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Utiliser l'armée canadienne pour les réfugiés?

OTTAWA — Les néo-démocrates proposent d’utiliser l’armée canadienne comme un moyen d’accélérer l’évacuation des réfugiés syriens — un exercice bien intentionné, mais logistiquement complexe et potentiellement coûteux, selon des experts.

Thomas Mulcair a lancé cette idée plus tôt cette semaine à Montréal.

«Des gens dans cette situation désespérée ne devraient pas avoir à tomber dans une trappe bureaucratique où on leur demande de produire des documents d’identification. Comme si on avait le temps de renouveler notre permis de conduire quand on traverse le désert avec notre famille», a-t-il ironisé mardi.

«Il faut prendre cela en considération. Envoyer plus de gens sur le terrain serait une bonne idée et, évidemment, nous pourrions utiliser des ressources militaires pour commencer à évacuer les réfugiés plus rapidement. Mais tout cela commence par un désir politique, et M. Harper n’a démontré aucune volonté d’accueillir un plus grand nombre de réfugiés syriens plus rapidement au Canada», a-t-il soutenu.

Le concept n’est pas sans précédent, après la relocalisation de 5500 réfugiés du Kosovo en 1999 et l’évacuation de milliers de citoyens canadiens du Liban en 2006 et d’Haïti en 2010.

Des groupes de défense des droits humains utilisent d’ailleurs comme exemple la crise des Balkans pour convaincre le Canada des mesures extraordinaires qu’il pourrait prendre pour les Syriens.

Les plus récentes évacuations de citoyens canadiens du Liban et d’Haïti offrent des paramètres importants. Selon des documents internes du fédéral, les mesures au Liban ont coûté 100 millions $ aux contribuables.

Des experts en évacuation de réfugiés et d’expatriés affirment que de telles opérations demandent une très grande coordination avec la communauté internationale et notent qu’il y a également d’importantes considérations de santé publique auxquelles il faut tenir compte au lendemain de ce type d’opération.

Dans le cas du Kosovo, les réfugiés ont été transportés par avion au Canada et hébergés dans des bases militaires. Le même type de plan serait probablement nécessaire si l’idée du NPD était appliquée.

Des chercheurs et des organisateurs, interviewés dans le cadre d’une analyse réalisée en 2005, ont souligné que les échéanciers serrés ont généré de la confusion dans la préparation des infrastructures devant accueillir un grand nombre de personnes du Kosovo dans une très courte période de temps. La plupart des gens se sentaient «dépassés», ont-ils dit.

Une autre analyse sur les cas du Liban et d’Haïti, réalisée en 2011 pour le Collège militaire royal du Canada, concluait que les évacuations de civils soulèvent une foule de questions «diplomatiques délicates» et d’enjeux de sécurité avant le début de l’opération. Beaucoup de travail de préparation doit être fait par les ambassades canadiennes.

Le danger, selon le colonel à la retraite George Petrolekas, est que le Canada s’humilie et rende la vie des réfugiés encore plus misérable. Pour bien faire les choses, une équipe de pointe de responsables militaires, diplomatiques, de la santé, de la sécurité et de l’immigration devrait rapidement être assemblée et formée, a-t-il ajouté.

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