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Le chef de l'APN appelle au vote mais il n'ira pas

OTTAWA — L’Assemblée des Premières Nations (APN) presse les Autochtones de se rendre aux urnes lors du scrutin du 19 octobre, où leur vote pourrait être déterminant dans 51 circonscriptions, estime l’organisation. Mais le grand chef Perry Bellegarde, lui, n’ira pas voter, ce qui saborde un peu l’appel aux urnes lancé par l’APN.

M. Bellegarde dit qu’il n’a jamais voté lors d’un scrutin fédéral parce qu’il occupait des postes de leadership au sein des Premières Nations et qu’il souhaitait préserver une apparence d’impartialité. Mais plus encore, il affirme qu’il voulait ainsi suivre la recommandation d’aînés autochtones, qui estiment que dans le cadre de traités, la Couronne a contracté des obligations envers les Premières Nations qui doivent être honorées peu importe le parti au pouvoir.

«Par respect pour ces aînés, je crois que c’est pour cela que je n’ai pas voté, a-t-il admis en conférence de presse, à Ottawa. C’est un choix tout à fait personnel.»

Cette position est partagée par certains membres des Premières Nations au Canada, et peut expliquer, en partie du moins, les taux de participation anémiques dans ces communautés. Selon Élections Canada, le taux moyen de participation sur les réserves des Premières Nations en 2011 a atteint 44 pour cent, contre 61 pour cent dans la population en général.

Le chef de l’APN reconnaît que son «choix personnel» nuit aux efforts de son organisation pour «faire sortir le vote» le 19 octobre. En conférence de presse, il a d’ailleurs promis de réfléchir là-dessus. Mais plus tard en entrevue, il a réitéré son argument d’«impartialité».

Pourtant, il a admis que les relations houleuses des Premières Nations avec le gouvernement conservateur de Stephen Harper avaient été «inutilement antagonistes», et il a qualifié de «bonnes bases» de discussion les programmes néo-démocrate et libéral.

M. Bellegarde tenait une conférence de presse mercredi pour présenter les demandes de l’APN aux partis politiques: financement accru en éducation, en formation professionnelle, en aide à l’enfance, en soins de santé et en services policiers, mise sur pied d’une commission nationale d’enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues, et stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes.

«Les Premières Nations représentent un facteur important de ces élections. Notre voix compte, nos priorités comptent, et nos votes comptent», a soutenu le chef Bellegarde. Selon lui, il est important de faire sortir le vote autochtone, «parce que si vous vous présentez pour devenir député et que vous savez pertinemment que les Autochtones ne votent pas, allez-vous vous préoccuper de leurs besoins?».

M. Bellegarde croit que les Autochtones pourraient être cette fois plus nombreux à aller voter, notamment grâce aux médias sociaux, efficaces auprès des jeunes, et de l’éducation populaire dispensée notamment par l’APN.

L’organisme a notamment envoyé à tous les chefs des guides de l’électeur, afin de s’assurer que tous connaissent les nouvelles dispositions de la loi relatives à l’identification.

Dans sa nouvelle Loi sur l’intégrité des élections, le gouvernement conservateur a prévu que chaque électeur devrait dorénavant présenter deux pièces d’identité, dont l’une avec une adresse de résidence. Or, il n’existe parfois pas d’adresses dans les réserves. L’APN propose aux chefs de signer une confirmation de résidence pour les électeurs des réserves qui n’ont pas d’adresse formelle.

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