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Des cataclysmes guettent les Québécois

Photo: Jacques Boissinot/The Canadian Press
Patrice Bergeron et Julien Arsenault - La Presse Canadienne

QUÉBEC – S’il concède que l’objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) sera «très difficile» à atteindre, le premier ministre Philippe Couillard estime que le «temps presse» et que demeurer les bras croisés pourrait coûter encore plus cher.

D’ici 2030, Québec espère réduire de 37,7% ses émissions de GES par rapport au seuil de 1990, ce qui, selon M. Couillard, aura des conséquences sur les transports ainsi que l’efficacité énergétique des bâtiments construits, a-t-il reconnu, jeudi, à Montréal, où il participait à une annonce.

En conférence de presse, il a rejeté du revers de la main les critiques de certains groupes selon lesquels l’objectif actuel de la province ne permettrait pas d’atteindre la cible de réduction des émissions d’au moins 80% en 2050.

«Déjà 37% va être difficile, a dit M. Couillard, en rappelant qu’il s’agissait de la cible la plus ambitieuse au pays. L’erreur opposée à ne pas faire serait de ne pas avoir un objectif ambitieux. Il faut trouver l’équilibre entre l’ambition et une cible démesurée.»

Le gouvernement doit établir ses objectifs en vue de la conférence sur le climat de Paris en décembre, où les États doivent convenir de leurs plans pour la période après 2020. Il entend dépenser pas moins de 3,3 milliards $ pour décarboniser le Québec, diminuer la pollution atmosphérique générée par les entreprises, les municipalités et les citoyens.

Accompagné entre autres de son ministre de l’Environnement, David Heurtel, M. Couillard a dit ne pas voir de contradiction entre la volonté de réduire les émissions de GES et le penchant favorable de son gouvernement à l’égard de certains projets liés aux énergies fossiles, comme le développement de la filière du gaz naturel liquéfié.

Plus tôt, à l’Assemblée nationale, M. Heurtel avait prévenu que des «changements cataclysmiques» guettaient les Québécois s’ils ne modifient pas leurs habitudes afin de justifier les cibles de réduction de GES. Il a lui aussi a concédé que l’objectif «pose des défis considérables» au dire même du comité qui l’a fixé, mais qu’il pourrait toutefois être revu à la baisse au terme des consultations de cet automne.

M. Heurtel a martelé qu’il y avait «urgence d’agir» et que tous devront mettre l’épaule à la roue dans les changements à venir.

«Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le dit clairement: si nous permettons un changement climatique au-delà de 2° d’ici à 2050, on parle de changements cataclysmiques pour toute la planète. Toutes nos façons d’exister vont être remises en question, on parle d’impacts sur l’eau, notre santé, notre nourriture, notre territoire. Cela a déjà commencé. On ressent les effets au Québec», a dit le ministre.

M. Heurtel «hésite» à parler de «sacrifices» à venir imposés aux Québécois par la coercition. La conversion vers une économie plus propre créera selon lui des occasions de développement économique.

«Changer nos habitudes, parfois, c’est bénéfique. Prenez un fumeur, il change ses habitudes, ce n’est pas un sacrifice. Il améliore sa qualité de vie. C’est ce qu’on fait. En se donnant une cible de réduction des gaz à effet de serre, on veut améliorer notre santé», a-t-il dit.

Toutefois, il est clair que «le plus difficile reste à faire», a ajouté M. Heurtel, parce que les efforts à venir seront plus exigeants que ceux qui ont déjà pu être faits depuis 2006. Les transports, la construction et l’aménagement urbain seront particulièrement visés, a-t-il évoqué.

Le comité-conseil sur les changements climatiques qui a été mis en place pour arriver à la cible reconnaît lui-même qu’elle est élevée, tout en ajoutant qu’elle est réaliste.

«Je crois qu’on va me dire que c’est une cible très ambitieuse qui pose des défis considérables pour tous les secteurs de l’économie», a déclaré Hélène Lauzon, membre du comité, et présidente du Conseil patronal de l’environnement du Québec.

Le gouvernement propose la cible de 37,5% pour les consultations qui se tiendront cet automne, mais au terme de l’exercice, elle pourrait être revue à la baisse.

«On veut aller de l’avant, mais on va d’abord écouter la société civile avant de finaliser», a précisé le ministre.

L’opposition officielle a pour sa part mis en doute les objectifs du gouvernement. Le porte-parole péquiste en matière d’environnement, Mathieu Traversy, a critiqué l’adhésion des libéraux à la Stratégie canadienne de l’énergie, qui mise notamment sur les sables bitumineux de l’Alberta.

«Quelle crédibilité ont les libéraux en matière d’environnement? À cause d’eux, le Québec n’a pas atteint la cible du Protocole de Kyoto. Nous visions une réduction moyenne de 6 pour cent des émissions entre 2008 et 2012, mais celles-ci n’ont diminué que de 4,2 pour cent», a fait valoir M. Traversy par voie de communiqué.

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