des Canadiens de «réduire leur choix lors du scrutin», et il estime que les programmes des deux partis sont trop différents pour songer à une «coalition formelle» contre les conservateurs.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a rappelé de son côté, jeudi, que le NPD avait toujours visé d’abord et avant tout la défaite des conservateurs, mais que Justin Trudeau avait toujours fermé la porte à une coalition.

M. Trudeau a souvent rejeté l’hypothèse de coalition dans le passé mais plus tôt cette année, il a admis qu’il pourrait y songer si Thomas Mulcair n’était pas leader néo-démocrate.

Jeudi, il a cité des éléments sur lesquels «on est en désaccord fondamental avec le NPD: que ce soit au niveau de la croissance économique, ou leur désir de continuer à s’assurer que les Canadiens les mieux nantis reçoivent beaucoup de bénéfices, et leur désir de rendre ça plus facile que le Québec se sépare du Canada».

L’idée de coalition avait été sérieusement évoquée à la fin de 2008 par le NPD, le PLC et le Bloc québécois. La gouverneure générale Michaëlle Jean avait cependant prorogé le Parlement jusqu’à l’année suivante, à la demande du premier ministre Stephen Harper, qui évitait ainsi un vote de non-confiance au Parlement et le déclenchement d’élections générales.

Peu de temps après, le PLC remplaçait Stéphane Dion par un nouveau chef, Michael Ignatieff, qui s’est ensuite retiré de la coalition et a finalement appuyé le budget du ministre conservateur des Finances, ce qui avait permis la survie du gouvernement Harper. Les libéraux répugnaient alors de faire alliance avec des souverainistes, même si le Bloc québécois n’aurait pas fait partie du gouvernement de coalition à proprement parler.

«Le NPD était prêt à nommer Stéphane Dion premier ministre, a rappelé M. Mulcair, jeudi, pendant sa tournée en Ontario. Les libéraux avaient conclu une entente, ils l’ont rompue, et sept ans plus tard, on est encore pris avec les conservateurs de Stephen Harper.»

Le député Cullen croit que les libéraux ont à ce moment-là «perdu leur sang-froid et commis une grave erreur», et que «Justin Trudeau s’aliénera beaucoup d’électeurs progressistes s’il souhaite envisager la possibilité même d’un autre gouvernement conservateur».

Quelques années plus tard, c’est M. Mulcair qui refusait toute idée de coalition avec les libéraux, alors en déroute. Il a depuis laissé entendre que ce qu’il avait écarté alors, c’était l’idée d’une collaboration avec les libéraux pendant la campagne, et non d’un gouvernement de coalition.

Les gouvernements de coalition sont relativement courants dans d’autres démocraties parlementaires, comme en Allemagne, mais sont beaucoup moins fréquents au Canada, où le système uninominal majoritaire à un tour favorise la formation de gouvernements majoritaires — qui n’ont donc pas besoin des appuis de députés adverses pour faire adopter leurs projets de loi et leurs budgets.

Selon Nathan Cullen, qui siège depuis 11 ans, la soif de changement des Canadiens sera suffisante pour les pousser vers un aménagement politique moins familier. «Les Canadiens récompenseront les partis politiques prêts à travailler ensemble, au nom de l’intérêt national», a-t-il soutenu.

Les élections générales doivent avoir lieu le 19 octobre, en vertu de la loi sur les scrutins à date fixe. Par contre, il revient au premier ministre de déterminer la durée de la campagne proprement dite — et donc du moment où les dépenses électorales doivent commencer à être comptabilisées.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.