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Québec lance son plan d'action environnemental

Marie-Michèle Sioui, Annik Chainey - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Québec investira 2,7 milliards en huit ans pour favoriser la transition vers une économie «verte» dans le cadre de son Plan d’action sur les changements climatiques (PACC 2020), et il fera également un pas de plus dans son projet d’instauration du marché du carbone.

La province est sur le point de signer une entente avec la Californie afin que les entreprises québécoises et californiennes puissent échanger des crédits entre elles sur le jeune marché de la Western Climate Initiative, qui vise à développer un marché du carbone nord-américain.

Le marché du carbone doit entrer en vigueur au Québec le 1er janvier 2013.

En compagnie du premier ministre Jean Charest, entre autres, le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, a présenté dimanche le PACC 2020 et la stratégie gouvernementale d’adaptation aux changements climatiques qui l’accompagne.

Le plan a identifié 30 priorités d’actions, notamment dans le domaine de la mobilité durable, de l’aménagement du territoire et de l’énergie, des secteurs où le Québec peut réaliser des gains significatifs en termes de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES), selon le gouvernement.

Le secteur des transports y occupe une place fondamentale. M. Arcand a expliqué que le gouvernement souhaite apporter des améliorations dans les transports collectifs en se dotant de nouveaux wagons de métro et en améliorant le service, par exemple.

Et si les villes de Montréal et Québec sont ciblées, celles de Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières et Jonquière le sont également, puisque le plan touche les sociétés de transport «de la plupart des régions du Québec», pour reprendre les mots de M. Arcand.

Le ministre se félicite à ce sujet de l’augmentation de l’offre de service dans les transports en commun, car il dit qu’elle s’est accrue de 23 pour cent entre 2006 et 2011.

La performance environnementale dans le transport des marchandises est également concernée par ce que M. Arcand appelle un «effort concerté pour continuer à réduire les gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques».

Des programmes incitatifs sont prévus pour encourager l’achat de véhicules hybrides, électriques ou à faible consommation d’essence, tout comme des mesures d’incitation pour des programmes de conversion des appareils — réfrigérateurs et foyers, notamment — aux énergies renouvelables.

Certaines entreprises qui ont fait des investissements dans la lutte aux GES avant 2007 recevront quant à elles des crédits compensatoires.

Le gouvernement prévoit que le financement du PACC 2020 sera assuré par un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de GES, aussi appelé marché du carbone.

Dans un tel marché, les entreprises peuvent s’échanger les crédits de gré à gré, sans transiger par une bourse.

Questionné sur la contribution des industries qui viendront au Québec dans le cadre du Plan Nord, M. Arcand n’a pas caché que certaines entreprises aideront au financement de son plan environnemental.

«Dans le plan actuellement, tel qu’il est conçu, ceux qui vont être appelés à participer à ce marché du carbone sont les grands émetteurs de GES, donc il y a peut-être quelques entreprises dans le Grand Nord, mais c’est aussi une centaine d’entreprises au Québec dans les secteurs de l’aluminium et des pâtes et papiers qui y participeront», a-t-il dit.

Réactions diverses

L’accueil réservé au PACC 2020 par les groupes écologiques a été plutôt mitigé.

Dans un communiqué conjoint, Équiterre et la Fondation David Suzuki ont reconnu que le plan proposait plusieurs pistes intéressantes, mais ont estimé qu’il était incomplet.

Ils ont notamment salué la participation du Québec au marché du carbone et le fait que les deux tiers du financement du PACC 2020 seraient consacrés au développement du transport collectif.

Mais les deux organismes ont souligné que le ministère des Transports n’avait pas de cible précise et qu’il était illogique qu’il reçoive de l’argent du Fonds vert pour réaliser des projets de transport en commun tout en continuant d’investir dans le développement d’autoroutes.

Selon Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, le plan ne permettra pas au gouvernement de diminuer suffisamment les émissions de GES de la province pour atteindre la cible de -20 pour cent par rapport à 1990.

De leur côté, l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Greenpeace au Québec et Nature Québec ont déclaré être dans l’ensemble déçus du PACC 2020.

Ces trois organisations soutiennent que l’incohérence du gouvernement dans le dossier de l’environnement risque de nuire à l’application du plan.

«Il apparaît ironique que, d’un côté, le ministre de l’Environnement tente de réduire l’empreinte du Québec sur le climat alors que, de l’autre, celui des Ressources naturelles prévoit une expansion massive de l’exploitation industrielle des écosystèmes du Nord et un plongeon vertigineux vers les énergies sales comme le gaz de schiste et le pétrole», a dénoncé Nicole Mainville de Greenpeace dans un communiqué.

Elles ont exhorté les collègues de Pierre Arcand à se ranger derrière lui plutôt que de lui «barrer la route».

Pour sa part, la Fédération québécoise des municipalités (FMQ) a réagi favorablement au PACC 2020, affirmant être heureuse de voir que le ministre Arcand avait tenu ses promesses en reconnaissant le rôle primordial des municipalités dans les efforts pour préserver l’environnement.

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