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PTP: Craintes sur la gestion de l'offre

OTTAWA – Les producteurs de lait et de volaille retiennent leur souffle devant la conclusion qui semble imminente du Partenariat transpacifique (PTP), tout en espérant que leur industrie sera épargnée.

Même si des membres du gouvernement conservateur — le député sortant de Beauce, Maxime Bernier, en tête — leur ont promis que le système de gestion de l’offre ne serait pas mis en péril par la conclusion de l’accord, les agriculteurs préfèrent le voir pour le croire.

Lors du débat des chefs portant sur l’économie, jeudi, Stephen Harper a indiqué que les négociations pour la création d’une zone de libre-échange englobant 12 pays entraient dans leurs «dernières étapes». Il a servi un avertissement à l’industrie automobile, admettant qu’elle n’allait pas «nécessairement tout aimer là-dedans».

En point de presse à Calgary vendredi, il a précisé qu’évidemment, il y aurait des «compromis», mais que le gouvernement assurerait «la protection de nos secteurs».

«Je crois qu’il y aura un nouveau réseau international commercial sur la région Asie-Pacifique. C’est important pour tous nos secteurs que nous fassions partie de ça», a insisté le premier ministre sortant.

Si l’industrie automobile pourrait souffrir de la conclusion de l’accord, les producteurs de lait, d’oeufs et de volaille craignent eux aussi d’être sacrifiés sur l’autel du libre-échange.

La directrice des communications des Producteurs laitiers du Canada, Isabelle Bouchard, signale que parmi les pays participant aux rondes de négociations, plusieurs aimeraient pénétrer le marché canadien du lait.

«La Nouvelle-Zélande, les États-Unis, l’Australie ont été très vocaux sur la question», rappelle Mme Bouchard.

«Tant que l’accord n’est pas signé et tant que le marché du lait n’est pas exclu de l’entente, on ne peut pas prendre pour acquis que ce ne sera pas là», ajoute-t-elle.

Depuis le début de la campagne, son regroupement a envoyé des courriels à tous les candidats de tous les partis à la grandeur du pays pour les sensibiliser à sa cause.

En pleine campagne électorale, le dossier est bien sûr politique, mais également économique, note le directeur exécutif des Producteurs de poulet du Canada, Mike Dungate.

«Les industries de la volaille, des oeufs et du lait font une grande contribution à l’économie canadienne», affirme-t-il, soit 28 milliards $ par année et plus de 300 000 emplois à travers le pays.

M. Dungate se dit confiant de voir un accord conclu qui ne soit pas défavorable à son industrie, même s’il admet être «toujours sur (ses) gardes».

Une étude commandée par Agropur en juillet dernier révélait que l’abolition intégrale du système de gestion de l’offre pourrait faire perdre 24 000 emplois directs au pays dans l’industrie du lait uniquement. Le Québec serait particulièrement touché, puisqu’il compte 5900 des 11 960 fermes laitières du pays.

«Si tu mets en péril l’activité économique des producteurs laitiers, les provinces du Québec et de l’Ontario vont manquer d’air», plaide Mme Bouchard.

Aspect politique

En entrevue, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a jugé bien mou l’engagement du gouvernement conservateur et de ses autres adversaires politiques en la matière.

«J’aimerais ça que MM. Mulcair, Trudeau et Harper soient clairs et disent: « on ne signera pas cette entente si la gestion de l’offre est touchée ». Aussi simple que ça. C’est facile à dire», a-t-il lancé.

«Le fait qu’ils ne le disent pas, ça veut dire qu’ils ne s’engagent pas. S’ils ne s’engagent pas, c’est inquiétant», a-t-il ajouté.

Pourtant, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair n’a laissé planer aucun doute vendredi sur sa position: on doit protéger le système actuel.

«Il faut absolument, lors de la négociation de cette entente transpacifique, qu’on protège la gestion de l’offre, parce qu’on a des agriculteurs à travers le Canada qui sont très préoccupés, a-t-il affirmé à Regina. J’ai demandé à M. Harper — je l’ai sommé — de dire clairement qu’il va protéger intégralement notre système de gestion de l’offre et il refuse de le dire. Donc, il y a lieu d’être inquiet.»

Même s’il n’a pas été interrogé spécifiquement sur la question de la gestion de l’offre vendredi, le chef libéral Justin Trudeau a tout de même déploré l’opacité du processus de négociation de l’accord.

«La réalité est qu’on ne sait pas ce que ce gouvernement est en train de faire, parce qu’encore une fois, il préfère tout faire dans le secret et l’opacité», a-t-il soutenu lors de son passage à Montréal.

Les discussions pour le PTP regroupent 12 pays, dont le Canada, les États-Unis, l’Australie et le Japon, mais pas la Chine. Cela représente une zone 800 millions de personnes et pas moins de 40 pour cent de l’économie mondiale.

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