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Suicide assisté: un député veut susciter le débat

OTTAWA — Le député conservateur Steven Fletcher espère susciter un débat sur un sujet que les chefs politiques semblent déterminés à éviter durant la campagne électorale fédérale.

Le député de Winnipeg publie un nouveau livre en plein milieu de la campagne fédérale, qui raconte son propre combat, soit celui de vivre avec un handicap majeur et ses tentatives pour forcer le Parlement à se pencher sur le sujet potentiellement explosif du suicide médicalement assisté.

Il affirme que le moment de la publication du livre est accidentel – sa sortie a été retardée et les élections fédérales ont été déclenchées plus tôt que prévu.

Néanmoins, la sortie vendredi du livre «Master of My Fate» («Maître de mon destin»), écrit avec l’aide de l’ancienne ministre manitobaine Linda McIntosh, remet l’enjeu sous les projecteurs et M. Fletcher espère qu’il suscitera un dialogue.

Mais peut-être pas auprès des politiciens.

Ils ont déjà abdiqué leur responsabilité, ignorant les tentatives de M. Fletcher de présenter des projets de loi d’initiative parlementaire à ce sujet, préférant laisser à la Cour suprême le rôle ingrat dans cette affaire.

En février, le plus haut tribunal du pays a aboli l’interdiction du suicide médicalement assisté et a donné au gouvernement fédéral 12 mois pour rédiger une nouvelle loi qui reconnaîtrait le droit des adultes clairement consentants, qui endurent des douleurs physiques ou mentales intolérables, d’obtenir de l’aide médicale pour mettre fin à leur vie.

Depuis, les leaders des partis se traînent les pieds. Le gouvernement Harper a attendu jusqu’à la mi-juillet pour mettre en place un comité de trois personnes qui a pour mandat d’entreprendre des consultations à ce sujet, avec instruction de présenter un rapport à la fin de l’automne — après le scrutin du 19 octobre.

Le ministre de la Justice Peter MacKay a reconnu qu’une nouvelle loi ne pourrait être en vigueur avant l’échéance du 6 février 2016 imposé par la Cour suprême, et le prochain gouvernement élu devra demander une extension.

M. Fletcher prédit que le résultat le plus probable est qu’il n’y aura pas de nouvelle loi fédérale et que les gouvernements provinciaux devront mettre en place leurs propres lois et protocoles pour réglementer l’aide à mourir.

Conséquemment, il n’est pas particulièrement gêné d’essayer de lancer un débat parmi les leaders politiques durant la campagne fédérale.

Il est plus intéressé à générer des discussions au sein des familles, pour que les Canadiens réfléchissent à la fin de leur vie et informent les membres de leur famille au sujet de leurs volontés, surtout s’il devait leur arriver quelque chose soudainement — comme ce fut le cas pour lui.

M. Fletcher a dû confronter cette question plus d’une fois. La première en 1996, lorsqu’une collision avec un orignal l’a laissé paralysé à partir du cou, et l’a ainsi forcé à accepter la réalité que le «corps qu’il habitait — le corps qui était trop fort pour mourir — ne lui serait en même temps d’aucune aide pour aider la mort à venir le chercher», a-t-il écrit dans son livre.

Il a fait face à cette situation à nouveau en 2012, lorsque la tige de métal qui rattachait sa tête à sa colonne vertébrale s’est déplacée, requérant une dangereuse opération. Il avait fait savoir à ses médecins que si quelque chose n’allait pas durant l’opération, il ne voulait pas que des mesures extraordinaires soient prises pour le maintenir en vie.

«En fin de compte, cela ne devrait pas être une décision du gouvernement. Cela devrait être une décision individuelle et les Canadiens devraient parler à leurs proches pour faire connaître leurs volontés», a-t-il dit en entrevue.

Il incite les Canadiens à profiter de la campagne électorale en cours pour parler aux candidats de ce sujet et leur demander de prendre position.

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