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Nombreuses bévues de candidats sur les réseaux sociaux, malgré le contrôle des partis

Photo: Archives Métro

OTTAWA — Propos haineux, commentaires misogynes, références nazies ou anti-Israël, photos promouvant un parti rival: les faux pas de candidats aux élections fédérales ont déferlé sur les réseaux sociaux depuis le début de la campagne électorale.

Les partis fédéraux encadrent pourtant plus que jamais leurs candidats. Ils scrutent en profondeur le passé de leurs porte-couleurs et établissent des lignes de conduite claires pour l’utilisation des médias sociaux.

Mais force est admettre que des candidats – tous partis confondus – passent entre les mailles du filet. Et que leurs dérapages ont souvent raison de leur candidature.

Depuis le début août, la liste est assez longue. Au Parti conservateur, le candidat dans Hochelaga, Augustin Ali Kitoko, s’est vu montrer la porte après qu’on eut trouvé sur son compte Facebook des photos du chef néo-démocrate Thomas Mulcair.

Chez les libéraux, la jeune candidate dans Calgary Nose Hill, Ala Buzreba, a remis sa démission pour des commentaires assez crus datant d’il y a plus de quatre ans sur son fil Twitter.

Un candidat néo-démocrate en Nouvelle-Écosse, Morgan Wheeldon, a dû céder sa place pour avoir soutenu sur son compte Facebook qu’Israël s’adonnait à un «nettoyage ethnique».

À cela s’ajoute le départ du candidat conservateur dans Rosemont–La Petite-Patrie, Gilles Guibord, pour ses commentaires jugés sexistes sur le site internet du Journal de Montréal.

Deux autres candidats conservateurs du Québec ont fait les manchettes pour des commentaires douteux sur leur compte Facebook. Soheil Eid, dans Joliette, a établi un parallèle entre le soi-disant double discours de M. Mulcair sur les oléoducs et la propagande nazie. Wiliam Moughrabi, dans Ahuntsic, a dû effacer des entrées violentes et misogynes. Les deux demeurent, du moins pour l’instant, candidats.

Enfin, la bloquiste VirJiny Provost, dans Mégantic-L’Érable, en a fait sourciller plus d’un pour avoir écrit sur un site internet qu’en cas d’attaque nucléaire, elle amènerait avec elle son «cell, un pénis, ben des chips».

Immense volume
La liste des bévues s’allongera inévitablement, puisqu’il reste encore sept semaines à cette campagne-marathon.

Pourtant, les partis déploient plus de ressources que jamais dans l’utilisation des médias sociaux et sont tous très conscients des pièges.

«Les partis, depuis cinq ans – depuis l’arrivée de Twitter – ont développé des outils de formation et des chartes d’utilisation des médias sociaux qu’ils imposent à leurs candidats», note Thierry Giasson, politologue à l’Université Laval.

Or le volume de candidats est tellement élevé que nécessairement, certains cas se faufilent, explique le chercheur. Avec 338 circonscriptions et trois grands partis, cela fait plus de 1000 individus qui sont scrutés à la loupe. À cela s’ajoutent aussi les candidats de plus petites formations politiques, comme le Bloc québécois ou le Parti vert.

Selon M. Giasson, les candidats ne commettent pas plus de faux-pas qu’auparavant – mais ils sont davantage scrutés. Par les journalistes, dont la surveillance des médias sociaux fait désormais partie des tâches, et surtout, par les partis adverses.

Car tous les partis politiques ont des cellules de recherche sur l’opposition. Quand un candidat se lance dans la mêlée, les médias sociaux constituent un terrain de fouilles de choix pour ces cellules avides de déclarations embarrassantes.

«Quatre ans se sont passés depuis les dernières élections fédérales. Il y a beaucoup plus de gens sur les médias sociaux, plus de médias sociaux différents, plus de « posts », indique un organisateur d’un des grands partis fédéraux. Il y aussi beaucoup plus de fébrilité, d’intensité. La lutte est plus serrée. Tout le monde cherche une façon d’affaiblir son adversaire. Et les médias sociaux sont un bon endroit.»

Les partis encouragent leurs candidats à se faire aussi présents que possible sur internet, mais ils leur rappellent régulièrement de respecter certaines balises.

«On leur demande de se tourner la langue deux fois avant de mettre quelque chose en ligne, de se rappeler qu’ils sont désormais des personnalités publiques», souligne un autre organisateur.

Les partis veulent surtout éviter que les déboires des candidats fassent déraper la campagne du chef.

«Vous êtes le candidat de Saint-Clin-Clin, vous faites un « tweet », eh bien à un moment donné, la question peut se ramasser au chef, signale une source d’un autre parti. Tu peux passer un jour ou deux à parler de ça au lieu de parler de tes enjeux.»

Munitions
Les électeurs qui s’amusent des bévues des candidats doivent retenir une date: le 28 septembre, date limite du dépôt des candidatures. À partir de cette date, plus possible pour les formations politiques de remplacer un maladroit. Un organisateur confie que les partis conservent des munitions et attendent cette date pour lancer leurs bombes.

Dans ce contexte où chaque photo et chaque déclaration est scrutée, comment éviter le triomphe de la rectitude politique?

Trop tard, note M. Giasson. «On est dans la communication très encadrée, très balisée, très contrôlée, indépendamment des principes fondamentaux des médias sociaux qui eux sont plus ancrés dans le dialogue, dans l’ouverture, dans l’échange. Ce n’est pas l’usage que les partis politiques en font et que les candidats des partis politiques peuvent en faire», dit-il.

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